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Ce fut une bonne décision d'annuler le Thonon-Venise que j'envisageais de faire seul car des orages et des pluies parfois diluviennes s'abattirent sur les alpes françaises et l'Italie du Nord en particulier le Val d'Aoste et le Piémont là où j'aurais dû me trouver. J'ai ainsi échappé à une belle galère. Je ferai la deuxième partie de la randonnée avec Jean-Pierre. Il me faut donc arriver à Venise au plus tard le 19 juin, en même temps que lui. Il a retenu son billet d'avion depuis belle lurette.
Pour des raisons de flexibilité et de coût, je préfère prendre le train. Pour cela, il me faut faire moult démarches pour trouver les trains et les horaires adéquats pour voyager avec mon vélo. Leurs renseignements des chemins de fer suisses s'avéreront faux et me vaudront quelques discussions avec le contrôleur suisse du train Genève-Milan qui refusera que je monte dans le train avec mon vélo. Heureusement de guerre las, il finira par me laisser monter en me prédisant toutes sortes d'ennuis avec les contrôleurs italiens. Il n'en sera rien.
Ainsi je quitte la maison de campagne lundi 17 juin par une chaleur torride (35° environ). Je descends en vélo avec mes sacoches à St Etienne. Après quelques tâtonnements, j'arrive à la gare de Châteaucreux et je me loge dans un petit hôtel à proximité de la gare.
Les préparatifs sont rapides et à 5h45, je descends à la gare sans un coup de pédale !
A Genève, j'ai quelques frayeurs quand le contrôleur me signifie que les vélos ne sont pas admis dans le train de 10h18 qui va à Milan, celui qui m'a été recommandé par les Chemins de fer suisses ! Finalement, une fois dans le train, le trajet jusqu'à Milan se déroulera bien. Le contrôleur suisse me fera quand même payer 15 FS pour mon vélo…
J'arrive à Milan à l'heure prévue à 15h10 et c'est là que mes ennuis commencent. Dans la gare, j'en profite pour faire le plein d'eau fraîche. Il fait une chaleur de plomb. Les employés sont autour des postes de TV pour regarder le match de foot Italie-Corée du Sud. Il n'y aura pas d'effusion de joie à la fin du match, la Corée éliminera l'Italie.
J'essaie de monter dans un train direct pour Venise mais un contrôleur m'en interdit l'accès à cause de mon vélo. Il m'indique que je dois prendre le train régional qui part à 15h20 pour Vérone. Ce train sera retardé de plus de 2 heures à cause de travaux importants sur la voie. Tout le monde souffre de la chaleur, chacun a sa petite bouteille d'eau.
A 21h30, je débarque à la gare de Mestre et je me rends à l'hôtel Piave qui a été retenu.
Au programme aujourd'hui : visite de Venise. En bus, en une demi-heure, j'y suis. En empruntant les petites ruelles, je me dirige vers le pont Rialto et San Marco, en franchissant de nombreux ponts. Visite de la cathédrale San Marco puis je monte au Campanile. La vue sur la ville est splendide sous tous les angles.
En bas, je flâne sur la place St Marc. Le guide du Routard recommande la visite du Palais ducal. J'ai le temps d'y passer quelques heures et je ne le regretterai pas.
Je me promène ensuite à nouveau au milieu des touristes sur cette magnifique Place St Marc en prenant des photos car tout me semble beau.
Je rentre par le vaporetto qui prend le Grand Canal jusqu'au terminus des bus.
Vers 16h, je suis de retour à l'hôtel de Mestre. Il me faut maintenant retrouver Jean-Pierre qui ne devrait pas tarder à arriver. Je vais me renseigner sur les horaires des trains pour Trieste, car demain, fini le tourisme "dolce vita", les choses sérieuses vont commencer.
En arrivant à l'hôtel, l'hôtesse m'annonce que Jean-Pierre a téléphoné pour dire qu'il n'arrivera que demain à cause des grèves des contrôleurs aériens. Quelle barbe ces grèves !
Hier soir, je me suis concocté un petit programme pour cette journée supplémentaire en Vénétie : visite de Venise le matin et balade en vélo l'après-midi de Mestre à Padoue par la route qui longe le canal de Brenta.
Après le petit-déjeuner, je reprends le bus pour Venise et embarque dans le vaporetto N° 1 qui s'arrête à toutes les stations pour avoir le temps de découvrir ces palais magnifiques et si nombreux le long du Grand Canal. Je flâne ensuite sur la place St Marc, Puis, je cherche l'église Santa Maria des Frari, c'est une immense bâtisse en briques qui abrite des richesses artistiques considérables : des tableaux d'artistes célèbres, notamment de Le Titien, des stalles de toute beauté, des sculptures en marbre etc.…
Retour ensuite à Mestre en fin de matinée. Quand je rentre à l'hôtel, quelle n'est pas ma surprise en trouvant les affaires de Jean-Pierre. Je m'empresse de l'appeler sur son portable, il est en train de manger un sandwich au buffet de la gare. Je le rejoins et nous allons nous renseigner sur les heures de train pour Trieste avant de rentrer à l'hôtel pour négocier notre départ sans payer la nuit réservée.
Nous parvenons à prendre le train de 4h08 qui arrive 2h après à Trieste à plus de 150 km de Mestre.
A Trieste, nous allons faire un petit tour sur la place d'Italie qui donne directement sur la mer et prenons la photo de départ en face du Palais du Gouverneur régional. Avant de démarrer, une bonne bière à la terrasse d'un café. Il fait encore chaud, certainement plus de 30°.
La route pour quitter Trieste longe la mer. Il y a du monde sur les plages. Nous roulons pendant une vingtaine de km avant de trouver l'albergo Alla Pinta. Le patron, un jeune aubergiste, est sympa et entreprenant. Il nous offre un repas excellent et bien arrosé.
Jean-Pierre a mis son réveil à 6h45. Au petit-déjeuner, c'est la Mama qui est de service ce matin. Nous nous installons dans un petit salon, tout est meublé avec goût et simplicité.
