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Les "Rossini" A: Trieste-Thonon (2002) A: Antibes-Thonon (2003)P: Thonon-Venise (2005) P: Antibes-Thonon (2006)
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RANDONNÉE PRÉALPINE DE ROSSINI DE THONON À VENISE
PAR DES ROUTES SUPERBES, SAUVAGES ET SPORTIVES

medailleCette randonnée cycliste organisée par Georges Rossini adhérent des Cyclos Randonneurs Thononais est une épreuve ouverte à tout cyclotouriste sans obligation de date, de temps ou de vitesse moyenne. Georges Rossini a choisi ces routes pour parcourir l’arc alpin Antibes-Thonon-Venise ou Antibes-Thonon-Trieste en franchissant un maximum de cols sur les 4 itinéraires établis : 2 randonnées alpines (Antibes-Thonon et Trieste-Thonon) et 2 randonnées préalpines (Venise-Thonon et Antibes-Thonon). Avant cette randonnée préalpine, Jean-Pierre et moi avons fait les 2 randonnées alpines en 2002 et 2003 et avons ainsi franchi plusieurs grands cols mythiques de plus de 2000 m dans les Dolomites et en France. Mises bout à bout, ces 2 randonnées représentent environ 2000 Km, soit 90 cols dont une trentaine de plus de 2000 m. Les routes empruntées sont souvent aussi jolies que sportives. On apprécie d’autant mieux les paysages qu’on les a mérités.

L’itinéraire de la préalpine Thonon-Venise prévoit 1200 Km environ que nous envisageons de faire en 12 ou 13 étapes pour se réserver quelques jours à Venise. JP ne dispose que de 2 semaines plus 2 jours. Nous devons donc chaque jour faire en moyenne une centaine de Km et grimper 2000 m de dénivelé. Nous n’avons réservé aucun hébergement, nous le ferons en fonction de nos étapes. Nous savons par expérience qu’à deux, il n’est pas trop difficile de trouver à se loger dans ces régions du Nord de l’Italie même en juillet.

Lundi 4 juillet - de Thonon à Orsières

depart a velo
Jean-Pierre et Henri, devant l'hôtel "À l'Ombre des Marronniers"

Après avoir pointé à l'Hôtel des Marronniers nos cartes de route (# 0), nous quittons Thonon un peu avant 8h le lundi 4 juillet en direction d'Évian et roulons le long du lac Léman jusqu’à la frontière Suisse à St Gingolf. De là, une piste cyclable longe le Rhône jusqu’à Martigny, pied du col du Grand St Bernard. L’orage qui grondait amène avec lui de gros nuages qui se déversent et ralentissent notre progression. Des éclaircies très courtes alternent avec les averses et, dans la montée très raide qui va de Martigny au col et au lac de Champex (626 m), la pluie finit de nous tremper. A Champex, premier pointage (# 1) sur nos cartes de route de la randonnée. Sur les indications de Claudine, la boulangère, nous poursuivons notre chemin et redescendons vers Orsières, où nous rejoignons la route qui monte au col du Grand St Bernard. Là, nous nous arrêtons à l’hôtel Terminus, en face de la gare, terminus du train typique qui vient de Martigny. Sur chaque voiture, on voit une peinture ancienne représentant une file de moines qui descendent à ski depuis le monastère du col. Le patron, qui connaît bien Claudine, peut nous accueillir, mais l'hôtel est déjà bien rempli avec un groupe de cyclistes vététistes: des jeunes espoirs suisses. On se serrera.

Mardi 5 juillet – de Orsières à Brusson

Jean-Pierre et Henri au col du Gd St Bernard
Les bâtiments aux murailles épaisses de l’ancien monastère ont été transformés en hôtel, restaurant, bar et magasins de souvenirs

Nous avons au programme, le passage du Col du Grand St Bernard (2469 m). Depuis Orsières, il nous faudra environ 3h pour finir de le monter. La route n’est pas trop pentue, mais 28 Km nous séparent du sommet où il a encore neigé ce matin. Le vent est glacial. Les derniers kilomètres, après l'extrémité du tunnel routier, se font par l'ancienne route, plus étroite et sans voitures pas loin du chemin d'autrefois où les chiens saint-bernard retrouvaient les voyageurs égarés dans le froid et la neige. Au col, là où sont passés avant nous Hannibal et Napoléon, les bâtiments aux murailles épaisses de l’ancien monastère ont été transformés en hôtel, restaurant, bar et magasins de souvenirs. Un petit lac aux eaux bleu-vert agrémente ce paysage sévère. Pour reprendre des forces, nous commandons un potage et une assiette de pâtes au beurre avant de repartir bien couverts pour la descente.

Au milieu de la descente, juste après avoir rejoint la route qui vient du tunnel, Rossini nous fait quitter la route principale par la gauche et nous rejoignons un peu au jugé Valpelline, confluent des rivières Buthier et Valpelline qui drainent le versant Sud du Grand Combin et d'autres grands sommets plus à l'Est. Nous gagnons Aoste, le pied du col, par une petite route de la rive gauche, face à la route nationale. De là, nous descendons le val d'Aoste, au Sud de cette série mythique de sommets de plus de 4000 mètres, par des petites routes charmantes qui ne servent qu'aux riverains (les autres n’ont qu’à prendre l’autoroute ou la nationale) et passons Chatillon, pied de la route qui monte au mont Cervin. Nous quittons le val d'Aoste à St Vincent pour rejoindre, par le col de Joux, la vallée de l'Evançon qui draine les eaux des monts Breithorn, Castor et Pollux.

Au milieu de l’après-midi, nous faisons une pause sandwich (panini) juste avant le col de Joux (1640 m). Les paysages sont jolis, c’est la saison des foins. Nous ne nous attardons pas. Nous sommes exténués et affamés. Les hôtels du sommet sont fermés. Il nous faut prendre la descente jusqu'à Brusson, dans la vallée de l'Evançon, second pointage (# 2) sur nos cartes de route. Là, nous nous arrêtons au premier hôtel à l'entrée du village.

