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RANDONNÉE ALPINE ANTIBES THONON
Juillet 2003
(Lien vers la randonnée Trieste-Thonon de l'été 2002)
De la Méditerranée à l'Adriatique, une liaison de deux randonnées cyclistes sur des itinéraires conçus par G. Rossini du club les Cyclos Randonneurs Thononais, essentiellement sur des routes de haute montagne pour réaliser la traversée intégrale de l'arc alpin. L'an dernier, Jean-Pierre et moi avons réalisé la partie Trieste-Thonon qui nous a laissé un excellent souvenir et l'envie de compléter dès que possible. L'opportunité de le faire s'est représentée cette année.
Je suis parti de Paris le 23 juin avec Olivier, Pascal, Guy et Réjane pour faire la flèche Paris-Briançon. Dès le départ, il était prévu de poursuivre jusqu'au col d'Allos, dernier BPF d'Olivier, un moment historique, que nous avons été heureux de partager avec lui et avec son père Jean-Louis. Jean-Pierre, pour des raisons professionnelles, nous a rejoint à Briançon et nous a accompagné jusqu'au col d'Allos. Nous avons poursuivi ensuite à deux pour rejoindre Antibes, point de départ de la randonné alpine jusqu'à Thonon, tandis que les autres rentraient travailler.
Jeudi 3 juillet
Ce matin, à l'hôtel l'Alpillon de Barcelonnette, le réveil s'effectue en deux vagues : Olivier, Pascal et Jean-Louis d'abord qui vont partir en reconnaissance dans le col d'Allos. Jean-Pierre et moi ensuite. Jean-Pierre répare la chambre à air de sa roue avant. Jean-Louis se propose de faire les courses pour le pique-nique au sommet du col. Pascal et Olivier s'élancent les premiers sur la route du col, Jean-Pierre et moi les suivrons plus tard. La route est peu fréquentée et grimpe régulièrement et sérieusement. Nous mouillons le maillot mais, avec l'altitude, la fraîcheur se fait sentir. Il nous faut environ deux heures pour monter de 1100 m et atteindre le sommet où nous retrouvons tout le monde. Olivier est tout à sa joie d'avoir terminé ses BPF. Il y a un peu plus de 16 ans qu'il a commencé. Ici, au col d'Allos, il est malheureusement impossible d'avoir un coup de tampon, la photo remplacera le cachet…
La terrasse d'un restaurant sans clients, nous permet de déguster notre pique-nique, confortablement installés au soleil avec la fraîcheur de l'altitude. Apéritif, champagne, le repas se prolonge. Trois cyclos avec sacoches s'arrêtent pour pointer, ils font Antibes-Thonon et sont partis depuis mardi.
Après une sieste d'un quart d'heure, ce sont les adieux et la séparation. Jean-Pierre et moi descendons par l'autre versant, tandis qu'Olivier, Pascal et Jean-Louis repartent par le même chemin qu'à la montée en direction de Gap.
La descente est rapide et les paysages très jolis. Nous traversons la station d'Allos, le vieux village de Colmars avant d'affronter une nouvelle côte pour passer le col de la Colle St Michel. De là nous empruntons un chemin de terre pour aller chercher le col de Rente à un peu plus d'un km. Nous l'atteindrons à pied, l'endroit est bucolique ! Une dame d'un certain âge, à qui nous demandons un peu d'eau, nous explique qu'elle est venue des Deux-Sèvres pour être près de son fils qui avait choisi d'être berger dans cette région. Elle est heureuse d'avoir fait ce choix.
Un peu plus loin, un petit village, Le Fugeret (838m), possède un gîte d'étape qui nous inspire. Il y a de la place, le gérant est sympa, nous avons roulé 80 km aujourd'hui, l'endroit est calme, au milieu du village et nous avons du temps pour faire la lessive avant le dîner.
Nous prendrons le repas simple et copieux sur la terrasse du gîte qui est une partie de la place du village. Les enfants jouent à proximité et les adultes discutent ou font quelques pas pour profiter de la fraîcheur du soir. Nous nous sentons vraiment dans le midi.
Avant de nous coucher, j'envois quelques SMS, notamment à Pascal et Olivier qui m'ont appris à utiliser ce moyen de communication.