Nous prenons la route avant 8h, il fait bon pour rouler. Nous sommes à 60 km d'Udine. Nous allons à bonne allure, c'est plat et la route est bonne. Un peu avant Udine, nous faisons un ravitaillement en fruits essentiellement mais ce régime ne convient pas à Jean-Pierre dont l'organisme réagit rapidement et, à Udine, nous prenons un café pour calmer ses intestins. Une vingtaine de km après Udine, nous trouvons une trattoria (restaurant) ouverte où nous dégustons une bonne assiette de lasagnes avec de l'eau et un café. Jean-Pierre ainsi se remettra petit à petit. Il fait très chaud et après le plat, il nous faut commencer à affronter quelques montées après Gemona. Dans une pente sérieuse, le flanc de la montagne qui borde la route est peint. La fresque représente une dizaine de coureurs cyclistes italiens de différentes époques depuis le début du vélo à nos jours. A nouveau mon dérailleur avant me donne des soucis, je dois m'arrêter pour le faire passer à la main. Après cette courte montée, nous nous engageons dans une descente aussi pentue que fut la montée et, là, tout d'un coup, dans un virage à gauche, je freine un peu fort, ma roue avant glisse et je pars dans le décor. Un petit fossé herbeux et un bosquet d'arbustes amortissent mon atterrissage. Je n'ai rien, je me redresse mais en soulevant mon vélo, je m'aperçois que ma roue avant est tordue et c'est impossible de la remettre en état de rouler. C'est un accident idiot digne d'un débutant. Jean-Pierre me prête sa roue avant et, je pars vers Tolmezzo à une douzaine de km pour trouver un vélociste qui changera ma jante. Pendant ce temps, Jean-Pierre réussit à se faire embarquer dans le fourgon d'un plombier avec les 6 sacoches et son vélo qui n'a plus qu'une roue. Du coup, je n'ai plus besoin de repartir le chercher et nous pouvons coucher sur place et reprendre le vélo demain matin.
Nous avons du mal à trouver un hôtel qui ne soit pas complet. Nous devons aller le dénicher dans une zone industrielle. Nous n'avons plus le choix : il ne dispose pas de la climatisation et il fait une chaleur étouffante dans la chambre.
Après le petit-déjeuner, nous quittons sans regret cet hôtel, un peu boui-boui. Nous ne le recommanderons pas à Rossini l'organisateur de cette randonnée.
Il nous faut récupérer mon vélo avec la nouvelle roue avant et, très rapidement, nous attaquons le col Marcilié (776 m) par Cazzaso. La pente est raide, 10 % et plus, il fait chaud ; il faut prendre son rythme. Une dizaine de km plus loin, nous grimpons le col Valcalda (959 m) par Ravascletto la pente est aussi raide que la précédente. On s'arrête à Ravascletto pour pique-niquer.
Nous commençons l'après-midi par une descente vers Comeglians, nous roulons dans la vallée Pesarina avant de remonter, en pleine chaleur, sans le moindre souffle d'air vers Forcella Lavardêt (1542 m). Nous arrivons au sommet un peu avant 16h30 mais l'exercice ne s'arrête pas là deux autres cols se suivent : le Rezzo (1760 m) et le Ciampigotto (1790 m).
Un peu plus loin, nous nous arrêtons à la terrasse d'une auberge pour prendre un thé, car la température à cette altitude s'est bien rafraîchie. Après ce thé chaud, nous nous engageons dans la descente vers Vigo di Cadore. En arrivant au bourg, nous repérons au bord de la route un établissement de bon standing avec plein de monde, plutôt 3e âge, dans le jardin. Rien n'est indiqué au portail du parc, nous entrons avec nos vélos et nous nous dirigeons vers le bâtiment d'accueil et, après avoir indiqué ce que nous cherchons, on nous indique que l'on peut nous recevoir pour la nuit avec le repas du soir et le petit-déjeuner pour un prix acceptable. Nous sommes logés dans un bâtiment un peu à part de la grande bâtisse. Nos vélos sont enfermés dans un local de jardin.
A table où l'on nous installe, les gens remarquent notre bon appétit et il n'est pas nécessaire de parler italien pour récupérer quelques surplus les gens ne mangent pas. Nous nous amusons du petit jeu et, sous les yeux un peu surpris de nos voisins de table, nous avalons tout ce qui passe.
Après le repas, nous informons le Général Manager que avons l'intention de prendre la route vers 6h demain matin pour rouler avant la grosse chaleur. Ils sont assez sympathiques pour nous préparer un packet-breakfast.
Le réveil sonne à 5h30. Nous sommes prêts en quelques minutes et dégustons nos sandwichs au jambon cru avec une pomme et une petite bouteille d'eau.
La descente continue. Quelques km après Vigo di Cadore, nous devons traverser un tunnel de 4 km que Jean-Pierre ne voit pas sur la carte. Les voitures occasionnent des résonances importantes et nous n'apprécions pas ces 4 km un peu angoissants pour des cyclistes. A Santo Stefano nous trouvons un café ouvert. Après une étude plus approfondie de la carte, Jean-Pierre s'aperçoit que l'on n'est plus sur la bonne route. Nous corrigeons le tir immédiatement via San Nicolas di Cadore, mais nous avons fait un petit détour d'une dizaine de km et manqué un col à 1476 m. En retrouvant l'itinéraire à Padola, nous retrouvons également une belle montée régulière vers le col Passo di Crocé à 1636 m. Nous sommes à proximité de la frontière autrichienne.
Dans la vallée du Sestro, nous empruntons une belle piste cyclable jusqu'à Dobbiaco. Là nous repartons vers le sud en suivant le Val di Candio et en contournant le massif de Lavaredo. Nous roulons au milieu des Dolomites aux sommets arides et écharpés comme des chicots. C'est joli et impressionnant. Nous trouvons un restaurant en face d'un lac avant d'attaquer le montée au Lavaredo. Nous reprenons la route un peu avant 13 h, il fait chaud et ça grimpe sérieusement. Avant d'emprunter le raidillon de 8 km qui nous mène au chalet d'Auronzo, Jean-Pierre a la bonne idée de laisser nos sacoches au café du croisement. Heureuse idée, car nous nous attaquons immédiatement une pente à 15 % environ pendant 2 km. Puis nous retrouvons un peu de plat et ça remonte avec de virages en épingle à cheveux et une pente entre 12 et 20 %, je crois. En haut, sur les différentes plates-formes, il y a du monde partout malgré le péage en bas pour les voitures.
Lorsque nous nous apprêtons à repartir, une averse nous arrête. Dans la descente vertigineuse, nous nous arrêtons régulièrement pour rafraîchir nos jantes. La route est mouillée mais il ne pleut plus. En un quart d'heure à peine, nous retrouvons le café où nous avons laissé nos sacoches. Il nous a fallu plus d'une heure pour monter. Avant d'atteindre Cortina d'Ampezzo à une trentaine de km, nous aurons encore à passer un petit col Tri Croce avec des pentes à 12 %. Nous avons les jambes un peu fatiguées mais ça passe sans problème. A Cortina, nous passons au syndicat d'initiative pour trouver un hôtel à un prix raisonnable.