Mercredi 6 juillet – de Brusson à San Giovanni Battista

Pont Romain sur le Lys
Juste en dessous du pont où l'ancienne voie romaine franchit la rivière Lys

Nous démarrons par une belle et longue descente le long de l'Evançon, rejoignons le val d'Aoste et poursuivons sa descente jusqu’à Pont St Martin. Là, nous faisons une pause-café avec un Bomboloni (le gâteau Basque de Toscane) juste en dessous du pont où l'ancienne voie romaine franchit la rivière Lys. Nous poursuivons la descente, maintenant plein Sud, jusqu’à Séttimo Vittone. Là, nous quittons le val d'Aoste pour remonter d'environ 600 m, plein Est. Nous arrivons à Andrate à l’heure du pique-nique et sieste, juste avant le valico di Crocce Serra, et redescendons, toujours plein Est, jusqu'à Biella Superiore.

De Biella, la vallée du Cervo nous fait remonter progressivement, plein Nord, vers des zones de moins en moins habitées. Nous décidons de chercher un hôtel à partir de 17h. Le premier est complet. Un groupe d’autochtones nous informe que si nous faisons un petit diverticule de 3 Km en montée (100 m plus haut) en prenant l'ancien chemin des pèlerins qui vient de Biella à et va tout en haut de la vallée à Piedicavallo, par le sanctuaire d'Oropa, nous trouverons au sanctuaire de San Giovanni Battista un établissement qui accueille les pèlerins, et les autres aussi. Nous choisissons cette solution, une pluie d’orage nous prend un Km avant d’arriver et nous trempe sérieusement.

Le sanctuaire, construit au 19e siècle, est très tranquille dans l'air calme qui suit l'orage du soir. Après avoir passé le porche d'entrée étroit mais imposant dans l'aile Nord, une vaste cour intérieure en terrasse, 10 m au-dessus du terrain naturel, s'ouvre à nous. Elle surplombe toute la vallée et on devine au loin vers l'Est notre route de demain vers le col de Broschetto di Sessera, de l'autre coté de la vallée. La vue y est superbe en dépit de la pluie qui n'a pas cessé. L'aile Ouest a été partiellement aménagée en hôtel de bon standing avec bar et restaurant et gîte pour pèlerins. Au Sud, la cloche de l’église adossée à la muraille verticale qui referme la cour égrène heures et ½ heures. Jean-Pierre y achète un sweat-shirt à leurs couleurs: 200 g de plus à porter dans les sacoches pendant le reste de la randonnée.

Jeudi 7 juillet – de San Giovanni Battista à Cittiglio

Lorsque la cloche sonne les 8h, nous nous engageons dans la descente de San Giovanni et retrouvons en bas notre route: une route complètement isolée qui monte au col de Brochetto di Sessera (1382 m) 11 Km plus loin, puis nous mène à Bielmonte. Il fait frais et la pente est régulière, nous avons une dénivellation de 500 m à franchir pour arriver au col. La vue y est superbe. Deux Km plus loin, Bielmonte est une toute petite station avec un seul hôtel-restaurant-bar. Nous y faisons notre troisième pointage (# 3). Ensuite nous enchaînons 7 ou 8 brochetta (petits cols) en descente vers Trivero. La route est assez sauvage et très jolie. C'est le pays des hortensias, d'un bleu très pur. Nous apercevons en dessous de nous des vallées et des monts aux sommets garnis de villages sertis dans un écrin de verdure.

le colosse de San Carlone
Colosse de San Cardone, statue immense d'un puissant ecclésiastique du 17e siècle, cardinal de Milan et natif d’Arona

À Borgosesia, dans la vallée de la Sessia qui monte vers Domodossola, nous croisons notre train du retour, mais nous l'ignorons encore. Après les courses du pique-nique, nous attaquons la montée vers le Colle Della Cremosina (599 m). À la sortie du tunnel qui passe sous le col, une petite maison en ruine dont la façade porte une vigne en pergola est un endroit agréable et tranquille pour manger et se reposer. Grâce au téléphone portable, nous apprenons que Londres a été retenue pour les prochains jeux olympiques et que plusieurs attentats y ont eu lieu aujourd’hui dans le métro et le bus. On ne connaît, pour l’instant, ni l’étendue des dégâts ni le nombre de victimes. Comme nous nous sentons loin de ces événements et coupés du monde, sans information. Après avoir pris un café à Gozzano, nous tâtonnons pour suivre sans perdre d'altitude la bonne route dans les petits bourgs perchés à flanc de montagne au-dessus d’Arona, tout au Sud du lac Majeur. Nous finissons par arriver, en descente, au colosse de San Cardone, statue immense perchée au-dessus du lac d'un puissant ecclésiastique du 17e siècle, cardinal de Milan et natif d’Arona.

Nous voici au bord du Lac Majeur, nous le contournons par le Sud, mais la route reste un peu à l’écart du lac et les belles propriétés bien protégées nous empêchent souvent d’apercevoir les eaux. Nous avons une trentaine de Km à remonter vers le Nord pour atteindre Laveno, un petit port au bord du lac d'où part le bac vers Verbania, en Suisse. À Laveno, croisons brièvement le chemin de la randonnée Auzet-Smith de l'été 2001 et quittons le lac pour aller vers l’Ouest jusqu’à Cittiglio d'où nous attaquerons, de biais, la montée par la route vers la Sella della Casere (749 m), col situé à la verticale de Laveno par un sentier de montagne, Cittiglio sera notre étape de ce soir.

Vendredi 8 juillet – de Cittiglio à Zelbio

Chapelle au toit de lauze
Un petit coin de paradis avec une charmante petite chapelle au toit de lauzes

Il a fait chaud et lourd pendant la nuit. Par ailleurs, les bruits de la route nationale d’un côté et du chemin de fer de l’autre ont perturbé notre sommeil. Peu importe, nous prenons le petit-déjeuner à 7h15, vélos chargés. Dès le démarrage, nous commençons à grimper, raide, avec quelques belles vues sur le lac. Nous suivons une petite route ombragée, dans la fraîcheur matinale, c’est idéal pour monter. Nous pointons (# 4) à Sella Dell Casere (750 m). Nous pouvons admirer la vue vers Laveno en bas et le lac Majeur avec le promontoire de Verbania juste en face de nous. Nous sommes sur un col, mais nous continuons à grimper sous la ligne de crête face au lac Majeur, sur une route ombragée dans les bois à flanc de montagne. Arrivés au Passo Di Cuvignone (1036 m), nous enchaînons alors le long de la même crête deux autres cols en descente avec quelques plats et des petites montées. Le dernier col de cette série, le Passo San Michele (890 m), est un petit coin de paradis avec une charmante petite chapelle au toit de lauzes et le resto Del Alpe où nous prenons, avec un peu d’avance, notre déjeuner. La jauge de carburant est très bas et le restaurateur nous a compris: sans se faire prier, il nous propose un supplément de charcuterie de montagne.