Vendredi 4 juillet
Notre chambre donne sur la place et la route cela ne nous empêche pas de faire sécher notre lessive sur des cintres suspendus à la barre des rideaux. Les lits sont confortables. Le réveil sonne à 7h, nous avons bien récupérés. Le petit déjeuner à 7h45, est pris sur la terrasse avec des marcheuses qui randonnent dans la région. Avant de se mettre à table Jean-Pierre change sa chambre à air AR, sa valve est cassée ;
Nous avalons deux baguettes avec beurre, confiture, café au lait et thé à volonté. C'est une très bonne adresse avec un excellent rapport qualité/prix.
Au programme de la journée, rejoindre Antibes pour prendre le départ de la randonnée G.Rossini, Antibes-Thonon. Nous continuons à descendre vers la mer. Annot, BPF à quelques km de notre étape, est un village médiéval. Nous flânons un peu au centre, autour de l'église, dans des petites ruelles très pentues avant de pointer nos cartes dans un café. Une douzaine de km plus loin, Entrevaux fut fortifié par Vauban, le temps d'une photo et nous poursuivons vers Puget-Théniers où nous repasserons prochainement.
Après Villars-sur-Var, nous obliquons vers le sud et la route passe par deux tunnels dont l'un d'un km et l'autre d'un peu plus de 300 m. C'est désagréable, on ne se sent pas en sécurité même s'ils sont éclairés comme c'est le cas ici.
Nous roulons à plus de 25k/h de moyenne et, en fin de matinée, nous avons déjà plus de 65 km au compteur. Nous faisons nos courses et pique-niquons sur la place de St Martin-du-Var, à l'ombre des platanes.
A Carros, nous passons sur la rive droite du Var jusqu'à Laurent-du-Var et, c'est par la N7, puis par le bord de mer que nous gagnons Antibes. Après l'énorme ensemble de la baie des Anges, nous faisons une pause. JP se désaltère, j'en profite pour prendre un bain dans la Méditerranée. Il y a peu de baigneurs, l'eau est fraîche, c'est agréable.
Après une visite rapide à l'office du tourisme, nous tâtonnons un peu pour trouver la bonne route vers Biot, derrière la gare, là où commence la randonnée. Très rapidement, nous attaquons la grimpette, il nous faut monter de 400 m pour arriver à Grasse dont une dernière côte assez raide avant de pénétrer en ville. Jean-Pierre a retenu par téléphone à partir d'Antibes, une chambre à l'hôtel Les Palmiers. L'établissement est situé dans la ville haute à flan de colline. Nous arrivons par l'entrée haute qui est fermée. L'entrée basse, nous oblige à monter les vélos sur l'épaule pour les mettre dans un petit jardinet terrasse, une dizaine de mètres plus haut, où ils passeront la nuit.
Après une bonne douche, nous descendons à pied en ville pour dîner. Nous trouvons un petit restaurant qui sert des spécialités italiennes avec des frites. Heureusement que nous sommes accommodants car le choix proposé sur le menu est restreint.
Retour à l'hôtel vers 21h30, l'endroit est calme, nous pouvons dormir la fenêtre ouverte. Néanmoins, cet établissement est à déconseiller : le prix varie entre la réservation et le paiement de 42 à 45 €, un petit-déjeuner frugal pour 5 €, pas de salle de bain, juste un petit box avec WC, douche et lavabo dans un coin de la chambre heureusement assez spacieuse.
Samedi 5 juillet
En quittant Grasse, nous grimpons au col du Pilon (782m) où nous rencontrons deux cyclos niçois qui sillonnent régulièrement la région. A St Vallier, à une douzaine de km de Grasse, nous quittons la route Napoléon pour remonter vers le nord en direction de Puget-Théniers et franchir quelques cols. Nous avons une soixantaine de km sans beaucoup d'habitations et une supérette Casino à St Vallier nous permet d'acheter ce qu'il faut pour le pique-nique ainsi que des piles pour notre éclairage et le Palm de Jean-Pierre. Puis c'est la montée, régulière sur une petite route sans ombre jusqu'au col de Ferrier (1040m), ensuite, nous roulons à flan de colline sur des faux plats. Le col de la Sine (1080m) se passe sans que je m'en aperçoive. C'est très roulant, sauvage, avec très peu de circulation excepté quelques cyclistes. Au col de Bleyne (1435m), nous sommes au point culminant de la journée. C'est là que nous pique-niquons, sous les arbres près d'une stèle où fut abattu un avion américain par la DCA allemande pendant la dernière guerre. La sieste se prolonge un peu l'endroit est tellement agréable ! Nous quittons les lieux après 1h30 d'arrêt.