Notre petit-déjeuner est bien prêt au rez-de-chaussée pour partir aux aurores. Après 4 ou 5 km, nous trouvons le petite route qui nous mènera après une dizaine de km au Passo di Giau à 2233 m alors que Cortina se trouve à 1200 m. Des panneaux indiquent une pente à 12 %, mais ça semble plus facile que les jours précédents
Vers 8h30, nous atteignons le sommet de ce col d'où nous avons une vue magnifique sur les montagnes environnantes.
Après une belle descente vers Selva di Cadore, un autre col nous attend : Colle Santa Lucia à 1435 m, nous n'avons que quelques centaines de mètres de dénivellation mais c'est alors que l'orage qui menaçait depuis un moment arrive sur nous et nous oblige à nous abriter quelques instants car la pluie est abondante.
C'est ensuite que commence la montée du deuxième col à plus de 2000 m ; le Falzarego (2105 m). La pente est régulière mais sérieuse souvent plus de 10 %.
Puis nous poursuivons en direction de Villa Stern mais avant il nous faut franchir un autre col le Valparola à 2192 m heureusement il y a peu de dénivelé par rapport au précédent. C'est le troisième supérieur à 2000 m de la journée. Nous sommes frappés de voir de nombreux cyclistes et des motards sur ces routes.
Vers 13h, lorsque nous arrivons à La Villa, les magasins d'alimentation sont fermés, il nous faut trouver un restaurant. Après une abondante collation, nous décidons de faire une petite sieste d'un quart d'heure au pied d'un bosquet d'arbres à proximité de la route. Nous sommes réveillés par quelques gouttes de pluie, une queue d'orage. Nous attaquons le col de Campologo qui nous fait grimper à 1875 m. Puis il nous reste à descendre vers Arabba. La pluie continue à tomber calmement mais suffisamment pour nous inciter à arrêter ce soir dans ce bourg.
Nous nous posons dans une petite albergo, un peu à l'écart de la route. Le patron nous fait un prix de pension intéressant.
Nous avons tout notre temps pour la douche, le journal et la récupération de nos 2400 m de grimpette de la journée. Le temps s'est bien rafraîchi, le thermomètre indique 14°. C'est un beau village avec de nombreux hôtels de standing.
Le patron de l'hôtel n'ouvre sa porte qu'à 7h15. Nous en profitons pour récupérer.
Nous sommes encore les premiers à la salle à manger pour le petit-déjeuner. Celui-ci est présenté en self service. Nous nous calons bien l'estomac pour démarrer avec, en plus, un petit sandwich pour 10/11h.
Avant de quitter le village, la route commence à monter en direction du Passo di Pordoi à 2239 m. Nous grimpons ainsi plus de 600 m pendant 10 km et il nous faut une bonne heure pour arriver au sommet en sueur. Au sommet la température n'est que de 14° malgré un beau soleil. Il y a quelques hôtels, et des restaurants. C'est très bien aménagé pour accueillir les touristes. La descente est aussi rapide que la montée était difficile quoiqu'en dise Jean-Pierre qui considère toujours que nous sommes montés par le côté le plus facile... Il en conclut que nous avons de la chance de faire la randonnée dans ce sens !
Nous descendons de quelques centaines de mètres pour attaquer une nouvelle montée vers le col de Toi (2244 m) puis, dans la continuité le col de Sella (2213 m). Enivré par les cols au-dessus de 2000 m, nous décidons de nous attaquer à un diverticule d'une douzaine de km qui nous permettra de franchir deux nouveaux cols au-dessus de 2000 m : le Selle di Culac (2018 m) et le Passo di Gardena (2121 m). Nous marquons une pause à ce dernier qui domine plusieurs vallées et Corvara où nous sommes passés hier. Nous dégustons nos sandwichs sur une terrasse d'où nous avons une vue splendide. Quel Pied !
Il est un peu plus de 11h et nous avons passé 5 cols à plus de 2000 m ce matin. A Stelva, nous arrivons trop tard pour trouver un magasin d'alimentation encore ouvert. Ils ferment tous entre 12h et 15h. Nous avons du mal à trouver un restaurant pas trop cher.
Vers 14h, nous repartons en direction de Bolzano. Il nous faut affronter un petit col, le Pinée à 1437 m mais avec une pente affichée à 15 % pendant plusieurs km ; de quoi mouiller à nouveau les maillots qui avaient séché un peu pendant le repas. Puis c'est la descente vers Bolzano mais nous allons au-devant de l'orage ce qui nous oblige à nous abriter plusieurs fois. L'intensité de l'averse est impressionnante.
La traversée de Bolzano, comme celle de toute ville d'une certaine importance, est toujours un peu galère au milieu d'une circulation intense. Heureusement, nous trouvons une piste cyclable. Nous pouvons remarquer que le vélo utilitaire est répandu ici. En sortant de la ville, il nous faudra rouler une douzaine de km sur "la route des vins" pour arriver à San Paulo, où nous trouvons le Gasthaus Schwarzer Adler (l'aigle noir) recommandé par Rossini.
Le village est typiquement autrichien. Tout le monde autour de nous parle allemand. Après le repas, nous allons visiter le bourg et découvrons un orchestre en répétition sur la place du village sous un kiosque moderne et joliment décoré.
A 6h30 nous arrivons à la salle à manger où un jeune employé nous attend pour nous servir le petit-déjeuner. Celui-ci est varié et abondant : charcuterie, fromages, café, lait et confitures.
Nous roulons vers l'ouest au milieu des vignes et des villages viticoles. Puis il faudra affronter notre premier col le Passo di Mendola à un peu plus de 1300 m. Il commence à faire chaud et ça grimpe régulièrement et sérieusement. Il nous faut un peu plus d'une heure pour arriver au sommet à 9h. Avant de nous engager dans la descente, nous pointons et prenons un thé au bar du sommet.
Dans la vallée, nous traversons Ronzone et Fondo puis il nous faut remonter vers le Passo delle Palade (1512 m). Monter devient une habitude, nous avançons en silence à 8 ou 10 km/h. Juste avant d'atteindre le sommet du col, une jeune cycliste nous double avec beaucoup d'aisance. Elle est sur un vélo de course sans bagage !