Après être redescendu à 250 m dans la vallée qui mène, plein Sud, à Varese, nous entamons une nouvelle montée vers le col de Forcorella (767 m). Il fait chaud et lourd et, malgré l’ombre des arbres, nous transpirons abondamment. En haut, l’endroit est propice pour faire une sieste avant de descendre enfin au bord Sud-Ouest du lac de Lugano (273 m). Longeant vers l'Est la rive Sud du lac, nous entrons à Morcote dans une enclave Suisse. Un petit ravitaillement dégusté au bord du lac est un instant de bonheur et de détente avant de quitter le lac de Lugano et repartir en descente vers Côme, à l'extrémité Sud-Ouest du lac de Côme (201 m). Nous roulons pendant un bon moment dans la circulation urbaine. Côme est une jolie ville balnéaire. Nous admirons les beaux hôtels, les belles demeures, le port, et nous remontons vers le Nord le long de la rive Est du bras Ouest du lac. La route est en surplomb, sinueuse et en montagnes russes. Le temps nous paraît interminable pour atteindre Nesso, à 20 Km seulement de Côme. À Nesso, commence la montée vers le col Piano Del Tivano (976 m) et Colma Del Piano (1124 m). Jean-Pierre a réussi à réserver par téléphone un hôtel à Zelbio, 8 Km après Nesso et ses interminables lacets au-dessus du lac dans la montée du col. Nous espérons ainsi pouvoir passer une nuit tranquille et fraîche. La pente assez forte nous fait encore mouiller le maillot. À l’étape le repas est copieux et délicieux.

Samedi 9 juillet – de Zelbio à Brembilla

Au cours de la nuit, nous avons entendu la pluie tomber de façon abondante et, ce samedi à 6h30, ça continue. Il faut se bousculer pour se mettre en route. La lessive de la veille est sèche. Petit-déjeuner, préparation des vélos, règlement et c’est parti. Nous poussons nos vélos sous la pluie de l’hôtel jusqu’à la route qui continue à monter jusqu’au col Piano Del Tivano (976 m). Nous l'atteignons après ½ heure environ. A l’hôtel du plan del Tivano où nous allons pointer nos cartes de route (# 5), nous rencontrons un groupe d’une douzaine de marcheurs de Côme qui font, par une randonnée pédestre de plusieurs jours dans la région, le tour du lac de Côme. Nous échangeons des informations sur nos itinéraires. Ils admirent nos vélos chargés comme des mules.

Nous avons encore 150 m à monter pour arriver au col Colma Del Piano (1124 m). Passage en descente par le célèbre Mur de Sormano: un raidillon avec une pente presque verticale à 25% célèbre dans le tour d'Italie. Nous contournons le mur et descendons par la route: inutile de faire un soleil autour de nos roues avant. Ensuite c’est la descente vers l’autre bras (Ouest) du lac de Côme, que nous atteignons à Onno. La descente vers le lac est splendide, la route est étroite et en surplomb.

Nous suivons le lac sur une route assez plate en direction du Sud jusqu’à Lecco puis nous reprenons la montagne vers la vallée Valsassina (qui débouche sur le lac plus au Sud, à Bellano). Des motards nous font des signes encourageants car la montée vers le Colle di Balisio (723 m) est rude. Vers midi, nous préférons le restaurant au pique-nique car il fait frais. A Barzio, enfin dans le Valsassina, nous trouvons le Sporting Club qui peut nous accueillir. Dans la salle à manger, nous sommes surpris de constater que la clientèle est âgée. C’est le restaurant d’une maison de retraite. Peu importe, nous mangeons correctement et nous aurons, en prime, des indications fort utiles du chef cuisinier, cycliste à ses heures, pour rejoindre notre route sans perdre d'altitude et continuer à grimper vers le col San Pietro (1254 m) tout en haut du Valsassina. La pluie nous prend au cours de la montée, elle tombe abondamment et ne cessera que dans la descente. La route est sauvage, étroite, très pentue avec peu de circulation.

Nous roulons ensuite dans un paysage austère verdoyant sur des petites routes tranquilles. Il nous reste un col sans difficulté à franchir (Forcella di Bura, 884 m) pour atteindre en descente notre étape de Brembilla. Sur les indications d’un autochtone, nous quittons le parcours à Gerosa, piquons sur l'autre versant par des routes mal cartographiées vers Biello et Berbenno et arrivons ainsi directement du haut à l‘hôtel La Rua au-dessus de Brembilla: un bel établissement disposant d’une grande salle de 350 m² très utilisée pour les mariages. Le jardin qui l’entoure est vaste, très bien décoré et parfaitement entretenu. Nous pointons là nos cartes de route (# 6).

Dimanche 10 juillet – de Brembilla à Borno

Paysage de col
Quelques instants d'admiration avant de s'engager dans la descente