La route de l'après-midi est encore plus jolie que celle du matin. C'est plus sauvage et plus grandiose. Nous rencontrons un groupe de jeunes qui font du cayonning et qui nous expliquent les raisons de leur passion. Un peu plus loin, nous assistons à un sauvetage en hélicoptère de l'un d'entre eux qui s'est cassé la jambe en descendant une cascade. L'adjudant de gendarmerie que nous interrogeons sur cet accident semble très désabusé. Selon lui, 50% des gens se lancent dans ces aventures risquées et dangereuses sans préparation ni moniteur. Les accidents sont nombreux et les opérations de sauvetage sont payées par nos impôts…
A Sigale, un petit village de 170 habitants, situé avant le col St Raphaël, c'est la journée vide greniers. Nous cherchons à prendre un café mais les quelques établissements rencontrés jusqu'à maintenant sont tous fermés. Sur la place du village se tiennent la buvette et les tables pour le repas. Nous nous arrêtons pour prendre deux Cocas en discutant avec quelques autochtones qui s'intéressent à notre voyage. Ils nous offrent gracieusement une grosse assiette de frites. L'ambiance est bonne enfant, nous sommes un peu les animaux de cirque de passage.
Après le col St Raphaël, c'est la descente vers Puget-Théniers. Le gîte où nous comptons descendre n'existe plus. A la maison du tourisme, nous obtenons les coordonnées et une réservation à l'hôtel Laugier sur la place au centre du bourg.
Après la douche et la lessive traditionnelles, nous partons à la recherche d'un restaurant. Il nous faut tourner un peu avant de trouver l'établissement qui draine petit à petit la clientèle la plus nombreuse par rapport à ses voisins. Compte tenu du WE, nous réservons pour demain soir une chambre d'hôtel à St Etienne-de-Tinée dans le parc du Mercantour.
Merci M. Rossini pour cette belle route dans des sites sauvages, parfois grandioses presque sans circulation automobile sur ces petites routes entre St Vallier et Puget-Théniers : 80 km de cyclotourisme sportif car nous avons gravi plus de 2000 m de dénivellation depuis Grasse.
Dimanche 6 juillet
Le réveil sonne à 6h30, hier soir l'animation sur la place du village, à quelques pas de notre fenêtre entrouverte ne nous a pas gênés. L'hôtel ne pouvant pas nous servir de petit-déjeuner aussi tôt, nous achetons deux bonnes pâtisseries et une boissons chaude au café avant de démarrer. J'arrive même à trouver une carte SFR. Les 7 premiers km, sur la nationale que nous avons empruntée pour descendre à Antibes, nous amènent aux Gorges Supérieures du Cians qui montent vers le nord. C'est d'abord un faux plat, puis la pente s'accentue. Nous roulons entre deux parois verticales très hautes, une centaine de mètres peut-être, avec la rivière qui creuse son lit à droite de la route. Il y a peu de circulation et les petits tunnels construits récemment de 1990 à 1998 se passent sans danger. Au Pra d'Astier, la pente se redresse et oblige de rouler sur la moulinette. L'arrivée à Beuil, perché sur un piton, impressionne pourtant la route y monte sans difficulté particulière. J'attends Jean-Pierre pour faire les courses ensemble. Tous les commerces sont ouverts, je peux même retirer de l'argent dans un bureau de tabac à défaut de distributeur automatique.
Nous trouvons tout ce que nous voulons à la petite épicerie boucherie du village avant de reprendre la route vers le col de la Couillole (1678m) à 7 km de Beuil (1450m).
Au col; nous nous installons dans un pré sous l'auberge "le relais des neiges" pour pique-niquer et faire la sieste. Avant de repartir, nous allons prendre un café à l'auberge dont la patronne est très accueillante. Son établissement est ouvert hiver comme été. Elle voit passer beaucoup de cyclos, elle dispose d'une dizaine de chambres et ses tarifs très compétitifs. Nous prenons ses coordonnées pour les proposer à G. Rossini.
La descente sur St Sauveur est impressionnante, très pentue, avec beaucoup d'épingles à cheveux. Les villages de Roubion et de Roure perchés au-dessus de la route se confondent avec les rochers.
A St Sauveur, nous franchissons le pont sur la Tinée et, sans pénétrer dans le village, nous attaquons la pente douce vers Isola. Il ait très chaud au fond de cette vallée, la faible pente et le bon revêtement permettent de maintenir une bonne allure. A Isola, petite pause sur une aire de pique-nique appréciée par les motards de passage. JP préfère l'ancienne route qui traverse le village plutôt que la déviation. Le village d'Isola est plus important que nous le pensions.