Il est un peu plus de 11h et nous descendons sans tarder pour trouver un supermarché ouvert. A Marlengo, un peu avant d'arriver à Mérano, nous faisons nos achats et en sortant du SM, nous trouvons le long de l'Adige une promenade aménagée avec des bancs où nous nous installons pour manger. Après avoir avalé le contenu des sacs en plastique, nous avons une envie irrépressible de faire une sieste. Nous nous allongeons pendant une demi-heure. Le bruit du torrent couvre celui de la circulation de la ville. Après le café, à l'entrée de Mérano, Jean-Pierre découvre une route qui monte à gauche et qui semble contourner la ville pour aller vers le Stelvio. Heureusement que la montée est courte car la chaleur est insupportable. Cette route surplombe la ville et nous donne un vue globale sur de la vallée. La circulation est intense et nous roulons l'un derrière l'autre. Tout d'un coup Jean-Pierre ressent une résistance anormale dans sa pédale gauche. Nous nous arrêtons car la pédale est bloquée. Heureusement, il a tous les outils nécessaires et même le mode d'emploi pour démonter cette pédale. Finalement, sans parvenir à réparer complètement le roulement à aiguilles bloqué, avec de la graisse, il parvient à supprimer en partie la résistance.
Nous avons une cinquantaine de km à faire sur une route nationale plate qui suit la vallée de l'Adige. Nous roulons avec le vent dans le dos ce qui nous permet d'avancer à 25/30 km/h sans fatigue. Vers 17h, nous faisons une pause en face d'un SM pour acheter de l'eau pétillante.
Un peu après 19h, nous trouvons à Prato allo Stelvio l'hôtel Zentral, recommandé par Rossini.
Encore une belle journée en perspective, nous nous attaquons au fameux col du Stelvio. Réveil à 5h45 et nous prenons la route en direction du Stelvio vers 6h45. Il n'y a pas trop de circulation et le fond de l'air est frais. Rapidement, nous abordons les premières pentes. Nous avons calculé que le sommet du col est à 18 km de notre hôtel. La pente devient sérieuse, il faut se ménager pour tenir les 3h de montée environ. Nous suivons pendant plusieurs km un torrent, le Trefoi. A mi-trajet du sommet, nous marquons une pause pour prendre un café dans un hôtel restaurant. Le patron, nous voyant arriver, avec nos vélos chargés de grosses sacoches, nous offre 2 doses de "vasy-vasy" qu'il met dans les gourdes des coureurs quand ils empruntent cette route pendant le tour d'Italie.
La circulation des motards s'intensifie, heureusement, il y peu de bus car, dans les virages à épingle à cheveux, leurs manœuvres sont délicates. Le paysage est de plus en plus grandiose, des hautes montagnes avec les sommets et des creux enneigés, les virages successifs jusqu'aux bâtiments que l'on aperçoit au sommet du col. Des indications peintes sur la route indiquent la distance qui nous sépare du sommet du col, c'est encourageant. Nous atteignons ce fameux sommet du Stelvio avant 11h. Il y a un rassemblement impressionnant de motards et de nombreux cyclistes arrivent, très peu sont chargés comme nous.
En prenant le thé, nous pointons le VI, puis nous sommes tentés par un diverticule, le Passo delle Pratigliole à 2908 m soit 150 m au-dessus du Stelvio. Nous tâtonnons un peu et grâce à une carte à petite échelle des environs, nous parvenons à nous orienter. La route qui monte à ce col devient rapidement impraticables en vélo, c'est un chemin de terre caillouteux avec une pente supérieure à 20 %. Nous devons pousser nos vélos en envisageant une première étape jusqu'à un chalet puis une deuxième jusqu'au virage suivant en enfin on aperçoit le col d'où l'on a une vue magnifique des deux côtés et sur toutes les montagnes environnantes. Au sommet du téléphérique voisin, la neige permet encore aux skieurs de s'adonner à leur sport en cette saison. Il y a pas mal de monde sur ce petit domaine skiable. Au col delle Pratigliole, le vent est froid mais il n'y a personne et nous apprécions cette tranquillité après l'effort.
Nous posons pour une photo avec le retardateur avant de redescendre un peu en vélo et beaucoup à pied car le revêtement et la pente ne permettent pas de rouler avec suffisamment de sécurité.
Au Stelvio, nous retrouvons le bitume et c'est la descente enivrante, d'abord en épingles à cheveux puis, sur des portions de route toute droite, dans une vallée assez austère avec quelques troupeaux ici et là.
Ce matin nous collectionnons ainsi 3 cols à plus de 2000 m : le Stelvio (2758 m), le Pratigliole (2908 m), le Santa Maria ou l'Umbrail (2501 m) là où se trouve la douane suisse. En fait nous sommes dans une région où les frontières italiennes, suisse et Autrichienne se côtoient ce qui a occasionné de nombreux accrochages militaires au moment de la première guerre mondiale. De nombreux mémoriaux en rappellent le souvenir.
Nous descendons vers Bormio. Les restaurants sont rares et il nous faudra rouler jusqu'à 14h30 avant de pouvoir nous mettre à table. Heureusement que c'est de la descente car nous sommes un peu en hypoglycémie.
Nous quittons le restaurant vers 15h30 avant d'aborder la pente du prochain col, le Passo di Foscagno à 2291 m. En fait dès la sortie du village, la grimpette commence. Il y a beaucoup de circulation et nous devons faire plusieurs km pour trouver quelques m2 d'herbe autour d'une église au milieu d'un petit village pour faire une petite sieste. Ce sont quelques gouttes de pluie qui nous réveillent. La route continue à monter et la circulation est toujours intense. Dans un petit village à 7 km du sommet du col, nous trouvons une auberge qui peut nous accueillir mais il faut négocier les prix. L'extérieur de l'établissement ne paie pas de mine mais l'intérieur est très joliment décoré et très confortable.
La salle à manger est agréable, il n'y a pas trop de monde. La jeune fille de l'accueil nous a informé que la météo pour demain prévoit de la pluie. En effet, après le dîner, nous sommes à peine installés dans la chambre que l'on entend les premières gouttes tomber sur le toit.
Il a plu une bonne partie de la nuit et ce matin ça continue, le ciel est complètement bouché.
Au bar, une vingtaine d'ouvriers d'un chantier voisin, prend son café et nous regarde un peu surpris mais pas envieux de ce qui nous attend ce matin. Nous démarrons sous la pluie, harnachés comme des chevaliers avec couvre-chaussures, cape, etc. Nous sommes au milieu de la côte, à 7 km du col de Foscagno et nous devons continuer de grimper. Après quelques km, je me souviens soudain avoir oublié ma gourde à la tête de mon lit. Jean-Pierre continue un peu et je redescends en quelques minutes ces km laborieusement montés. Je récupère la gourde et remonte. Jean-Pierre m'attend avant le sommet du col. Nous devons franchir quelques tunnels avant de parvenir au sommet du col à 2091 m. Juste quelques minutes d'arrêt pour se vêtir en conséquence avant la descente vers Trepalle. Nous remontons ensuite vers le Passo d'Eira à 2208 m. Il y a nettement moins de circulation mais il pleut toujours. Au sommet nouvelle séance de vêtements et nous descendons à Livigno. Avant d'entrer dans le bourg, nous nous arrêtons au premier hôtel restaurant : l'Alexander pour pointer et prendre une boisson chaude. Nous roulons ensuite sur une route très peu fréquentée dans un paysage austère, la vallée de Livigno. La promenade serait agréable sans cette pluie lancinante. La pente s'accentue avant d'arriver au col Forcela di Livigno à 2215 m. Ce col sépare l'Italie de la Suisse et, juste avant de passer la douane, à 11h, nous faisons une pause spaghettis bolognaises.