Il a plu toute la nuit, mais ce matin la pluie s’est arrêtée et le ciel est gris. Le patron nous sert le petit-déjeuner, il ramasse tous les morceaux de pain de la veille pour nous rassasier. Nous quittons l’hôtel en descendant vers le centre de Brembilla. Nous aurions dû remonter cette côte si nous n’avions pas été conseillés par l’instituteur rencontré dans un virage à Gerosa. Nous descendons vers Bergame et, arrivés dans la vallée à Ponte di Sedrina, la remontons sur notre gauche vers San Pellegrino. Nous longeons l’usine d’embouteillage. Nous traversons la ville pour éviter un tunnel assez long qu’emprunte la circulation automobile. Rapidement, à la sortie de la ville, nous partons sur la droite vers la montagne et la pente se redresse. Nous devons grimper de 330 m à 1240 m. Nous passerons à Dossena un charmant bourg à 990 m. Dans ces villages que nous traversons nous sommes souvent accompagnés du son des cloches qui sonnent en carillon pour appeler les fidèles à l’office du dimanche. À Dossena, après quelques photos au-dessus des nuages, nous prenons un bon chocolat au lait avant de repartir vers le Passo Della Crocetta (1051 m) pour redescendre à 926 m et remonter vers le Colle Di Zambia (1238 m). Dans la descente, nous nous arrêtons pour déjeuner dans un restaurant, mais il y a du monde et le service traîne en longueur. Pendant que nous sommes à table, il tombe quelques gouttes sans suite. Après plus d’une heure d’arrêt, nous repartons en descente avec l’objectif de faire une petite sieste. Ce que nous ferons dans un abribus sur des bancs assez longs pour permettre de nous allonger. Les 20’ de repos font le plus grand bien avant d’attaquer le grand col suivant, avec un dénivelé de 450 m. Au cours de cette montée au col Passo Della Presolana, (1297 m), nous serons sous l’orage. Après une demi-heure de montée, la pluie cesse et, en arrivant au col, nous dégustons un chocolat chaud et pointons nos cartes de route (# 7) avant de redescendre les pentes à trois chevrons qui dévalent vers le vallon encaissé de Dezzo di Scalve (740 m) que nous devons simplement traverser.

Il nous faudra ensuite, pour sortir de cette vallée, remonter de près de 400 m jusqu'au Valico Della Croce Di Salven (1109 m) qui nous fait quitter la province de Bergame. La fatigue se fait sentir et nous trouvons un petit hôtel familial à Borno. Le dîner est excellent, le cuisinier et le personnel sont sympathiques et prennent soin de nous.

Lundi 11 juillet – de Borno à Tiarno di Sopra

Nous avons bien dormi au rythme des heures égrenées par le clocher voisin. Nous sommes les premiers dans la salle à manger du petit-déjeuner et les patrons font le maxi pour nous approvisionner. Nous quittons les lieux vers 8h, les hôteliers sont bien sympathiques. Après la fin de descente vers Breno, la route monte sérieusement vers l'Est avec des rampes très raides entrecoupées de passages plus roulants, il fait chaud. Finalement, il suffit de prendre son rythme, nous roulons chacun de notre côté sans chercher à nous synchroniser. Vers la mi-pente, nous trouvons une auberge qui nous prépare une soupe minestrone accompagnée de quelques biscuits secs et d’un litre d’eau gazeuse. Il y a des sources minérales, sur cette route célèbre du tour d'Italie qui mène au col mythique du Passo Di Croce Domini (1892 m). Les clients, sur la terrasse, s’intéressent à notre voyage mais ils doivent nous prendre pour des fous de choisir de telles difficultés. Nous sommes pourtant profondément heureux de ces petits exploits répétés qui nous font progresser de 100 Km chaque jour et nous permettent d’admirer des paysages sauvages et grandioses que nous n’aurions jamais vus si Rossini ne les avait pas choisis.

Au passo di Croce Domini (1892 m), nous quittons la route bitumée qui redescend vers l'Est et prenons à la place, plein Sud, le chemin muletier de crête qui monte vers le Refuge Bonardi. C’est une piste de chasseurs de cols, qui nous fait passer par 7 cols à plus de 2000 m. L’endroit est désertique: il n’est fréquenté que par quelques rares 4x4. Nous apercevons parfois une cabane de berger à l’écart mais peu de troupeaux. À 14 h, nous pique-niquons au col Del Dosso Dei Galli ( 2103 m) près d’un observatoire qui ressemble, selon Jean-Pierre, à un radio-téléscope, mais plus petit que celui de Nançay.

Jean-Pierre passe l'éboulement de roches
Nous portons vélos et sacoches sur quelques dizaines de mètres pour franchir l’éboulement

Puis c’est la descente vers le refuge Bonardi. Il est en pleine transformation pour devenir plus commercial et n’est pas ouvert au public pendant les travaux. Heureusement, un peu plus bas, au Passeo del Maniva (1664 m), passage de la route qui va de Collio à Bagolino, quelques restaurants peuvent nous permettre de tamponner nos cartes. Il pleut: ce sont des averses orageuses qui nous empêchent de voir l’ensemble de la vallée. Au pointage, l’hôtelier nous confirme, juste en face, le départ du chemin muletier très sauvage, taillé à flanc de montagne, que nous devons emprunter. Nous voilà partis. Quelques centaines de mètres plus loin, un éboulement de rochers a coupé la route dont une partie s’est effondrée. C’est impressionnant. Nous portons vélos et sacoches sur quelques dizaines de mètres pour franchir l’éboulement. Il pleut toujours et les rochers au-dessus de nous semblent vouloir tomber d’un moment à l’autre. Vite fuyons. La route, parfois bitumée, se poursuit avec quelques cailloux à éviter pour protéger les pneus. Nous avons une vingtaine de Km à parcourir sur cette route qui franchit 7 cols de 1744 m à 895 m. Après quelques Km, ce sont deux tunnels en cours de réparation. Ils font 150 à 200 m de long sans éclairage et couverts de boue. Je m’avance le regard fixé sur la sortie, Jean-Pierre utilise son éclairage. Dans le deuxième tunnel, des ouvriers réparent la voûte et sont étonnés de nous voir arriver par cette route fermée à la circulation. À la sortie du tunnel, nous traversons la barrière interdisant le passage à ceux qui arrivent dans l'autre sens. Après quelques montées, c’est enfin la descente vertigineuse vers le lac d’Idro par une succession de lacets impressionnants et le passage près d'un refuge presque désert qui donne envie. Pas de chance: ce n'est pas encore l'heure. Il faut s'arrêter plusieurs fois pour laisser refroidir nos jantes.

Finalement nous arrivons au bord du lac (400 m), nous roulons une dizaine de Km vers le Nord-Est le long de sa rive Ouest avant d’attaquer vers l'Est la montée du col d’Ampola (747 m), avec 360 m à monter. Notre rythme moyen nous permet de grimper de 100 m toute les 10’ soit 600 m à l’heure: nous en avons donc pour une bonne demi-heure de montée. Dans la descente de l'autre coté, à Tiarno Di Sopra, nous trouvons un agriturismo, l’équivalent d’une chambre d’hôte en France, qui peut nous accueillir.