Il nous reste une quinzaine de km pour atteindre St Etienne de Tinée. Nous montons régulièrement avant de redescendre 2 km avant St Etienne. Notre hôtel "le Stéphanois" est en plein centre. C'est un établissement très simple, la patronne est accueillante, nous choisissons la demi-pension. Il n'est que 17h quand nos affaires sont déchargées. Une bonne bière, à la terrasse d'un café nous permet de prendre contact avec les lieux.
Encore une belle journée de randonnée, l'altimètre de Jean-Pierre affiche un dénivelé positif de 2072 m.
Lundi 7 juillet
Dans cet hôtel séjourne un groupe d'une dizaine de marcheurs de St Etienne. Certains d'entre eux sont occasionnellement cyclistes et connaissent bien les routes que nous allons emprunter.
Nous quittons St Etienne de Tinée (1144m) un peu avant 8h30 pour grimper immédiatement vers le col de la Bonnette. Nous nous regroupons au hameau de Bousseiyas où ne trouvons rien pour nous ravitailler. Plus loin, au col des Fourches, nous laissons nos vélos pour un petit diverticule à pied de 20' pour aller jusqu'au col où nous voyons un bel exemple de vallée glacière. Finalement à 12h3O, nous arrivons au col de la Bonnette à 2802m et nous poursuivons jusqu'à la cime et prenons une photo devant la stèle. Jean-Pierre discute avec un cyclo anglais avant de redescendre pendant que je monte à pied jusqu'à la table d'orientation à 2882m où la vue à 360° permet de balayer tous les Alpes.
Dans la descente, Jean-Pierre doit changer son pneu arrière, j'en profite pour aller à pied jusqu'au col de Restefond et prendre une photo de la vallée glacière.
Il se fait tard, nos estomacs sont creux, dans la descente nous nous arrêtons à halte 2000, une auberge très simple qui offre soupe, tourte aux pommes de terre, omelette. L'établissement fonctionne de juin à septembre et se transmet dans la famille depuis plusieurs générations.
Nous redescendons vers Jausiers, Jean-Pierre crève une nouvelle fois dans la descente. Nous achetons quelques vivres avant de nous lancer dans la montée du col de Vars que nous avons fait la semaine dernière dans l'autre sens. Il n'y aura pas de possibilité de ravitaillement en cours de route.. Il fait chaud, surtout au fond de la vallée, nous aurons un peu d'air frais au col après une vingtaine de km de grimpette dont les 5 derniers sont particulièrement difficiles à cause du vent de face et la pente à 9 ou 10%.
Après une pause collation avec boisson et riz au lait, nous descendons à l'hôtel Edelweiss à Vars Ste Marie quelques km su dessous du col. La buvette du col l'Igloo et l'hôtel appartiennent au même propriétaire, un homme du crû avec un bon accent paysan.
Nous sommes ses seuls clients, il nous a préparé un excellent et abondant dîner et nous tient la conversation pendant que nous mangeons.
Mardi 8 juillet
Le temps est toujours au beau, nous prenons le petit déjeuner à 7h les vélos étant chargés ce qui nous permet de parti dès 7h45. C'est la descente jusqu'à Guillestre pendant une dizaine de km puis on remonte la vallée du Guil, sauvage mais jolie. Un peu avant Château Queyras, la route pour l'Izoard part à gauche et le pente s'accentue. Nous faisons notre ravitaillement à Arvieux (1544m) avant d'attaquer les 11 km de montée assez forte sous un soleil de plomb et avec des nuées de mouches qui accompagnent normalement la transhumance des moutons en cette saison. Très rapidement les pentes sont arides et pierreuses, la Casse déserte est impressionnante, aucune végétation, des blocs de pierres, des éboulis et la route à flan de colline qu décrit un grand arc de cercle avant de reprendre la montée. Nous arrivons au sommet du col vers 11h30 et faisons comme les nombreux cyclos hollandais ou belges, une photo devant la stèle. Après avoir pointé toutes nos cartes en buvant un coca bien frais, nous repartons dans la descente avec l'espoir de trouver un endroit accueillant pour pique-niquer. Après quelques km, une belle clairière avec un replat nous arrête. L'endroit est assez spacieux pour accueillir plusieurs voitures de touristes, italiens notamment qui pourront s'installer sans nous gêner. Nous préparons notre salade composée quotidienne ; tomates, tabou let, haricots blancs, thon nature et à la sauce tomate, tout cela accompagné de sandwiches au jambon et de chips. L'endroit herbeux est très commode pour faire la sieste en nous protégeant des mouches grâce à nos papillotes. C'est divin !