La route descend un peu pour remonter aussitôt vers le Passo del Bernina (2328 m). C'est le quatrième col au-dessus de 2000 m que nous franchissons ce matin. Compte tenu de la faible dénivellation, ce parcours ne devrait être qu'une formalité mais c'est sans compter avec le vent de face et la pluie qui nous gifle. En plus ça finit par grimper fort. Nous ne nous arrêtons pas au sommet du col et redescendons tout de suite au premier restaurant que nous apercevons à quelques centaines de mètres. Il est midi et nous décidons de nous remettre à table…
Lorsque nous quittons le restaurant, la pluie s'est un peu calmée et nous nous engageons dans la vallée de Bernina en descendant sur St Moritz. Un petit train rouge longe la route. Il n'y a qu'une seule voie et les croisements doivent se faire dans les petites gares. Nous allons aussi vite que lui car il est omnibus. Des touristes, suisses certainement, l'observent et le prennent en photo comme s'il représentait un attrait particulier. Nous quittons la nationale pour traverser Pontresina. C'est alors que Jean-Pierre s'aperçoit qu'il a un rayon de cassé à sa roue arrière du côté des pignons. Heureusement grâce au moyeu Maxicar la réparation est effectuée en quelques instants. L'arrivée à St Moritz est assez décevante. La route continue à descendre et la pluie s'est presque arrêtée. Nous marquons une pause près du lac pour prendre quelques photos de cette station aussi célèbre. De nombreux hôtels dominent la ville de leur masse cossue et gâtent un peu le cadre. Sans s'attarder, nous suivons la vallée Bregaglia et franchissons le Passo del Maloja, un col à 1815 m mais avec une pente si faible que l'on s'en aperçoit à peine. Par contre un peu plus loin, nous entamons une descente en lacets de quelques km avec une pente impressionnante. Nous continuons dans la vallée vers Chiavenna. Cette fois le soleil est bien revenu, nous pouvons ranger nos vêtements de pluie et sécher en roulant. A Piuno, un peu avant Chiavenna, l'hôtel Piuno nous inspire confiance. La chambre est simple et confortable, elle donne sur le vieux village et la montagne en arrière plan. La cloche de l'église égrène 2 fois toutes les heures, mais ça nous ne gênera pas pour dormir.
Pour avoir un vrai petit-déjeuner, nous devons attendre au moins 7h. Nous avons bien récupéré, nous étions couchés à 21h. A part la cloche du village qui a rythmé notre nuit, elle sonnait même les demi-heures.
Le buffet au petit-déjeuner avec des fruits est apprécié. Il ne manque que la charcuterie.
Nous décollons à 8h et dès la sortie du village, situé à moins de 340 m d'altitude, la pente se redresse pour monter au Splügen Pass à 2113 m. Nous en avons pour une trentaine de km. Heureusement, il fait beau et il n'y a pas trop de circulation. Il y a de nombreux tunnels en corniche et la route change souvent de pente. Nous traversons de nombreux petits villages et un peu avant le sommet du col, à Montespluga à 1908 m, au bord du lac du barrage construit à 1931, nous nous retrouvons pour faire des achats dans une épicerie. Il est près de midi, nous pique-niquons sur un banc dans le village. Nous aurons même la visite d'un hélicoptère qui viendra se poser dans le pré en face de nous. Avant de repartir nous allons prendre un café dans le bar voisin au moment où débute le match de foot de coupe du monde Corée du Sud/Turquie. Nous assistons au premier but marqué par les Turcs dans la première minute.
Nous entreprenons la dernière partie de la montée du Splügen Pass, il reste 200 m de dénivelé sur 3 km environ. La région est désertique, les montagnes environnantes couvertes de neige et de glaciers, tout cela donne un aspect grandiose.
La douane italienne est au sommet avec quelques maisons, mais aucune animation excepté quelques cyclos en vélo ultra léger qui font un tour de 150 km environ avec plusieurs cols au programme de la journée. La descente est enivrante tant les virages sont nombreux. Nous arrivons dans le premier village suisse, Splügen où nous avons quelques difficultés pour trouver la route départementale qui suit l'autoroute en direction du col San Bernardino. Après une petite sieste dans un sous-bois de sapins proche d'un torrent et de l'autoroute, nous retrouvons la départementale et roulons pendant un bon moment dans la vallée avant de trouver une pente sérieuse pour monter le col de San Bernardino à 2065 m. Nous avons environ 500 m de dénivelé sur près de 8 km avec une pente régulière et un bon revêtement. La circulation est peu importante. Comme précédemment la vallée est austère et l'environnement imposant.
Au sommet, la terrasse du café est animée par quelques groupes de motards et des touristes en voiture. Dans la descente les km défilent rapidement. Nous nous arrêtons à une adresse recommandée par Rossini à Locastello, l'Albergo Groven. C'est simple mais encore assez cher, nous sommes en Suisse !
Nous envisageons aujourd'hui une journée de semi-repos et nous commençons par mettre le réveil à 7h15.
Quand nous partons, il y a très peu de circulation. Les villages sont austères, les constructions en pierres grises avec parfois des toits en lauses, rappellent un peu l'Auvergne.
La route descend régulièrement et nous avançons à bonne allure. Il est prévu de traverser Bellinzona, Jean-Pierre est toujours à la recherche de sa carte des pistes cyclables suisses. Il souhaiterait passer à la gare pour y trouver son bonheur. Heureusement que nous avons évoqué la gare avant de partir car, à peine arrivés à Bellinzona, il prend une piste cyclable tandis que je continue sur la route beaucoup plus roulante et nous nous perdons. Je me rends donc à la gare où il arrive peu de temps après. Nous retrouvons un air du pays en achetant "Le Monde" que nous dégustons à la terrasse d'un café avec un chocolat.
Nous repartons vers Locarno en essayant de suivre les pistes cyclables mais elles ne sont pas toujours revêtues de bitume et les cailloux secouent et abîment les pneus. Finalement, nous reprenons la route où la circulation reste peu importante.
En arrivant à Locarno, nous flânons un peu et découvrons en ensemble sportif avec de nombreux stades, des courts de tennis, une piscine, un mur d'escalade, tout cela au bord du lac Majeur. Prés d'un bâtiment règne une ambiance de foire, nous découvrons un groupe de 40 à 50 vélos d'appartement chevauchés par des utilisateurs dirigés par deux jolies animatrices et un animateur bien bronzé avec un fond de musique pour rythmer le pédalage. J'ai l'impression de retrouver les cours de gym tonique de la télé animés par Véronique et Davina. Tout le monde est en collant de gym avec serviette-éponge et bouteille de boisson tonique à portée de main. C'est une population assez jeune dans l'ensemble, beaucoup de jolies filles, genre abonnées des salles de fitness. Nous posons nos bécanes chargées comme de mules pour enfourcher ces vélos d'appartement et faire un essai. A côté, il y a un stand Rebook qui vend des vêtements et autres accessoires de gym. Un autre stand vend des plats de riz ou de pâtes froides. Nous en profitons avant de poursuivre vers le centre ville. La promenade sur la piste cyclables qui longe le lac est agréable. Dans le centre ville, nous trouvons une borne d'information sur les hôtels ce qui nous permet de sélectionner quelques adresses dans notre gamme de prix. La première adresse est bon marché, bien située mais le patron peu avenant, nous fait nous sauver quand il prétend laisser nos vélos dehors attachés à des anneaux au mur de son établissement comme des chevaux de cow-boys devant un ranch. Il ne nous reverra pas.
Nous faisons affaire avec le suivant, plus souple et plus sympathique. Nous pouvons ranger nos vélos dans la salle du petit-déjeuner. La finale de la coupe du monde de foot est en train de se jouer, nous arrivons à la mi-temps du match qui oppose l'Allemagne au Brésil. Comme les chambres ne sont pas prêtes, nous avons le temps de manger quelque chose tout en regardant la deuxième mi-temps.
L'après-midi, nous allons faire un petit tour à pied au bord du lac en centre ville et nous profitons de ces heures tranquilles pour lire, installés sur un banc au bord du lac le long d'une promenade.
Vers 19h, nous regagnons l'hôtel pour le dîner que nous prenons sur la terrasse. C'est parfait pour profiter de l'ambiance province de cet endroit où les moineaux viennent picorer sur la table.
Après une journée de semi-repos et une nuit de 10h, nous avons bien récupéré mais la levée du corps demande encore quelques efforts.
Le petit-déjeuner est suffisamment copieux pour nous permettre d'affronter l'étape du jour avec 2 cols : le Piano di Sale à 935 m soit environ 700 m de dénivelé et le Druogno à 831 m avec une centaine de mètre à grimper.
Au démarrage, nous roulons pendant une vingtaine de km le long du lac Majeur. Il n'y a pas trop de circulation et nous pouvons admirer à loisir les magnifiques demeures bâties au bord de l'eau. La montagne tombe assez directement dans le lac, les habitations sont donc très souvent collées contre la falaise, chacune avec des astuces architecturales pour se préserver un petit coin de jardin. A Cannobio, nous quittons le lac et attaquons une grimpette dans le Val Cannobina. Les premiers km montent sérieusement. La vallée est boisée, étroite et sauvage. C'est la tranquillité, le temps est couvert, nous n'avons pas trop chaud. Dans un petit village, nous trouvons une épicerie ouverte, Jean-Pierre ne résiste pas. Nous achetons de quoi prévenir le coup de pompe : saucisson, pain, yaourts, bananes. Un peu plus loin, nous nous installons à la terrasse d'une maison aux volets clos. Une table et un banc, en bordure de route, nous permettent de manger confortablement. Nous devons rouler encore de nombreux km avant d'arriver au premier col et, un peu avant midi, nous faisons à nouveau les courses pour le pique-nique.
Nous trouvons juste avant le sommet du col, une aire de repos avec 4 tables, dans une pinède bien agréable. Le temps couvert et un petit vent rafraîchissent l'atmosphère et nous nous couvrons plus chaudement pour manger.
D'autres touristes suisses en voiture viendront s'installer sur une table voisine. Ils nous observeront du coin de l'œil, ce sont 4 personnes âgées qui n'arrêtent pas de jacasser.
Nous ne sommes plus pressés comme les jours précédents. Nous en profitons pour faire une petite sieste sans réveil programmé. Lorsque nous enfourchons nos montures, 4 cyclos, 3 hommes et une femme, tous à peu près dans la soixantaine, nous croisent et nous les entendons parler français. Ils s'arrêtent quelques centaines de mètres plus loin pour faire une photo. Nous faisons demi-tour et les rejoignons. Ce sont des Rennais, ils font également la randonnée Thonon-Trieste et en sont à leur deuxième jour. Ils s'intéressent aux braquets que nous avons. Leur femme les accompagnent en voiture, eux-mêmes ont donc peu de chose à transporter sur leur porte bagage. Ils n'ont pas d'étape prévue d'avance et comptent faire environ 70 km par jour.
Nous repartons pour atteindre le sommet du col à quelques centaines de mètres. Là nous trouvons un livre sur lequel les cyclistes peuvent laisser leurs impressions et leurs commentaires. Nous ne manquons pas de mettre les nôtres.
Ce sera ensuite une belle descente vers Santa Maria Maggiore où nous prenons un café avant d'attaquer une petite remontée vers le col le Druogno à 831 m. Nous dévalons ensuite vers le val Divedio pour trouver la route qui nous conduira au Simplon. Nous commençons la grimpette à partir de Masera jusqu'à Varzo 10 km plus loin dans la montée ce qui nous avancera pour demain.
Vers 17h, nous trouvons un petit hôtel rustique, en haut du village et en retrait de la route. La vue sur les montagnes en face et le chant des oiseaux nous font apprécier ce cadre bucolique.
Au réveil, quand nous ouvrons les volets, c'est la bruine mêlée au brouillard qui limite la visibilité à quelques dizaines de mètres. Il a plu pendant la nuit. D'après la patronne ce temps devrait s'améliorer en fin de journée.