Mardi 12 juillet – de Tiarno di Sopra à Egna

La nuit a été fraîche mais reposante. La chambre est décorée de bois et tout est récent, propre et fonctionnel. Le petit-déjeuner avec viande, confitures maison et nombreux petits pains nous cale bien.

Nous démarrons un peu avant 8h et nous roulons en descente à bonne allure, tellement bien que, roulant en tête, je m’engouffre juste avant Riva del Garda dans un tunnel interdit aux vélos mais dont la panneau n’était visible qu’au dernier moment. Trop tard pour s’arrêter, nous poursuivons dans le tunnel de plusieurs Km de long et tout en descente. A peine sortis du premier qu’un suivant se présente, impossible de l’éviter. Celui-ci ne fait que 1,2 Km. Nous parcourons ainsi environ 5 Km dans des tunnels, heureusement peu fréquentés à cette heure de la journée et évitons la route de corniche au-dessus du lac. Nous arrivons au bord du lac de Garde à Riva Del Garda (73 m). Nous allons pointer nos cartes de route (# 8) au bar du sporting club.

Nous sommes au point le plus bas de notre trajet, à 70 m. Il nous faut remonter immédiatement au col Di Ballino (763 m), il fait chaud et lourd. Après ce col, à Ponte Arche (400 m), nous faisons nos courses pour le pique-nique et nous remontons vers le col Del Dos Del Comun (780 m). La route est fréquentée et jolie. Les vallées sont profondes et très verdoyantes.

Nous pique-niquons dans un petit chemin de terre qui conduit à des vignes en surplomb de la route et avons un peu de tranquillité pour faire la sieste avant de repartir en montée après Molveno jusqu’à la Sella Del Andalo (1042 m) et le Passo Del Santel (1030 m). Nous sommes dans une petite station de sports d’hiver dont les télécabines fonctionnent en cette saison, certainement pour les randonneurs pédestres ou vététistes.

C’est ensuite la descente jusqu’à Mezzolombardo à 220 m: une cuvette entre les massifs calcaires, une étuve, aussi. Nous empruntons sur quelques Km la route à grande circulation qui descend vers l'Adige et vers Trente. Au confluent de l'Adige, nous la remontons vers Bolzano, plein Nord. La rivière Adige, qui coule du Nord au Sud, marque la frontière Ouest du massif des Dolomites, dans lequel nous allons entrer. Nous roulons plus tranquillement dans la vallée, à bonne allure malgré le vent de face. Après 25 Km, nous décidons de nous arrêter à Egna (Neumarkt), un joli village du Haut Adige (Süd Tyrol), mi autrichien mi italien. Nous trouvons de la place au gasthof de la poste. Dîner en ville dans une pizzeria. Les rues sont très caractéristiques avec le trottoir en retrait sous les maisons pour s’abriter du mauvais temps. En cette saison, les terrasses des cafés et restaurants sont bien occupées.

Mercredi 13 juillet – de Egna à Moena

Nous souhaitons partir le plus tôt possible à cause de la chaleur et du programme chargé, près de 900 m de dénivelé au départ. Notre premier contact avec les Dolomites: la montée vers le col Passo Di San Lugano (1100 m) commence presque immédiatement, à Montagna (Montan). Nous avons 14,5 Km de route avant d’arriver au sommet avec une pente souvent à 10%. La circulation est intense. Les points de vue sont de plus en plus jolis au fur et à mesure que nous grimpons avec beaucoup de vignes et d’arbres fruitiers. En arrière-plan, nous voyons maintenant les montagnes arides et calcaires des Dolomites qui dominent à quelques 2 ou 3000 m.

En redescendant du premier col, nous faisons les courses pour le pique-nique en corniche au-dessus du fonds de vallée, à Cavalese et poursuivons en corniche jusqu'à Tésero. Il fait chaud quand nous attaquons le col suivant le Passo Di Pramadiccio (1446 m). Il faut grimper 450 m pour le franchir. Vers midi, nous trouvons un petit coin superbement aménagé pour le pique-nique derrière une petite chapelle couverte de bardeaux. Une table pour manger et un petit coin d’herbe à l’ombre des arbres pour la sieste et l’angélus qui sonne juste au moment où nous nous mettons à table. Nos provisions sont abondantes: environ 1,5 kg chacun, ça mérite une sieste de 20/25‘ avant de repartir dans la côte. Heureusement, à Stava, nous pouvons prendre un café/coca dans un de ces superbes hôtels du Süd Tyrol avant de continuer vers le col qui n’est pas loin. Après une très courte descente, c’est une pente à 10% sur 4 Km qui nous attend. Il fait chaud, il y a du bétail dans les alpages et on est entouré de mouches entre 1600 et 2000 m. Au Passo Di Lavazé (1807 m), nous pointons (# 10), une pause rafraîchissement s’impose et Jean-Pierre en profite pour passer quelques coups de fil professionnels.

La descente vers Ponte Nova est très rapide: en 13 Km nous perdons 1000 m d’altitude. La sueur de la montée est transmise aux patins de frein avec une vitesse de pointe qui avoisine les 70 Km/h.

Sans nous attarder au confluent de Ponta Nova, nous repartons dans la pente pour un nouveau dénivelé de 900 m. Dans la montée, nous nous arrêtons pour admirer le joli petit lac de Carezza à 1520 m aux eaux transparentes. Quelques Km plus loin, nous franchissons le dernier col de la journée le Passo Di Costalunga (1753 m). Nous avons grimpé environ 2600 m aujourd’hui, le compteur indique une vitesse moyenne de 13 Km/h, la plus basse de notre randonnée. Nous décidons de faire étape à Moena, après 16 Km en descente. De Cavalese à Moena, nous aurons passé trois cols au lieu de remonter simplement la rivière sur 20 Km.

Jeudi 14 juillet – de Moena à Fiera di Primiero

Le programme de ce jeudi est sportif. Nous avons demandé à prendre le petit-déjeuner à 7h. C’est un libre service avec un assortiment bien fourni, tout ce qu’il faut pour commencer cette journée.