Vers 13h45, nous repartons dans la descente jusqu'à la première auberge où nous pouvons prendre un café en terrasse au milieu des motards. Nous poursuivons ensuite jusqu'à Briançon où nous souhaitons acheter pneus et chambres à air en vue de la fameuse route Sestrières Susa qui n'est pas bitumée. Des autochtones nous indiquent 2 centres commerciaux où l'on peut trouver ces choses. Le plus simple consiste à suivre le torrent qui nous amène à l'un de ces centres à 2 km. A l'arrivée Jean-Pierre est furieux d'avoir descendu quelques mètres par rapport au nominal. Le magasin de sport Winner du centre commercial me permet d'acheter le même pneu que ceux que j'ai mais Jean-Pierre ne trouve pas satisfaction.. En repartant vers la route de Sestrières, nous ferons 2 autres magasins pour finalement trouver un vélociste qui lui vend un pneu rigide de 700x25 à défaut d'un pneu à tringle souple. Il change son pneu et nous quittons Briançon vers 16 h.
En sortant du magasin, nous attaquons une côte toute droite avec une pente impressionnante. En démarrant avec un rythme cardiaque au ralenti, je m'asphyxie et suis obligé de m'arrêter pour reprendre mon souffle. En haut Jean-Pierre constate que ce n'était pas la bonne route... nous rectifions le tir en traversant la vieille ville haute, très animée. Nous rattrapons la route qui nous mène vers le col de Montgenève. Les Ponts et Chaussées font d'importants travaux qui imposent une circulation alternée à plusieurs endroits. La montée est plus forte au départ, nous devons nous élever de plus de 500 m par rapport à Briançon. Montgenève est une station de sports d'hiver d'une certaine importance. Nous nous installons sur une aire de pique-nique pour déguster notre riz au lait au caramel et reprendre des forces.
La descente dans la vallée est rapide et il nous faudra remonter plus de 700 m pour atteindre Sestrières vers 19h30. Jean-Pierre fait une pause thé au village avant Sestrières. L'hôtel le Sud-Ouest, où nous avons retenu, est recommandé par G. Rossini. L'établissement est perché en haut de la ville. Le patron est accueillant, cycliste lui aussi, il nous donne quelques conseils pour demain et nous encourage à tenter la route des crêtes jusqu'à Susa. Pour nous faciliter l'intendance, il nous prépare des sandwiches car il n'y a aucune possibilité de ravitaillement lorsque nous serons sur les hauteurs.
Le dîner dans un restaurant voisin, "la Colombière" est apprécié. Le cadre ne manque pas de standing. La ville de Sestrières est une importante station de sports d'hiver avec de nombreux hôtels dont l'architecture n'est pas toujours intégrée correctement dans l'environnement.. Nous ne tardons pas à nous mettre au lit car les 102 km avec 2700 m de dénivelé nous ont vannés.
Mercredi 9 juillet
Nous avons l'impression d'être les seuls clients de l'hôtel. L'établissement est de standing. Le patron a réussi à balayer nos hésitations à prendre la route des crêtes avec nos vélos de route avec des pneus à petite section. Après les dîner, nous discutons avec lui, les sandwiches sont prêts, le petit-déjeuner sera à notre disposition dès 7h demain matin, le liquide dans un thermos.
Lorsque, nous enfourchons nos vélos vers 7h45, il fait un peu frais mais le soleil illumine les montagnes environnantes. Après quelques tâtonnements, nous trouvons le bon chemin de terre qui nous mènera après 7km et 400 m de dénivelé au Colle Basset à 2424 m, l'une des extrémités de cette ancienne route militaire italienne destinée à les protéger des envahisseurs de l'ouest, les savoyards. La route est caillouteuse, sinueuse avec des pentes variables notamment en approchant du sommet. Nous y parviendrons sans presque mettre pied à terre sauf à la fin à cause de la pente et des cailloux sur lesquels patinent nos roues.