Nous quittons l'auberge El Pasque à 8h et nous descendons un bon km pour rattraper la nationale qui monte au col. Les premiers km sont faciles, la pente est faible et la route est bonne. Puis la pente s'accentue, la vallée se rétrécit, on a l'impression de progresser au fond d'une entaille de plusieurs centaines de mètres de profondeur. Le ciel gris, complètement bouché, rend encore plus sombre ces fonds où le soleil pénètre difficilement. Après une bonne heure de montée, nous nous arrêtons pour prendre un café avant de franchir successivement la douane italienne puis quelques km plus haut la douane suisse. Chaque fois, ils nous font signe de passer comme si nous étions des citoyens au-dessus de tout soupçon. Vers 10h, nous sommes trempés autant par la bruine qui tombe que par la sueur de la montée. Nous décidons de recharger les batteries à Simplon Dorf après avoir quitté la route principale où la circulation des camions est assez dense. Nous trouvons une auberge qui propose une soupe goulasch à 7,5 FS (30 FF), ce n'est pas donné mais c'est chaud et à 10h30, ça complète le petit-déjeuner léger. Nous évitons au maximum d'emprunter la route pour rouler sur les pistes cyclables qui semblent monter vers le col mais elles sont mal signalées voire pas du tout et il faut la patience de Jean-Pierre pour, finalement, trouver la bonne, qui s'avère fort agréable, très tranquille et un peu sinueuse. Au sommet du col le compteur indique 31 km alors que par la route, il n'y en avait que 29. Nous sommes trempés mais pas transis. Au café du sommet où nous prenons un chocolat chaud, un motard français, nous indique que bientôt, dans la descente, nous retrouverons le beau temps. Il est midi, nous décidons de descendre un peu pour pique-niquer. En effet, rapidement la bruine s'arrête, le ciel est moins bouché et la température devient plus clémente. Nous nous arrêtons sur une aire bien aménagée pour le pique-nique. Néanmoins il ne fait pas très chaud. Jean-Pierre s'est mis toute sa garde robe sur le dos et même ses gants de ski.
Nous repartons dans le descente régulière à 9 %, nous filons à près de 50 km/h soit à peu près à la même vitesse que les camions qui descendent avec leur frein moteur. Dans les tunnels il fait plus froid et je profite d'un arrêt café pour mettre le bas de mon survêtement que je garderai jusqu'à Brig, une quinzaine de km plus loin. C'est un jolie petite ville avec son château qui a apporté une certaine prospérité à cette petite ville de transit de marchandises entre la Suisse et l'Italie. Nous la traversons à l'allure touristique avant de nous arrêter : Jean-Pierre a enfin trouvé sa carte des Vélotel de Suisse. Nous prenons un pot, il est 14h30, nous avons roulé 50 km, ça serait dommage d'en rester là. Nous poursuivons notre route en descendant la vallée du Rhône par la piste cyclable N° 1. Il fait beau, la piste serpente dans la campagne, traverse les petits villages, évite les villes et, en plus, nous avons le vent dans le dos.
N'ayant pas pointé notre carton de VI aujourd'hui, nous tentons une nouvelle expérience : faire tamponner notre carte dans un bureau de poste suisse pour comparer avec notre expérience italienne. La jeune postière nous fait la même remarque que sa collègue italienne, pour mettre un coup de tampon, il faut mettre un timbre. Nous n'acceptons pas, elle finit par trouver une solution et nous pouvons repartir avec notre coup de tampon !
Il est près de 17h et Jean-Pierre a le réservoir vide. Heureusement, nous arrivons à Susten où se trouve un vélotel, le Tenne. Nous nous y rendons directement en arrivant dans le bourg. Le bâtiment est en cours d'agrandissement et il n'y a personne à l'accueil. En faisant le tour de l'établissement, nous trouvons une porte ouverte qui donne accès à une discothèque avec lumière tamisée et jeunes femmes accortes prêtes à offrir leurs services…
Nous expliquons ce que nous cherchons à la patronne. Notre tenue de cyclo dépare un peu dans cet environnement. Elle nous montre la chambre, nous essayons de discuter le prix mais pas de rabais possible, seulement quelques compensations pour le breakfast de demain. Après une bonne douche et un peu de repos, nous descendons dans le bourg pour nous restaurer.
Le réveil sonne à 7h45 et malgré cette heure avancée, nous devons faire effort pour nous tirer du lit. Le petit-déjeuner, servi au rez-de-chaussée, est abondant et nous obtenons le supplément que nous demandons que ce soit du pain, des croissants, du beurre, du fromage ou des confitures.
Il est 8h45 quand nous démarrons, il fait beau, le ciel est un peu couvert, c'est un temps idéal pour faire du vélo. Nous reprenons la piste cyclable N° 1 vers Sion. Très souvent, elle longe le Rhône, et quelquefois l'autoroute ou la route nationale. Nous zigzaguons souvent pour passer à gauche ou à droite de la rivière. Il faut faire très attention aux panneaux, c'est le prix à payer pour rouler tranquilles hors des voies à forte circulation. Nous traversons Sierre avant d'arriver à Sion. Nous sommes en Suisse francophone, tout le monde autour de nous parle français, les panneaux publicitaires, les journaux, tout est en français. On se sent presque chez soi !
En quittant Sion, après avoir fait nos courses pour le pique-nique nous roulons dans une belle vallée glaciaire bien large où alternent cultures maraîchères, arbres fruitiers, industries, petits villages et, sur les pentes des montagnes environnantes s'étagent des champs en espalier, souvent couverts de vignes. Nous nous installons pour pique-niquer au coin d'un champ de foin, en retrait de la route pour pouvoir faire une sieste tranquillement.
Quand nous reprenons la route vers 13h45, l'horizon se couvre de nuages. Au bout de la vallée, vers Martigny, il semblerait qu'il pleuve abondamment. Le vent s'est levé et nous l'avons en face. Sur les longues routes droites c'est fatigant et monotone. Au niveau de Martigny, le Rhône et la route tournent à droite à angle droit pour remonter vers le Nord. La vallée se rétrécit et le vent comme dans un entonnoir souffle avec force et il tombe quelques gouttes.
A St Maurice, nous nous arrêtons quelques instants pour observer le monastère accroché à la falaise verticale d'environ 200 m de hauteur. A la sortie du bourg, le Rhône doit franchir un goulet d'étranglement entre des falaises verticales. Ce rétrécissement est occupé par un château fort moyenâgeux, la route et le fleuve. L'endroit était facile à contrôler. C'est alors que la pluie se met à tomber plus sérieusement. Pendant un bon quart d'heure, nous nous abritons sous un pont de chemin de fer où passe la pise cyclable. Nous pouvons ensuite repartir sans mettre nos vêtements de pluie.