A 8h, nous traversons la rue et la rivière et la route d’en face nous mène à la route qui monte, raide (10%) et plein Est, vers le col di San Pellegrino. Nous avons un dénivelé de 750 m à grimper, soit environ pour une heure et demie. Il y a peu de rupture de pente pour reprendre son souffle mais, heureusement, la température est encore fraîche et nous sommes bien reposés. Vers 9h30, après les incontournables escadrilles de mouches de cette altitude, nous atteignons le Passo San Pellegrino (1918 m), pointons nos cartes de route (# 11) et faisons une pause café/chocolat. C’est alors qu’arrive un groupe de cyclos de notre âge. Ils ont des vélos ultra légers et sont accompagnés d’une estafette balai, d’une photographe etc. Ils dévalent en même temps que nous les rampes à trois chevrons jusqu'au confluent de la rivière où nous repartons dans la pente le long de l'autre rivière et, dans la côte, nous aurons le plaisir d’en doubler quelques uns avant d’arriver au col Di Valles (2033 m), 600 m plus haut. Le sommet du col mérite la photo devant l’auberge et la pancarte.

Nous en profitons pour déjeuner et la sieste dans l’herbe, au soleil et à l’abri du vent, est divine.

Nous nous lançons ensuite dans la descente pour dévaler en quelques minutes près de 500 m. Après 3,5 Km de descente, nous décidons de ne pas prendre le muletier qui part à notre gauche vers le Passo della Costazza en longeant la rivière car ce n'est pas le parcours et des cantonniers locaux nous le déconseillent (trop peu roulant). Nous descendons donc Sud-Ouest jusqu'au confluent suivant et remontons alors plein Est par la route à l’assaut du col. Au Passo Di Rolle (1970 m), nous faisons une très courte pause et montons, en sens inverse, le muletier que nous n'avons pas pris tout à l'heure, vers le Passo Della Costazza, qui sera notre dernier col de plus de 2000 m. Ce chemin muletier est caillouteux mais roulant. La pente avoisine souvent 10%, en effet nous grimpons de 225 m en 2,7 Km. Finalement nous y arrivons sans mettre pied à terre.

Au Passo Della Costazza (2175 m), la Baita Segantini, un refuge, restaurant-bar, marque le col, point culminant du chemin. De l'autre coté, la pente aurait été très forte à monter sur les derniers kilomètres. Le cadre est grandiose. Nous avons en face de nous les aiguilles calcaires et arides des Dolomites. On entend dans la montagne le bruit du vent, le bruit des chaussures de marche des randonneurs et au loin les cloches des troupeaux de vaches. Nous pointons nos cartes de route (# 12). C'est le moment magique des cartes postales. Avant de quitter les lieux, nous poussons une pointe jusqu’à un belvédère pour mieux admirer et nous imprégner de ces Dolomites que nous traversons pour la deuxième fois.

En redescendant par la piste, nous croisons un troupeau de vaches dont les cloches font un vacarme assourdissant. Après le retour au Passo di Rolle, sur le bitume, c’est la descente vertigineuse plein Sud à 60/70 Km/h vers Fiera di Primiero. Il y a peu de circulation et le revêtement est en bon état.

Nous faisons étape à Fiera di Primiera (722 m): une station très riche et très animée, les hôtels sont chers. Une fois installés, nous avons un peu de temps et le mettons à profit pour aller prendre une bière au centre ville avant de rentrer à l’hôtel et de passer à table à 19h30 précise. Quelle n’est pas notre surprise de nous retrouver dans une grande salle à manger, luxueuse, remplie de personnes du 3e âge parfois bien avancé. Le repas est vite servi, mais pas question de supplément ! Vers 21h, nous nous installons dans notre grande chambre à 2 lits doubles pour une bonne nuit, rassérénés car nous approchons du but.

Vendredi 15 juillet – de Fiera di Primiero à Cison di Valmanino

Nous sommes moins pressés que les jours précédents et prenons le petit-déjeuner à 7h30. Tout est en libre-service et le choix est large et varié. Nous pouvons nous servir en abondance et rattraper le dîner de la veille. L’hôtesse d’accueil m’explique qu’en cette saison, la clientèle du 3e âge vient pour l’altitude de la station : 700 m, ce qui convient bien en terme de climat et de température à cette riche clientèle qui habite Trévise et Venise, à une heure de voiture d’ici. Les personnes âgées viennent donc passer plusieurs semaines en cette saison tandis que l’hiver attire une clientèle plus jeune et plus sportive qui pratique le ski en famille.

Nous démarrons plein Est en attaquant la pente du col Passo Di Cereda (1369 m) soit 650 m à grimper en 8 Km, nous sommes encore dans les Dolomites, c'est raide. Il fait déjà assez chaud et nous sommes trempés quand nous arrivons au sommet. Un bon coca pris sur la terrasse d’un bar en compagnie de marcheurs, marque la pause. Les sommets calcaires des Dolomites où nous étions hier sont encore enveloppés de brumes de chaleur. Le temps est orageux.

En 8 Km, nous descendons de 200 m. Après Gosaldo, nous attaquons un autre petit col la Forcella Aurine (1299 m) soit 150 m de dénivelé sur 4 Km environ. Cela se passe bien et assez vite. C’est un hameau avec quelques maisons de vacances et 2 bars-restaurants pour les promeneurs. Des tables de pique-nique nous permettent de déjeuner confortablement.

En descendant nous trouvons dans un virage un coin de verdure pour faire le sieste que nous prolongeons. C’est les vacances ! Nous descendons le Canale di Agordo, une vallée sauvage, encaissée, superbe. Nous contournons par l’ancienne route un tunnel de 2 Km. A cet endroit, la vallée est un goulet d’étranglement où le vent s’engouffre face à nous. Nous descendons ainsi la vallée sur une vingtaine de Km, le vent souffle de l'air chaud qui dessèche la bouche. Nous sommes un peu las et c’est avec la volonté d’en finir que nous traversons par un grand pont la rivière Piave à 300 m d’altitude pour reprendre l'ascension du dernier col du parcours.

Nous avons 400 m à monter vers le Passo Di San Boldo, avec des ruptures de pente et même une descente qu’il faut remonter immédiatement. Le paysage est toujours très joli, à se demander si ces routes ont été choisies pour franchir le maximum de cols ou parce qu’elles sont particulièrement belles.