Au col, il fait très frais, une station de télésiège occupe le sommet. Les sièges sont démontés et entassés par terre. Les indications de direction sont succinctes et il nous faut réfléchir un moment pour choisir la bonne piste pour poursuivre notre route. Par la suite, les problèmes d'orientation seront plus simples, les mauvaises pistes sont interdites par des barrières. Pendant un moment, nous roulons de concert avec un vététiste italien qui nous sèmera dans la dernière descente grâce à ses gros pneus. Ainsi, nous allons de col en col, une dizaine à plus de 2000 m, jusqu'à la Testa dell Assietta à 2550 m, le plus haut de la journée. Ce nom est bien indiqué pour pique-niquer. Nous montons à pied jusqu'au sommet dominé par une stèle militaire et une table d'orientation. Le vent frais, nous incite à manger vite pour repartir en descente. Celle-ci sera interminable et dangereuse à cause des cailloux qui font déraper nos roues trop étroites pour de tels chemins. Nous nous arrêtons régulièrement, nous avons mal aux bras et la mécanique est très sollicitée. Nous croisons des motards qui chevauchent d'antiques motos sur cette route mythique. Pendant très longtemps, nous roulons en suivant une courbe de niveau, puis il faut descendre à nouveau vers la Finestre. Il nous faudra remonter de quelques centaines de mètres pour atteindre ce dernier col de la Finestre à 2176 m. Il nous reste prés de 18 km de descente non-stop jusqu'à Susa à 500 m ! La route très caillouteuse et souvent très pentus m'occasionne plusieurs crevaisons de suite d'abord par pincement puis par échauffement des jantes qui font décoller les rustines. J'utilise toutes les chambres à air de secours. Finalement, alors que nous étions à 12 h au col Testa dell Assietta, nous n'arriverons que vers 16 h au village au-dessus de Susa. Le tonnerre gronde et si nous quittons Susa, il nous faut grimper 1200 m de dénivelé sur la route du Mont Cenis pour trouver un point de chute. Compte tenu des réparations et du nettoyage de nos montures, nous décidons de nous arrêter dans le premier village où nous trouvons une auberge qui peut nous accueillir. C'est un établissement un peu vieillot, tenu par une personne d'un certain âge, très gentille. Le soir, au repas, nous seront une douzaine dans la salle à manger. Nous pouvons faire nos réparation de chambres à air, nettoyer un peu les vélos couverts de poussière et récupérer de cette journée harassante.
Notre sentiment sur cet itinéraire facultatif est ambivalent. Nous sommes fiers de l'avoir fait, ça nous semble un exploit surtout avec nos vélos. Il nous paraît cependant à déconseiller à des cyclos avec des pneus à petite section. Nous avons eu la chance d'avoir du beau temps, bien que les nuages de chaleur nous aient empêchés de voir au loin. Les paysages traversés sont austères, sauvages avec peu de végétation au sommet. C'est une journée de vélo nature, heureusement que nous avons rencontré peu de 4x4 et de motards en trial qui soulèvent des nuages de poussière.
Jeudi 10 juillet
Hier soir nous étions fourbus et nous nous sommes couchés vers 21h30, dès le repas et les réparations terminées. Malgré les trains qui passaient à proximité de l'hôtel et malgré l'animation italienne dans la cour de l'hôtel, nous nous sommes endormis immédiatement. Ce matin réveil à 6h30 et petit-déjeuner à 7h. La roue arrière qui m'a donné tant de soucis à réparer semble tenir. Nous démarrons à 7h30 par une grande descente vers Susa et, immédiatement, c'est la montée vers le Mont Cenis, 16 km de grimpette de 400 m à 2080 m à la moyenne de 550 à 600 m à l'heure sans les arrêts.
Nous arrivons au sommet vers 10h30/45 et, après ces heures d'effort, une bonne assiette de charcuterie, fromage et frites nous remet en forme avant de reprendre la route vers Lanslevillard (1479m) où nous achetons quelques provisions pour les reste de la journée : yaourts à boire, riz au lait et fruits. Une longue route qui suit l'Arc sur une vingtaine de km et franchit le col de Madeleine (1677m), nous amène à Bessans (1720m) puis Bonneval sur Arc (1835m). C'est un joli village, les habitations sont construites avec homogénéité de style avec les pierres du pays et les toits en lauses. Ensuite le route s'élève en lacets successifs, la pente est constante et rude, le sommet paraît bien loin, on ne le voit qu'à la fin. Heureusement un petit vent frais de face à l'approche du col redonne du souffle. Nous atteignons le col le plus haut d'Europe (selon les 2 hôtesses du bar), 3753m vers 16h. Il y fait froid et un bon thé accompagné d'une part de tarte nous fait le plus grand bien avant de nous lancer dans la descente vers Val d'Isère où nous nous poserons pour la nuit dans un hôtel de bon standing.
Nous sommes satisfait de cette journée avec deux cols importants et 3116 m de dénivellation en partant de Susa situé dans un véritable trou (500m).