A Monthey, nous obliquons vers la gauche pour remonter la vallée qui nous conduit au Pas de Morgins. Nous commençons la montée assez sérieuse mais régulière. Une pancarte nous indique Morgins à 15 km. Après 3,5 km de montée, nous atteignons le village de Troistorrents. Nous nous concertons rapidement pour en conclure que si nous trouvons un établissement dans nos prix, nous pourrions faire étape ici. Après moult discussions avec l'employée de "l'hôtel de la Bourgeoisie", nous parvenons à trouver une place à l'intérieur pour nos vélos et nous acceptons les conditions. Finalement, pour le même prix, nous prenons deux chambres. Elles sont confortables et pour nous consoler du prix élevé, la pluie se met à tomber très sérieusement.
Nous avons bien dormi, mais la pluie a dû tomber pendant une bonne partie de la nuit et quand j'ouvre les rideaux, il bruine encore. Nous prenons un petit-déjeuner aussi copieux que possible car nous savons qu'une bonne montée nous attend jusqu'à Morgins et, d'autre part, nous ne sommes pas pressés de partir à cause de la pluie et c'est notre dernière étape. Ce n'est qu'à 9h10 que nous donnons nos premiers coups de pédales. Il reste 11 km de montée. Le Pas de Morgins est à 1371 m.
Au sommet du col, nous passons la douane suisse et profitons de l'occasion pour pointer la dernière case de la carte Rossini : Trieste-Thonon. Comme ça passe vite. Le douanier s'intéresse à notre voyage, comme ses collègues français un peu plus loin qui semblent eux plus passionnés de vélo. Ils nous disent combien notre voyage leur fait envie.
Nous faisons une pause-café à Châtel. Nous avons le temps devant nous et, arriver à Thonon à midi ne nous enchante guère. Jean-Pierre a étudié la carte pour trouver quelques diverticules proposés par Rossini : le col de Taillez et le belvédère des Réchauffé d'où l'on a une vue magnifique sur une grande partie du lac Leman. Du belvédère, on aperçoit un restaurant en dessous de nous. La descente ne demande que quelques minutes alors qu'il nous a fallu près d'une heure pour monter. Il est 13h30 et, depuis un certain temps Jean-Pierre roule en état de manque de carburant. De notre table, nous avons une belle vue sur la vallée et la montagne en face. Nous prenons notre temps et ce n'est que vers 14h45 que nous reprendrons la route en direction de Thonon.
L'arrivée à Thonon est agréable. La circulation n'est pas trop dense et nous parvenons facilement au syndicat d'initiative où nous pointons une dernière fois nos 2 cartes celle de Rossini et le VI (voyage itinérant). Un passage à la gare, nous permet de décider comment nous allons terminer notre voyage. Nous passerons la nuit à Annemasse et reprendrons le train demain matin. Nous poursuivons donc notre agréable promenade en prenant une petite route vers Genève qui suit a plus près les bords du lac. Cette route supporte quand même une circulation assez dense et elle est souvent éloignée de quelques centaines de mètres du bord de l'eau.
A Yvoire, nous circulons dans la cité médiévale le vélo à la main. Le beau temps et le début des vacances attirent beaucoup de touristes dans ces rues très commerçantes. Nous sommes interpellés par des touristes d'un certain âge qui s'intéressent à note voyage et, à leur tour, ils nous racontent leurs périples cyclotouristes en Europe et surtout en Europe de l'Est avant la chute du rideau de fer. Ils semblent être d'authentiques randonneurs.
L'endroit est joli mais il est déjà plus de 17h et il reste du chemin à faire pour arriver à Annemasse. En suivant cette route au bord du lac, nous pénétrons à nouveau en Suisse et, comme précédemment, les panneaux indicateurs ignorent la France. Nous avons du mal à nous retrouver dans cette succession de petites villes de la banlieue de Genève. Nous nous orientons en fonction du soleil ! Heureusement un groupe de 3 cyclos accepte de nous accompagner un bout de chemin et ils nous font passer la frontière à un poste fermé. Encore une fois, nous sommes frappés par le contraste : la campagne paisible côté suisse, l'urbanisation d'Annemasse côté français.
Prés de la gare, nous trouvons un hôtel qui a de la place pour nous et nos vélos. Un restaurant à proximité propose des pizzas et des pâtes fraîches, nous sommes comblés !
Au petit-déjeuner, le gardien, qui doit avoir environ 70 ans, semble connaître la région, les routes et les cols comme sa poche. Avec Jean-Pierre, c'est à celui qui citera le plus précisément les itinéraires de telle ville à telle autre ville avec les cols à franchir, les distances, l'accessibilité des routes aux camions, les virages dangereux, etc. Nous passons près d'une heure à prendre le petit-déjeuner (c'est certainement la première fois qu'on ne demande pas du rab !) et à régler.
Nous arrivons à la gare d'Annemasse un peu avant 9h et notre train pour Lyon est à 9h38. C'est là que les problèmes commencent. Deux guichets sont ouverts mais certains clients viennent pour des renseignements et occupent l'employé pendant un temps très long. Aux machines automatiques, j'obtiens sans difficulté mon billet pour St Etienne. Par contre, Jean-Pierre se trouve dans une situation de blocage avec la jeune employée qui lui annonce qu'il ne pourra pas regagner Paris en train avec son vélo ! Les renseignements de Thonon sont donc erronés. Finalement, il prend un billet de TER jusqu'à Lyon Part-Dieu. Il verra ensuite pour poursuivre son parcours du combattant avec la SNCF jusqu'à Paris.
Et, ce qui me concerne, j'arrive à St Etienne vers 13h. Je retrouve l'une de mes filles, Hélène qui est venue m'attendre. Nous prenons un verre ensemble, j'avale un sandwich et je lui confie mes deux sacoches avant. Elle viendra accueillir Chantal à son arrivée par le TGV vers 16h. Quant à moi, je regagne St Bonnet en vélo.
J'ai du mal à réaliser que la boucle est bouclée. Je me sens en pleine forme et je me demande comment je vais faire sans passer plusieurs heures chaque jour sur mon vélo. Depuis le 20 juin, mon compteur indique 1400 km de parcourus, nous avons grimpé 48 cols dont 20 dépassent les 2000 m soit un dénivelé de plus de 23000 m. Heureusement, le WE prochain, je participerai au BCMF de Feurs. Quelques beaux coups de pédale en perspective ! En attendant d'autres activités m'attendent à Chazol et j'ai de quoi occuper mes semaines d'été. Déjà, nous avons évoqué avec Jean-Pierre une autre belle randonnée du même genre pour l'an prochain : Antibes-Thonon par exemple. Et pourquoi pas un peu de cyclo-camping, une autre façon de goûter de la liberté à vélo.
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