Au Passo Di San Boldo (706 m), nous pointons (# 13). Nous aimerions nous arrêter en haut à cause de la chaleur des vallées mais il n’y a pas d’hôtel. Il faut poursuivre. Dans la descente, nous franchissons 5 tunnels en virage en épingle à 180° qui raboutent les 5 ouvrages d'art permettant à la route, très raide, de passer d'un bord à l'autre d'une faille rocheuse verticale dans un environnement sévère et sombre. En 6 Km, nous descendons de 700 m. Les hôtels sont rares et finalement, vers 18h à Cison di Valmarino, nous trouvons un B & B, à quelques kilomètres d'un hôtel de luxe perché sur un rocher, accessible uniquement par un funiculaire. Nous sommes à l’étage dans un endroit calme et spacieux. Nous allons à pied dans un restaurant chic-et-cher à quelques centaines de mètres mais une averse orageuse se met à tomber tandis que nous sommes installés sur la terrasse sous un toit de bâches plastifiées. L’eau tombe par vagues successives et nous traînons pour attendre la fin de la pluie.

Samedi 16 juillet – de Cison di Valmarino à Mestre, puis Venise

L’orage d’hier soir a à peine rafraîchi l’atmosphère lorsque nous quittons notre charmant B & B vers 8h30. D’après nos estimations, il reste 70 Km pour atteindre la mer. Nous avons pris un solide petit-déjeuner pour tenir jusqu’à midi sans tomber en hypoglycémie. Par contre, nous avons besoin de nous approvisionner plusieurs fois en eau et les fontaines se font rares. Nous ne sommes plus en montagne. En arrivant à Trévise, nous admirons les magnifiques villas qui bordent la route par laquelle nous arrivons. A l’entrée de la ville, nous franchissons une porte en arc de triomphe. C’est jour de marché et nous traversons la place les vélos à la main. Ensuite, nous roulons au gré de notre inspiration en suivant une rivière canalisée comme à Venise ou à Amiens. La terrasse d’un café installée sur un pont nous parait être une bonne occasion pour déguster un coca bien frais avant de reprendre la S 13 très roulante en direction de Venise. C’est l’équivalent de nos routes nationales avec une bande blanche de chaque côté qui délimite un espace pour les cyclistes.

A midi pile, nous arrivons à Mestre. Après être passés à la gare pour prendre les renseignements sur les heures des trains pour rentrer en France lundi, nous tâtonnons pour trouver l’hôtel à 1,5 Km de la gare. Le petit déjeuner est loin, nous sommes en panne d'essence et il faut chaud. Le portier de l’hôtel nous recommande un restaurant à proximité. Effectivement, c’est un bar-restaurant de quartier rempli de retraités qui terminent avec café et pousse-café un repas déjà bien arrosé. Nous pourrons nous faire servir un plat de pâtes noires à l'encre de seiche puis un plat de poissons frits. C’est excellent, le tout accompagné d’une bonne bière et d’une bouteille d’eau gazeuse. Nous retrouvons la forme.

A l’hôtel, la chambre est climatisée et après la douche, avant de repartir pour Venise, nous nous accordons une demi-heure de sieste au frais ce qui nous fait le plus grand bien pour nous permettre de tenir jusqu’au feu d’artifice de minuit.

L’hôtel prête gratuitement aux clients des VTT de médiocre qualité et beaucoup trop petits pour nous, mais c’est plus original d’arriver à Venise en vélo qu’en 4 roues. Après quelques réglages très sommaires, nous nous lançons dans la circulation urbaine sur des voies à grande circulation en direction de Venise, à 7 ou 8 Km. Sur le pont qui relie la cité des Doges au continent, une piste cyclable longe la route, c’est sans danger, mais cette voie disparaît quelques centaines de mètres avant d’arriver aux parkings.

Nous sommes enfin à Venise, terme de la randonnée, et avons fait tout le chemin depuis Thonon à vélo. Le stationnement des vélos est mal assuré, nous sommes l’exception au milieu des autobus et des voitures. Nous trouvons dans un coin du parking des autobus un endroit où s’agglutinent les 2 roues, vélos et motos. Nous attachons au mieux nos engins avant d’aller prendre le vaporetto qui nous emmène par le grand canal à la Place St Marc. Il y a foule partout.

Nous commençons par retenir des places pour un concert de musique de chambre de Vivaldi, près de la place St Marc dans une petite église désaffectés et utilisée comme salle de concert. Surprise: il y a les 4 saisons au programme. Ensuite, nous prenons le temps de flâner dans le quartier touristique, sur la place et sur les quais où les gens commencent à s’installer pour attendre le feu d’artifice tiré à l’occasion de la fête del Redemptore. Il y a beaucoup de monde et d’animations en tous genres. Il fait lourd, une chaleur moite de bord de mer. Nous trouvons un restaurant à proximité de la place St Marc qui propose des pizzas à des prix intéressants, malgré cela nous nous faisons quand même "essorer" comme c’est trop souvent la cas ici à Venise.

En quittant ces lieux inhospitaliers, nous faisons quelques pas dans le quartier avant de nous présenter vers 20h à l’entrée de la salle de concert. Nous pouvons ainsi nous installer au premier rang et allonger nos jambes. La première partie du concert, jouée par 6 jeunes musiciens: violons, violoncelles et un clavecin, est agréable mais quand le premier violon arrive pour la seconde partie, les "Quatre saisons" de Vivaldi, la prestation change de niveau et de rythme. C’est plus tonique, plus enlevé, ce n’est plus la bande de copains qui répète studieusement et la salle apprécie. En sortant vers 21h45 et nous avons 2 heures à attendre pour voir le feu d’artifice. Les quais sont noirs de monde, les gens sont allongés par terre sur des couvertures ou sur des journaux. Nous choisissons un coin du quai qui est bien placé par rapport au feu et nous nous introduisons dans la foule pour tenter de nous installer par terre sur une petite surface encore libre. En fait chacun a son périmètre d’isolement et pénétrer dans ce périmètre déclenche des regards hostiles, voire des remarques pour indiquer que nous nous approprions un territoire indu... les choses finissent par se calmer. Cependant il nous faut attendre plus de 2 heures assis par terre dans un espace exigü au milieu du brouhaha permanent. Chacun de nous a pensé à plusieurs reprises abandonner la partie. Heureusement que nous ne pouvions pas communiquer facilement, nous ne l’avons pas fait et ce feu d’artifice est de toute beauté. Il dure au moins ¾ d’heure de façon soutenue et variée et nous sommes à la bonne place pour en voir le maximum. Sur la lagune, tous les bateaux ont pris position pour assister au spectacle, on ne voit plus la surface de l’eau. Le spectacle est féérique.

Vers minuit et demi, quand le spectacle se termine, c’est le reflux de la foule vers le parking de bus, de voitures et la gare. Toutes les petites rues qui convergent vers ces points écoulent la foule comme un cours d’eau aux multiples bras qui se jetteraient dans la mer.

Nous reprenons nos vélos et, en une heure d'une circulation parfois inquiétante, nous retrouvons l’hôtel alors que d’autres touristes de l’hôtel utilisant les transports en commun arriveront bien après nous. Il est 2 heures du matin quand nous nous couchons, exténués. Heureusement, la climatisation de la chambre rend l’air assez supportable.

Dimanche 17 juillet - Venise

Pour le première fois, nous n’avons pas le réveil du téléphone qui nous réveille à 7h et ce n’est que vers 9h30 que nous prenons le petit-déjeuner en libre-service. C’est un repas copieux et complet.

L’hôtelier, qui a été heureux de constater que ses vélos gratuits sont rentrés en bon état, nous propose une solution qui semble plus pratique : prendre un ticket forfaitaire pour tous les transports publics pendant 24 h pour 10,5 €. Nous acceptons cette solution qui semble plus pratique. Cependant, il nous faudra attendre pendant ¾ d’heure le passage du bus pour aller jusqu’à la gare où nous achèterons nos billets de train pour rentrer en France. De la gare, nous allons directement à Venise par le train.

Le vaporetto, pour des raisons que nous ne comprenons pas, emprunte un autre itinéraire que le grand Canal pour rejoindre la place St Marc. Il y a foule. Nous flânons le long des quais, traversons un bras de mer sur un pont flottant provisoire qui nous permet d’aller visiter à pied l’église du Redemptore, un édifice vaste, imposant, très romain, construit après une épidémie au 16e siècle. Du fait de travaux, il est impossible d'aller à la douane de mer chère à Jean d'Ormesson. Dommage.

Tandis que Jean-Pierre va visiter l’exposition de la biennale d'art contemporain (et voir l'œuvre d'Annette Messager), je profite de mon forfait transport pour faire en bateau le tour de la grande île et aller jusqu’à Lido. Nous nous retrouvons vers 20h30 à l’hôtel et demain le réveil est prévu à 4h30 pour prendre le train à 5h30 pour Milan.

Lundi 18 juillet – de Mestre à Thonon

C’est dur de se lever un lundi à 4h30. Il ne faut pas se poser de question. Dès que nous sommes prêts, nous avertissons l’hôtelier qui vient nous ouvrir le garage et la porte de la cour. Il accepte même de nous donner quelques fruits en guise de petit-déjeuner.

A la gare, il y a peu de monde et tout est fermé même le Mac Do. Nous avons plus de 3 heures à passer dans le train pour atteindre Milan. Nous continuons notre nuit mais en approchant de Milan, le train se remplit. À Milan, changement de train pour aller à Novara à une cinquantaine de Km. Là nous avons suffisamment de temps d’attente pour sortir de la gare avec nos vélos et aller faire des courses pour pique-niquer. C'est sur la voie de Novara à Domodossola, très exactement à Gozzano, que nous traversons la route que nous avons prise à vélo. Étape suivante, changement de train en haut de la vallée des tailleurs de pierre au pied du Simplon: à Domodossola. C’est de là que sont partis environ un million d’italiens vers tous les pays d’Europe pour chercher du travail au milieu du siècle dernier.

A Domodossola, nous prenons nos billets pour Montreux mais, normalement, le train ne prend pas les vélos. Il nous faut obtenir l’autorisation du chef de train. À Brig, il ne faut pas traîner car la correspondance est courte. De Brig à Montreux, nous traversons des queues d’orage. Le ciel à l’horizon est très chargé. À Montreux, en sortant de la gare, nous constatons qu’un violent orage de grêle s’est abattu sur la ville quelques instants auparavant. Les vitres de la gare sont cassées, les arbres ont perdu des branches, leur feuillage, haché menu par les grêlons, se mélange au verre dans la rue. Nous mangeons, quand-même, un morceau dans cette désolation.

Nous prenons la route le long du lac. À peine sortis de la ville, je crève à l’arrière. C’est un morceau de verre. La réparation terminée, nous repartons en prenant la piste cyclable en sous-bois dans le delta du Rhône, là où il se jette dans le lac Léman. Un peu plus loin, des arbres abattus barrent le chemin. Nous poussons nos vélos à travers les branchages sur quelques dizaines de mètres mais, plus loin, la piste est irrémédiablement barrée par un mikado géant d'arbres abattus dans le plus grand désordre. C'est un spectacle de désolation. Nous essayons de contourner en franchissant une clôture pour traverser un pré mais des gens venus en reconnaissance, nous déconseillent de continuer et nous indiquent le chemin pour rejoindre la route principale. Un peu plus loin, au passage de la passerelle sur le Rhône, nouvelle crevaison de ma roue arrière. Quand nous repartons, nous recherchons à rejoindre la route de St Gingolf au plus court. Une troisième crevaison, de ma roue avant cette fois nous arrête à nouveau. Plus tard sur la route d’Evian, une quatrième crevaison, de la roue arrière à nouveau grâce au morceau de verre dont quelques échardes étaient restées dans le pneu. Le record de crevaisons du 8 juin 2003 dans la Somme est battu.

Ces différents incidents nous auront bien retardés, à tel point que nous devons appuyer sur les pédales pour arriver dans les délais que nous avions annoncés par téléphone à l’hôtel de Thonon et éviter un nouvel orage qui se prépare. Nous y arrivons vers 22h20.

Mardi 19 juillet – retour de Thonon

Ce mardi 19 juillet, après un copieux petit-déjeuner, nous chargeons les vélos sur la voiture de Jean-Pierre qui nous attend ici depuis plus de 2 semaines.

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage... Une randonnée sportive qui se termine bien sans incident ni accident et qui nous donne envie de compléter la série des alpines et préalpines de Rossini en faisant la préalpine française une prochaine fois.

Henri Courmont et Jean-Pierre Smith


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"

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