Vendredi 11 juillet
Malgré le prix, 52 € par personne pour la demi-pension, nous sommes satisfaits de l'hôtel. Le repas du soir fut copieux et le petit-déjeuner en libre service nous permet de prendre avant de partir un véritable repas. Hier soir en dînant nus avons fait connaissance avec notre voisin de table, un cyclo de Bayonne qui fait seul le tour de France. Il est parti le 23 juin et espère terminer début juillet. Ancien enseignant en retraite, il a de nombreuses classiques à son palmarès : 3 Paris-Brest-Paris, 2 ou 3 Bordeaux-Paris, des BCMF, il terminé tous ses BPF… Nous le revoyons au petit-déjeuner, nos chemins ne font que se croiser, il monte l'Iseran. Nous quittons l'hôtel vers 7h45 pour aller retirer de l'argent à un DAB. Jean-Pierre qui a passé quelques vacances de sports d'hiver à Val d'Isère, il y a une trentaine d'années, a du mal à reconnaître le bourg d'aujourd'hui. Les nouvelles constructions, en pierres avec des toits de lauses, s'insèrent bien dans l'environnement. Nous descendons la vallée en traversant d'autres bourg comme La Daille avec ses grands immeubles, style Grande Motte. Un certain nombre de tunnels, paravalanches jalonnent la route au niveau du lac du Chevril et de Tignes. La descente se poursuit pendant plus de 20 km jusqu'à Bourg St Maurice que nous laissons à notre gauche pour prendre la route vers le Cormet de Roselend. Il est 9h45, nous avons 1100 m à grimper sur 20 km pour arriver au col à 1968 m. Certains passages sont particulièrement pentus, d'autres nous offrent un peu de plat ou de descente. Nous arrivons au sommet après 2 heures d'efforts, pas de restaurant seulement un marchands ambulant de bonbons et, comme en haut des autres grands cols, de nombreux cyclistes hollandais sur des vélos de course, accompagnés d'une fourgonnette qui transporte l'intendance.
Après une petite pause, nous nous lançons dans la descente et trouvons un peu plus bas le gîte du club alpin au Plan de la Lai. Nous pouvons manger une côte de porc avec deux portions de gratin dauphinois. La descente se poursuit avec quelques replats, nous roulons sur la digue du barrage de Roselend avant de grimper au col du Pré (1703m) un centaine de mètres plus haut. Nous sommes vraiment au milieu des prairies, les paysans font les foins. C'est l'occasion pour nous de faire une petite sieste comme d'autres randonneurs marcheurs à l'ombre d'un petit bosquet.
Ce sera ensuite la descente rapide et sinueuse vers Boudin et Arêches avant de retrouver un route plus facile jusqu'à Beaufort (743 m) où nous faisons le plein d'eau avant d'attaquer le col des Saisies (1633 m). Il fait chaud, nous faisons une pause à mi-route à Hauteluce sur une aire de pique-nique.
Nous atteignons le col un peu avant 17h. A la terrasse du café où nous nous désaltérons avec un litre de San Pelegrino, nous pouvons observer, en face de nous, l'animation des aires de jeux des enfants, les parapentistes et les cerfs-volantistes. La patrons du bar, nous indique une bonne adresse pour passer la nuit à Crest Voland à quelques km chez une de leurs voisines. Nous y descendons, c'est une maison dans laquelle des appartements sont aménagés pour la location notamment en hiver mais aussi en été. Après la douche, nous descendons à pied au village pour dîner dans une pizzeria, le seul restaurant ouvert actuellement. Ici l'ambiance est très vacances, le service traîne un peu mais nous mangeons assez bien. En rentrant, nous ferons connaissance avec la grand-mère qui habite le rez-de-chaussée, elle s'intéresse à notre périple.
Samedi 12 juillet
Ce matin le réveil est un peu plus tardif à 7h15, notre hôtesse ne pouvait pas s'approvisionner en pain frais avant 7h45. Le petit-déjeuner est assez copieux et nous pouvons démarrer dans de bonnes conditions vers 8h30. La route remonte un peu pour atteindre ND de Bellecombe. Une dizaine de km plus loin, nous arrivons à Megève. Nous quittons la déviation pour visiter le vieux centre qui vaut le détour. Ensuite, Combloux, un BPF. De la terrasse d'un café où de nombreux touristes s'agglutinent, nous contemplons la vue magnifique sur le Mont Blanc. La vallée de l'Arc de Sallanches à Cluses regroupe la rivière, l'autoroute, la voie ferrée et la nationale. Nous roulons sur celle-ci et, un peu avant Cluses, nous obliquons à droite et montons jusqu'à Araches par une route en lacets, nous avons environ 1100 m à grimper. Au col de Châtillon, nous pouvons faire quelques courses pour le pique-nique, c'est alors que nous découvrons que le tour de France doit passer au cours de l'après-midi au col de la Ramaz qui est sur notre chemin. Nous pique-niquerons rapidement avant d'atteindre la grande route qui mène au col. Nous empruntons un chemin tranquille et souvent en sous bois. Au carrefour, les gendarmes nous laissent pénétrer sur l'itinéraire du tour en allant à leur rencontre. La pente vers le col est rude, les spectateurs pique-niquent en attendant le. passage de la caravane. Avec nos sacoches, nous avons droit à quelques encouragements et plaisanteries. Notre maillot jaune de l'Abeille ne passe pas inaperçu. Au Praz-de-Lys, plus exactement, au col de la Savolière (1416 m), nous nous séparons sans le faire exprès. Nous nous retrouverons quelques km plus loin, stoppés par la caravane du tour après le col de la Ramaz. Entre temps, je crève à l'arrière et répare au milieu des badauds. Le passage du tour nous offre un spectacle inattendu mais qui ne manque pas d'intérêt. Nous sommes perchés sur les rochers qui bordent la route et je peux prendre des photos du passage des coureurs. Virenque est en tête suivi par deux autres à quelques dizaines de mètres, ensuite plusieurs pelotons bien espacés se succèdent et loin derrière ceux qui n'en peuvent plus. Ils seront au col quand Virenque passera la ligne d'arrivée à Morzine, 25 km plus loin. La police attend que la voiture balai soit passée pour nous laisser descendre. Alors c'est la ruée des voitures, des motos, des vélos qui se lancent dans un joyeux pêle-mêle. Nous ne restons que quelques km dans la cohue avant de partir sur la droite vers Mégevette puis le col de Jambaz (1027m) et les Mouilles. Là nous trouvons un bar ouvert. Jean-Pierre essaie de téléphoner pour réserver une chambre à Thonon, mais en vain, il n'y a plus de place à cause du tour. Nous changeons notre fusil d'épaule et, sur les indications de la patronne du bar, nous grimpons à Himentaz, une station de sports d'hiver à 2 km. Là nous pouvons trouver plusieurs hôtels à 2 étoiles. Le premier peut nous accueillir, il y même une piscine. Le bain nous rafraîchit agréablement avant la douche et le repas.
Le dîner est très bine servi et excellent. Nous nous refaisons une santé. A cette altitude, nous n'aurons pas trop chaud la nuit.
Dimanche 13 juillet
Nous faisons la grasse matinée jusqu'à 7h30 avant de prendre notre petit-déjeuner au buffet libre-service. Au départ, nous descendons pour franchir le col de Terramont. Quelques cyclistes sont déjà sur la route, ils font leur sortie du dimanche matin. La région est agréablement vallonnée avec des petits cols d'une centaine de mètres de dénivellation. Nous faisons notre dernier pointage à l'auberge du Renard Bleu au lieu-dit "sur le Mont", il est 10h. Nous nous attardons un peu sur la terrasse d'où nous avons une vue splendide sur la lac Leman malgré une légère brume de chaleur.
Ensuite, c'est une descente régulière sur Thonon pendant une quinzaine de km. Nous apprécions ces instants avec un peu de nostalgie du déjà fini. La gare SNCF est notre première étape dans la ville. Jean-Pierre a un train pour Paris un peu après 15h et moi pour St Etienne vers 17h30. J'ai donc tout mon temps pour aller à St Gingolph, 60km aller et retour, une belle balade le long du lac.
Avant de nous quitter, nous aller boire un pot à la terrasse d'un café où la vue sur le lac et le port de plaisance, nous fait bien prendre conscience que nous sommes bien arrivés à Thonon pour la deuxième fois au terme d'un voyage qui termine la randonnée alpine Méditerranée-Thonon-Adriatique que nous avons commencée l'an dernier dans le sens Trieste-Thonon. Nous avons ainsi parcouru ce trajet mis au point par G. Rossini, soit plus de 2000 km en franchissant la plupart des grands cols, 90 environ dont une quarantaine à plus de 2000 m soit en tout près de 40.000 m de dénivellation. C'est une expérience sportive dont nous rêvions, nous l'avons faite, nous en sommes fiers, elle nous a fait repousser un peu nos limites, nous en retirons une satisfaction inestimable et des souvenirs plein la tête.
Henri COURMONT
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |