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RANDONNÉE PRÉALPINE ROSSINI ANTIBES-THONON
Du 18 au 28 août 2006

Claudine et Christian Auzet, Jean-Pierre Smith, Henri Courmont

Medaille

Vendredi 18 août : d'Antibes à Vence

Ce vendredi, au milieu de l'après-midi, le TER me débarque à Antibes où je retrouve Christian et Claudine Auzet venus en vélo de Gréoux les Bains en 2 jours. Jean-Pierre est arrivé vers midi, en train également mais de Paris. En quelques instants, nous pointons nos cartes de route et partons plein Nord dans la circulation vers Cagnes sur Mer en longeant la plage. Il n'y a pas trop de monde pour une belle journée d'août. Les vacanciers seraient-ils déjà repartis ?

St Paul de Vence
St Paul de Vence sur son piton

À Cagnes, nous tâtonnons un peu pour trouver la bonne route (la D-107) qui remonte vers la gauche en direction de St Paul de Vence et Vence. Nous grimpons par des petites routes qui nous permettent d'admirer St Paul de Vence sur son piton. Après une vingtaine de km, nous voilà à Vence à l'hôtel Lusitania, retenu et expérimenté par les Auzet la nuit précédente.

Après le repas nous marcherons un peu aux alentours. À côté de l'hôtel, un pont traverse un vallée abrupte avec une belle vue sur la ville en aval.

Samedi 19 août : de Vence à Entrevaux

Il fait beau, c'est samedi, il y a peu de circulation. La route qui monte au col de Vence passe devant l'hôtel. Il nous reste 600 m à monter. A 2 km du sommet, nous sommes rejoints par une cycliste, Martine, qui reconnaît Claudine avec qui elle a fait le tour de France cyclotouriste en 2003. Elle habite la région, travaille en clinique à des horaires parfois décalés et en profite pour beaucoup rouler, elle grimpe avec facilité. Avant de nous quitter, elle nous donne quelques informations sur la route et la météo du jour et tout cela s'avérera exact.

Du haut du col de Vence (963 m), nous descendons vers Coursegoules, sur la rivière Cagne qui descend vers la mer en restant parallèle au Var, puis Gréolières sur le Loup, qui descend aussi vers la mer sans rejoindre la rivière Cagne ou le Var. Là, nous nous attardons un peu au centre du bourg. Les terrasses autour de l'église nous permettent d'avoir une belle vue sur les vallées environnantes. Après les achats pour le pique-nique, nous roulons une douzaine de km jusqu'à Audon et y mangeons, installés sur les gradins rustiques d'un terrain de foot. Jean-Pierre a pensé à l'apéro: un Ricard et des amuse-gueule comme pour une sortie Abeille... L'endroit est calme et verdoyant, nous avons bien quitté les zones touristiques de la côte.

Après le café et la sieste de 10 minutes, nous reprenons la route sur le plateau en remontant le Loup et le quittons à Pont du Loup (où nous croisons le parcours de la randonnée "Alpine") vers le col Bas (1194 m). Puis, par des petites routes gentiment vallonnées, nous roulons vers la clue de St Auban. Là, la route suit une vallée étroite et encaissée avec des rochers en surplomb. Des grillages nous protègent des chutes éventuelles de petites roches. Après Briançonnet, une côte de 10 à 16% nous conduit au sommet du col du Buis (1199 m). La descente vers un affluent du Verdon est encore plus pentue que la montée (19%) et les freins chauffent. Ce sera pour remonter immédiatement une pente encore bien raide (14%) pour atteindre le col des Félines (930 m). Jean-Pierre, bien en forme, nous attend en haut pour prendre des photos.

Chateau d'Entrevaux
Château d'Entrevaux

Nous marquons la pause avant de descendre le long de la rivière Chalvagne vers Entrevaux sur le Var, l'étape du jour. La route, qui domine, nous permet de prendre quelques belles photos du bourg regroupé au fond de la vallée et surmonté d'un château fort illuminé la nuit, inaccessible par la route, et accessible uniquement par un escalier fortifié qui s'accroche sur le rocher, un peu comme au Santuario della Beata Vergine di San Luca de Bologne mais en plus audacieux.

En arrivant à l'hôtel, Jean-Pierre a une proposition qui fait l'unanimité : prendre une bière pression avant la douche et le repas. Un groupe de jeunes dont l'un est déguisé en fille s'excitent mutuellement dans la rue en face de la terrasse où nous mangeons. Ils fêteraient l'enterrement de la vie de garçon de l'un d'entre eux.

Après le repas, une petite promenade digestive nous permet de découvrir les petites ruelles piétonnes de la vielle ville d'Entrevaux. Sur le stade, la musique se prépare pour le bal des pompiers.

En rentrant à l'hôtel, nous demandons à payer pour gagner du temps demain matin. Mauvaise surprise, le supplément de pâtes que nous avons longuement attendu nous est facturé 8 € l'assiette. D'autre part, compte tenu de notre souhait de départ avant 8h demain, le petit-déjeuner nous sera servi dans un thermos avec deux pommes par personne et un jus de fruit. En constatant cela dans le plateau déposé devant notre porte de chambre, j'interpelle l'hôtelière qui m'indique que demain à 8h nous pourrons avoir du pain et du beurre mais qu'elle ne peut pas mettre du pain ce soir car il serait rassis demain matin.

Dimanche 20 août : d'Entrevaux au col d'Allos

Abeilles gorges de Daluis
Gorges de Daluis: Attention aux Abeilles

Ce matin, la découverte du plateau du petit-déjeuner, met Claudine de mauvaise humeur. À 8h, nous pouvons prendre un complément de petit-déjeuner avec pain, beurre et confiture avant de quitter Entrevaux. Autre mauvaise surprise, ma roue avant est à plat et je dois changer la chambre à air. Avec Jean-Pierre, nous rejoindrons Christian et Claudine, partis devant. Nous remontons le Var plein Ouest et atteignons rapidement les gorges profondes de Daluis qui entaillent la montagne comme une lame de couteau, en direction de Guillaume. Il s'agit du Var, qui a fait un coude et remonte maintenant plein Nord. Nous y trouvons des abeilles.

En fin de matinée, à Guillaumes, nous trouvons une petite épicerie boulangerie pour nous ravitailler. Le choix est restreint. Nous pique-niquons au centre du village sur des bancs près d'une fontaine. Nous assistons au passage d'une famille en randonnée avec un âne. Claudine remarque que seules la mère et la fille portent des sacs à dos. L'homme et le fils marchent sans chargement à côté de l'âne, lourdement chargé. Ils s'arrêtent un peu plus loin pour déjeuner de quelques glaces achetées au café-restaurant où nous prenons le café.

Il fait chaud, nous repartons, toujours en remontant le Var, sur une route assez plate jusqu'à St Martin d'Entraunes. C'est là que nous quittons enfin la vallée du Var et que commence la montée vers le col des Champs ( 2045 m), soit une dénivellation de plus de 1000 m sur une quinzaine de km. Il fait beau, pas trop chaud, la route monte régulièrement, les marmottes ponctuent notre passage de leurs cris de ralliement. Le déjeuner léger de ce midi me fait arriver, sans que je m'en rende compte dans la zone d'hypoglycémie et c'est avec difficulté que j'arrive au sommet du col. Là, nous nous arrêtons un instant, le paysage est splendide, nous avons devant nous au Nord les montagnes du parc du Mercantour. Une petite route au revêtement de tôle ondulée avec de nombreux virages en épingle à cheveux nous fait redescendre à Colmars sur le Verdon et au Fort de Savoie à 1269 m. Nous faisons le plein d'eau avant de remonter le Verdon vers Allos à 1500 m, d'où nous devons repartir vers le col du même nom à 2244 m.

C'est dimanche et, à Allos, les rues sont occupées par la foire à la brocante. Nous nous installons à la terrasse d'un café pour nous rafraîchir et manger quelques provisions, notamment goûter au bon saucisson de Jean-Pierre. Nous aurons droit à une aubade d'un chanteur de rue accompagné à la guitare. Il est heureux de nous voir chanter avec lui et il s'excuse quand on lui donne la pièce...

Il nous faut repartir le long du Verdon par le Val d'Allos jusqu'à la Foux d'Allos, puis à la conquête du col. Après une dizaine de km qui montent régulièrement, nous atteignons la station La Foux d'Allos à 1792m. Je n'ai pas récupéré toutes mes forces, Jean-Pierre m'accompagne. À La Foux, il est temps de chercher où coucher ce soir. Christian et Jean-Pierre se renseignent dans un restaurant et, après quelques coups de téléphone, Jean-Pierre retient au refuge du col d'Allos à 8 km environ. Nous voilà rassurés et nous reprenons avec courage la route du col. Jean-Pierre part devant, il sera douché quand nous arriverons. Je vais calmement avec quelques pauses ce qui me permet d'arriver dans de bonnes conditions au refuge.

L'endroit est simple et l'équipe est accueillante. Nous sommes dans une chambre à 4 avec des lits superposés. Il ne fait plus très chaud. Après la douche, nous pouvons rapidement passer à table. Jean-Pierre fait part au patron qui nous sert, de ses inquiétudes et souhaits quant aux portions qui nous seront servies. Le patron nous met au défi de terminer tous les plats. Les deux salles à manger sont pleines et nous ne pourrons pas avoir de rab de soupe mais nous étions bien servis. Le plat suivant, des alouettes sans tête accompagnées de pommes de terre en robes des champs et excellent et copieux et c'est par amour-propre que nous en venons à bout.

Après ce copieux repas, nous sortons pour digérer un peu avant d'aller au lit. Nous assistons à un feu d'artifice d'éclairs d'orage derrière la première chaîne de montagnes en face de nous. Le ciel étoilé est bien dégagé avec la Grande Ourse bien visible, ainsi que de nombreux avions et satellites.

Le refuge n'est alimenté ni en électricité ni en eau. Le bâtiment appartient au Conseil Général et l'équipe de gérants n'ouvre que pendant la belle saison en attendant que les travaux d'approvisionnement en eau et en électricité soient faits. Dans les chambres, nous sommes éclairés par des ampoules à faible consommation, alimentées par un groupe électrogène. Les salles à manger sont éclairées à la bougie. La nuit est fraîche à cette altitude et nous utilisons les couvertures mises à notre disposition.

Lundi 21 août : du col d'Allos à St Bonnet-en-Champsaur

Refuge col d'Allos
Le jour se lève sur le refuge du col d'Allos

Après un copieux petit-déjeuner, nous prenons quelques photos avec les montagnes en arrière-plan avant de nous lancer dans la descente du col d'Allos vers Barcelonette et l'Ubaye. Nous avons une vingtaine de km de belle route jusqu'à Lauzet-Ubaye. Ensuite, nous roulons sur une route en balcon le long du lac de Serre-Ponçon. L'eau bleu-verte, le ciel sans nuage, les villages perchés sur les pentes arides au-dessus du lac, nous offrent un spectacle remarquable qui nous incite à faire une pause. À La Bréole, nous trouvons l'épicerie et l'aire de pique-nique près du camping pour déjeuner tranquillement.

Après une petite sieste que même Christian et Claudine apprécient, nous redémarrons dans la chaleur et avec une côte sérieuse pour parvenir en haut du barrage d'où part la Durance. Le belvédère offre une vue magnifique sur l'ouvrage d'art, le lac et les montagnes qui l'entourent.

Henri au col BayardHenri au col Bayard (1246 m)

Notre route sinueuse et vallonnée suit les bords du lac. Nous franchissons le col Lebraut (1110 m) et plusieurs tunnels avant d'arriver à Chorges. Je ne trouve pas de vélociste pour faire cesser le bruit répétitif que produit mon vélo à chaque coup de pédale. Il fait chaud, nous prenons un pot à la terrasse d'un café avant d'aller au syndicat d'initiative pour retenir une chambre. L'hôtesse accepte même de téléphoner pour nous aider. Jean-Pierre et Christian retiennent l'hôtel de La Crémaillère à St Bonnet en Champsaur. Avant d'y arriver nous avons 2 cols à franchir : le col de Manse ( 1268m) et le col Bayard (1248 m) à condition de faire un crochet vers Gap pour aller prendre la route Napoléon. La circulation sur la nationale près de Gap est intense et cela rend Claudine très critique sur le choix Rossinien des routes de la randonnée.

L'hôtel de St Bonnet, sur la Route Napoléon le long du Drac, est un 3 étoiles avec un beau parc, des chambres confortables et spacieuses et une salle à manger de bon standing. Nos vélos sont rangés dans un garage et demain matin, j'aurai de la place pour régler mes pédales automatiques ce qui fera disparaître le bruit répétitif que j'avais du mal à localiser.

Après un excellent dîner, avant de regagner nos chambres, nous passons la soirée dans les journaux locaux qui commentent le triathlon d'Embrun qui s'est déroulé le 15 août. Le vainqueur a battu le record de ses prédécesseurs en bouclant toutes les épreuves en 9h54' soit 3,8 km de natation, 188 km de vélo dont l'Isoard et 5000 m de dénivelé et un marathon complet pour terminer. De quoi faire de beaux rêves !

Mardi 22 août : de St Bonnet-en-Champsaur à Montmaur-en-Diois

Après une bonne nuit, nous nous retrouvons au petit-déjeuner autour d'un buffet très bien garni. Notre voisin de table est un cyclo des Clayes. Il fait de la randonnée pédestre dans les environs avec sa femme.

Nous quittons St Bonnet en descendant dans la vallée du Drac mais rapidement, il nous faudra remonter pour atteindre St Étienne en Dévoluy en fin de matinée. Nous avons à franchir un col de référence, le col du Noyer (1664 m) avec une pente impressionnante pouvant atteindre 16% à certains endroits. Certaines portions toutes droites et très pentues sont démoralisantes.

A St Étienne en Dévoluy, après avoir pointé au syndicat d'initiative, nous faisons les courses pour le pique-nique que nous envisageons de prendre au col du Festre (1442 m) à une dizaine de km plus loin mais les magasins sont rares sur cette route. A la sortie du village, nous rencontrons des équipes de randonneurs qui empruntent une via ferrata aménagée dans les gorges profondes du défilé des Étroits. Ils sont équipés de baudriers, de casques, de cordes et de mousquetons. Même des enfants d'une dizaine d'années pratiquent. C'est superbe et impressionnant.

Refuge du col de Cabre
Refuge du col de Cabre (1180 m)

Christian et Claudine partent devant, nous les retrouverons au col du Festre, ils auront terminé leur repas quand nous arriverons. Nous roulerons encore séparément jusqu'au col de Cabre (1180 m). Pour y parvenir Christian a trouvé sur la carte un joli diverticule le long de la rivière Aiguebelle pour éviter 25 km de nationale. Cette route nous permet d'ajouter le col de la Haute Beaume (1268 m) à notre collection. Ensuite la descente le long de la Drôme jusqu'à Luc en Diois en passant par le chaos de Rochers de la Drôme est superbe et rapide. Au syndicat d'initiative, nous retenons un hôtel à une dizaine de km, le Relais du Seillon. C'est sur notre route et, en moins d'une demi-heure, nous y sommes.

Le patron nous promet une bonne grillade pour dîner. Nous mangeons en terrasse et prolongeons la soirée jusqu'au-delà de 22h.

Mercredi 23 août : de Montmaur-en-Diois à La Chapelle en Vercors

Col du Rousset
Montée vers le col du Rousset et le plateau du Vercors

La route va être longue et Christian et Jean-Pierre ont choisi de demander le petit-déjeuner à 7h15 au lieu de 7h30 comme les jours précédents. La patronne a fait le nécessaire et nous avons du pain frais à volonté. Ceci n'empêche pas qu'à 8h30, après une dizaine de km de route en descendant la Drôme, nous nous arrêtions pour un premier ravitaillement dans une boulangerie à Die. C'est pour prévenir une " éventuelle fringale "... et nous voilà repartis sur les pentes du col du Rousset (1254 m) pendant une vingtaine de km. La montée est régulière. Jean-Pierre a des ailes. Avant d'arriver au centre commercial du sommet, il faut traverser un tunnel de quelques centaines de mètres. Il fait beau et, en attendant Christian et Claudine, la pause café sur une terrasse au soleil est délicieuse. Nous nous regroupons dans la descente vers Vassieux en Vercors. La route est superbe. Nous faisons les courses à Vassieux, dans ce bourg rendu célèbre par le massacre du 21 juillet 1944. Les Allemands sont venus en planeurs pour écraser le maquis. Résultats 101 maquisards tués mais aussi 73 habitants fusillés.

Avec notre pique-nique, nous montons au Mémorial à 6 km, la pente est sérieuse et creuse l'appétit. Nous mangeons à la lisière d'un bois, installés sur une pile de troncs d'arbres de belle dimension. Après une petite sieste, la descente sur une petite route au milieu des bois de sapins nous offre une vue superbe sur la vallée. Nous franchissons plusieurs cols en descendant : le col de La Chau (1337 m), du chaud Clapier (1412 m) de la Portette (1175 m), Tunnel du Pionnier (1029 m), de la Croix (722 m) et nous arrivons de l'autre coté du Vercors, coté Isère, à St Jean en Royans. C'est un pointage de notre randonnée et nous profitons de cet arrêt pour retenir un hôtel à La Chapelle en Vercors, 27 km et une retraversée du Vercors plus loin.

L'hôtel des Sports recommandé par Rossini est complet. Avec l'aide de l'annuaire, nous retenons l'hôtel Bellier assez cher mais il a de la place. Un jeune couple, voisin de notre table, intervient pour nous recommander l'hôtel du Nord. Nous suivons leurs conseils. Le jeune homme est professeur de golf à Chatou et il vient ici exercer son métier comme saisonnier pendant les mois d'été. Sa copine connaît le numéro de téléphone de l'hôtel du Nord par cœur: cet établissement ne figure pas dans l'annuaire.

Col de la Machine
Par la Combe Laval, vers le col de la Machine

Avant d'arriver à La Chapelle, il nous faut franchir le Col de Gaudissart (889 m), puis le magnifique col de La Machine (1011 m) après la montée en corniche par la célèbre Combe Laval, puis enfin par le col de Carri (1020 m) pour ressortir du Vercors.

À La Chapelle en Vercors, l'hôtel du Nord est un établissement modeste fréquenté et géré par des jeunes. Nous n'abandonnons pas notre habitude de prendre une bonne bière pression à l'arrivée avant la douche et le repas. Nous avons le forfait demi-pension et le repas prévu est très correct.

Après le dîner, nous allons assister à une partie de boules lyonnaises sur la place du bourg. C'est l'équipe numéro 2, nous expliquent-ils, ils jouent très bien et leur précision nous impressionne quand ils pointent de loin.

Jeudi 24 août : de La Chapelle en Vercors au col de Porte

Aujourd'hui, nous attaquons la deuxième moitié de notre randonnée, nous en sommes déjà à plus de 500 km sur les 900 environ que nous avons à faire. Ce matin le ciel est couvert de nuages, on nous annonce un changement de temps au cours des jours qui viennent. La route descend jusqu'aux Baraques en Vercors. Nous roulons dans une campagne tranquille, traversant des petits villages d'élevage et de lait. Les prairies et les bois sont bien verts, les noyers sont nombreux et parfois plantés en vergers. La récolte devrait être abondante.

Col de Romeyere
Dans la descente du col de Romeyère vers l'Isère

Après une vingtaine de km, pour les traverser, nous suivons les Gorges de la Bourne puis les quittons par la route des Ecouges, plein Nord, qui passe par le col de Romeyère (1069 m). La montée est régulière. La température a rafraîchi et nous avons à peine chaud. Au sommet, nous apprécions le thé ou le chocolat pour nous réchauffer. Jean-Pierre ne résiste pas au sandwich maison. Des cyclos vététistes s'apprêtent à partir faire un circuit dans les bois de la région. Ils sont admiratifs de nous voir grimper les cols avec nos sacoches. La descente vers l'Isère dans les gorges de la Devenne est rapide. La route étroite, pentue est bordée par la falaise à gauche et le ravin à droite: un ravin très profond. Toutes les pentes sont couvertes d'arbres et d'arbustes et plusieurs arrêts photos s'imposent. Il y a peu de circulation, c'est heureux car de nombreuses pierres sur la route indiquent que l'endroit peut être dangereux. En bas, nous rejoignons la nationale 532 avec une intense circulation.

Dans le premier petit village que nous rencontrons, St Gervais il n'y pas de ravitaillement possible, il faut aller jusqu'à St Quentin sur Isère, une dizaine de km plus loin. Là, un monsieur, cyclo du club de Grenoble nous dit-il, nous informe que nous ne trouverons pas de magasin d'alimentation dans ce village et le mieux serait de manger au grill voisin. Par ailleurs, il nous indique une piste cyclable qui suit l'Isère et nous amènera à St Egrève, notre but sur l'Isère, en évitant la nationale. Nous suivons ses conseils et allons déjeuner au grill. À la fin du repas que nous prenons sur la terrasse, quelque gouttes de pluie nous retiennent à l'abri le temps d'une courte sieste. Deux cyclotes de la région s'intéressent à notre voyage en vélo et aimeraient en faire autant.

La piste cyclable est de l'autre côté du pont qui enjambe l'Isère. Elle est construite sur la digue entre l'autoroute et l'Isère. Arrivés à St Egrève, nous tâtonnons un peu pour trouver la route qui monte au Nord vers Quaix en Chartreuse, ça monte très raide de 13 à 15%. C'est par cette toute petite route raide que nous attaquons le massif de la Chartreuse. Nous zigzaguons sur des petites routes pour trouver le bon itinéraire qui nous permettra de franchir les cols de Clémencière (562 m) et de Vence (782 m). En roulant devant, je perds le groupe qui a pris un raccourci très pentu indiqué par une marcheuse locale. Je retrouve Jean-Pierre sur la route du col de Vence et nous roulerons ensemble jusqu'au col de Porte (1326 m) après avoir franchi le col de Palaquit (1154 m).

Au col de Porte, nous retrouvons Christian et Claudine à la terrasse d'un bar-restaurant hôtel. Il y a de la place pour y faire étape ce soir, l'établissement est de bon standing et nous avons fait 100 km. La fatigue accumulée des jours précédents nous incite à nous arrêter ici. Un immense chien, celui des propriétaires, se promène dans la salle à manger. Il pèse environ 85 kg.

Le temps se rafraîchit et, après le bon dîner qui nous a été servi, nous ne sommes pas tentés par une promenade dehors. À 21h, nous gagnons nos chambres.

Vendredi 25 août : du col de Porte à Arith

Le petit déjeuner est servi à 8h par le patron. Son énorme chien l'accompagne: son nez arrive au niveau des tables.

Col du Cucheron
Col du Cucheron

Après avoir descendu le col de Porte jusqu'à St Pierre en Chartreuse, un BPF, il faut remonter le col du Cucheron (1139 m). Quelques photos avant de redescendre vers St Pierre d'Entremont à 644 m et de remonter au col du Granier (1134 m), notre dernier col du massif de la Chartreuse avant de redescendre vers Chambéry. Là, nous rencontrons quelques cyclos qui nous indiquent comment éviter de traverser la ville de Chambéry en prenant des pistes cyclables qui permettent de rejoindre la route de St Alban et St Jean d'Arvey vers le col du Revard, dans le massif du Revard que nous attaquons maintenant. Dans la descente Jean-Pierre file devant et nous sommes séparés et arrivons à trois sur la piste cyclable qui traverse la rivière. Après plusieurs appels téléphoniques et l'aide d'un automobiliste très sympathique, cyclotouriste lui-même, qui nous oriente vers la bonne piste cyclable, nous choisissons le parking de l'hôtel Doria, facile à repérer, comme point de ralliement. Jean-Pierre fait ses courses en ville et nous rejoindra longtemps après notre arrivée. Claudine, Christian et moi pique-niquons sur une pelouse près de l'hôtel. Ensuite, à l'arrivée de Jean-Pierre, nous aurons le temps de faire une bonne sieste pendant que Jean-Pierre mange.

Nous sommes au pied du massif du Revard, à une dizaine de km du col de Plainpalais (1173 m). 6 km plus loin, c'est le Mont Revard (1538 m). Lorsque nous trouvons un syndicat d'initiative ouvert, nous cherchons à réserver pour ce soir. Il y très peu d'hôtels sur notre route. Nous sommes entre Chambéry et Annecy. Un premier hôtel nous fait une proposition à un prix élevé. Je le lui fais remarquer, il m'indique qu'il a un autre appel sur la ligne et quand nous reprenons la conversation il n'a plus de place... Heureusement, une fruitière à Arith, peu après le pont de l'Abîme, fait gîte-chambre d'hôtes et peut nous recevoir. C'est à une vingtaine de km et un peu à l'écart de notre route. Nous devons réserver le restaurant avant d'arriver car le gîte ce soir ne sert pas de repas.

Cette ancienne fruitière reconvertie dans l'accueil des touristes depuis 1992 est gérée de façon très professionnelle par un jeune couple entreprenant. Les bâtiments sont équipés de manière fonctionnelle. Nous sommes à 4 dans une grande chambre. Après nous être installés et douchés rapidement, nous montons à pied au restaurant dans le centre du village à quelques centaines de mètres. Un couple de clients termine son repas lorsque nous arrivons vers 20h20. Le patron assez jeune est accueillant et nous sert un bon repas savoyard. En même temps il nous informe de la vie locale. C'est une région touristique autant l'hiver que l'été mais éloignée des foules. Ceci explique l'absence de grands hôtels.

En sortant de l'établissement, il pleuvine et tandis que Chantal m'appelle au téléphone, les copains rejoignent le gîte en voiture avec le restaurateur sympa.

Samedi 26 août : d'Arith au Reposoir (près de Cluses)

Annecy
Annecy, ses vélos, sa vieille ville

Après un petit-déjeuner de sportifs, nous quittons les lieux pour rejoindre en descente notre itinéraire, à 5 ou 6 km, et monter ensuite au col de Leschaux (897 m). Il y fait frais et une boisson chaude est appréciée en même temps que nous pointons. C'est ensuite la descente vers Annecy. Nous roulons plein Nord sur une piste cyclable le long du lac à partir de Sevier. La route nationale parallèle à la piste est très chargée. Le soleil est revenu et à Annecy, nous ne résistons pas à l'occasion de faire un tour à pied dans le vieil Annecy. Il y a du monde qui flâne sur un marché d'œuvres d'art, dans une ambiance de vacances. Ce quartier est joliment fleuri. Nous faisons nos courses alimentaires au Monoprix et reprenons la piste le long du lac jusqu'à Menthon St Bernard (BPF) où nous attaquerons la montée vers Thône et la Clusaz. Nous envisageons de pique-niquer au château Bluffy un peu plus loin dans l'ascension avant le col du même nom (630 m) mais le groupe se scinde en deux et nous renonçons à nous arrêter près du château pour trouver une aire de pique-nique en bordure de route près d'une petite chapelle. Nous prendrons ensuite une petite route parallèle à la nationale pendant quelques km avant de déguster un café dans un petit village déporté de la nationale dénommé Alex.

Ensuite, on doit rouler sur l'ancienne nationale, la D 909 qui passe par Thones et le col de St Jean de Sixt (956 m) où nous quittons la route de la Clusaz et grimpons le long du Chinaillon au Grand-Bornand, qui n'est pas un col, puis au col de la Colombière (1613 m) par son versant Sud. Le temps est couvert et, dans la montée, la pluie nous accompagne lentement d'abord puis plus intensément au fur et à mesure que nous approchons du sommet. Il pleut, il fait froid, il y a du vent, nous nous réfugions au restaurant-bar du col pour y prendre une boisson chaude et chercher un hôtel au plus près. La patronne nous aide en nous fournissant quelques adresses d'hôtels et de chambres d'hôtes au Reposoir dans la descente (le nom est adéquat !). Les hôtels sont soit complets soit sur répondeur. Avec l'aide du syndicat d'initiative de Cluses, nous finissons par trouver une chambre d'hôtes au Reposoir à 6 ou 7 km en descente. Nos hôtes nous proposent même gentiment de venir nous chercher en voiture. Nous préférons y aller en vélo, la pluie a bien ralenti. Christian et Claudine ont des problèmes de frein dans la descente pentue (une pente bien connue, sans pitié quand on monte) et sinueuse sur la fin. Notre hôte vient au-devant de nous en voiture et nous arrivons ainsi chez lui vers 18h. La maison domine notre route et les derniers mètres sont tellement raides que nous devrons les faire en poussant nos vélos.

C'est un jeune couple avec deux jeunes enfants. Lui-même est cyclo. Ils font le maximum pour bien nous recevoir. Nous sommes logés dans un studio avec deux lits doubles, une kitchenette et même une machine à laver qui nous permettra de faire une vraie lessive. L'hôtesse nous a préparé un excellent repas savoyard avec soupe, tartiflette et yaourt. Nous n'arriverons pas à bout du plat.

La météo ne s'annonce pas favorable pour les jours suivants dans les régions où nous circulerons. La soirée permet de faire le point sur la dernière étape pour atteindre Thonon et, sur les étapes suivantes, soit pour rentrer à Paris soit en ce qui me concerne pour rentrer à Chazol. Avec Jean-Pierre, nous dormons dans un lit double, un futon et, pour éviter les craquements de la carcasse du lit, nous posons le matelas par terre. C'est un peu dur mais, la fatigue aidant, nous passerons une bonne nuit.

Dimanche 27 août : du Reposoir à Thonon

Ce soir, nous devrions arriver au terme de notre préalpine à Thonon. D'après Christian, il paraît que la pluie n'a pas cessé tout au cours de la nuit, et ce matin il bruine encore. Pour le petit-déjeuner, l'hôtesse nous a préparé un super repas avec du pain qu'elle fait elle-même. Sa confiture est également excellente.

Au moment de partir, elle ne sait pas à quel prix nous facturer. Nous convenons de 140 € pour nous 4: repas, couchage et petit-déjeuner. Nous avons même utilisé la machine à laver pour faire une lessive collective hier soir.

Nous descendons de chez eux à pied tellement la pente est raide. Dès la traversée du village du Reposoir, au lieu de descendre tout droit vers le Rhône, nous attaquons la côte du diverticule prévu par Rossini vers le col de Romme (1291 m). Christian nous a annoncé une pente à plusieurs chevrons. La pluie s'est arrêtée et nous pouvons rouler en maillot à manches longues. Dans un virage, une voiture s'arrête et la jeune conductrice m'interpelle pour savoir si nous avons l'intention d'aller à Cluses en passant par Romme car la route est coupée par des éboulements et il est impossible de passer, même en vélo. Nous pointerons donc au village du col de Romme avant de redescendre d'où nous venons, vers le Reposoir puis de là vers la vallée, et cherchons une autre route qui nous fera éviter Cluses et nous conduira vers le prochain pointage: le col de la Plaine-Joux de l'autre côté du Rhône. La pluie tombe par intermittence et il nous faut sans cesse adapter notre habillement. À Marignier, une petite route, censée suivre la rivière, nous conduit dans une impasse et nous devons revenir sur nos pas et prendre la D26 plus fréquentée pour arriver à St Jeoire où nous faisons les courses pour le pique-nique. Nous mangeons dans la côte avant un village nommé Omnion. La pluie reprend au moment où nous quittons la petite chapelle près de laquelle nous étions installés. Il reste une dizaine de km pour arriver au sommet du col de La Plaine-Joux (1249 m). Jean-Pierre, qui a du mal à repartir, s'envole ensuite jusqu'au sommet. Là, nous nous retrouvons autour de boissons chaudes dans un petit bar. Les affiches d'un champion du monde de vitesse de descente en VTT, nous font rêver: 210 k/h. Nous, il nous faut 2 jours pour parcourir 210 km !

Col du SaxelChristian, dans la dernière descente (col du Saxel)

La descente nous amène dans la vallée de la Menoge à Boëge. Là, nous attaquons le dernier col de notre randonnée: le col de Saxel (943 m). C'est un petit village avec peu de commerces ouverts un dimanche. Seul le salon-bar du village peut nous accueillir et nous fournir le dernier coup de tampon de notre carnet de route. C'est là que je m'aperçois que ma jante arrière est très usée et prête à casser. Je dois éviter le freinage arrière. Heureusement la descente sur Thonon par la D903 est régulière et pas trop pentue.

Jean-Pierre a pu retenir deux chambres à l'hôtel le Marronnier où nous sommes déjà descendus lors de précédentes randonnées. Il parvient à nous diriger jusqu'au but sans l'ombre d'une hésitation. Sur la route, j'ai réussi à joindre par téléphone Mme Rossini, qui nous annonce la visite de son mari demain matin à 8h au moment du petit-déjeuner.

La patronne de l'hôtel ne nous reconnaît pas immédiatement bien que nous en soyons à notre 3e ou 4e visite. Il y a du monde et la salle à manger est remplie. Nous logeons dans un chalet en annexe, c'est très silencieux mais la salle de bain en soupente oblige les personnes de grande taille à se contorsionner pour se doucher dans la baignoire. C'est avec plaisir que Jean-Pierre et moi retrouvons chacun un lit, pour un longue nuit qui durera jusqu'à demain à 7h30.

Lundi 18 août : séparation du groupe à Thonon

En nous réveillant ce matin, ce n'est pas le grand beau temps, le ciel est gris, mais il ne pleut pas. Georges Rossini est exact au RV et c'est avec plaisir que nous faisons sa connaissance: un bel homme de 73 ans. Il parle avec un fort accent, c'est un passionné de vélo en montagne. Les grands brevets, le Paris-Brest-Paris par exemple, avec de longues heures de selle le jour et la nuit, ne l'intéressent pas. Il nous parle avec passion de ses randonnées alpines que plusieurs centaines de cyclos, dont 5% de femmes, fréquentent chaque année. Il y a même des Néo-zélandais qui viennent en groupes. Son épouse ne fait pas de vélo. Lui-même fréquente assez peu le club cyclo de Thonon. Il roule régulièrement avec une association de lutte contre les myocardiopathies. Il aime le VTT sur les chemins de gravillons pour aller découvrir les nouvelles voies d'accès à certains cols. Il nous parle avec enthousiasme des magnifiques paysages qu'il découvre au cours de ses promenades. Il sort deux à trois fois par semaine pour des randonnées de 50/60 km.

Georges Rossini et les Abeilles
Christian, Claudine, Georges Rossini, Jean-Pierre et Henri

Avant de le laisser repartir, c'est avec plaisir que nous nous faisons photographier avec lui devant l'hôtel des Marronniers. Il m'indique plusieurs adresses de vélocistes, mais ils sont tous fermés ou sur fax.

Jean-Pierre, Christian et Claudine prennent la direction de Bellegarde via Genève par le bord du lac tandis que je me mets en recherche d'un vélociste pour remplacer ma jante arrière. Avant de nous quitter, nous cherchons à faire une dernière photo avec le lac Léman en arrière-plan. Le boulevard de la corniche où nous sommes est bien désert et nous ne trouvons personne pour nous prendre tous les quatre ensemble.

Ainsi il nous a fallu 9 jours pour réaliser cette randonnée de 900 km entre Antibes et Thonon, en franchissant une cinquantaine de cols et plus de 18 000 m de dénivelée. Une bonne préparation, l'émulation du groupe et l'entraînement qui s'accumule au fil des jours permettent de réaliser ce type de prouesse sportive sans trop de difficultés. Les chemins choisis par Rossini nous obligent parfois à emprunter des morceaux de nationales qui pourraient être évités mais, très souvent, nous roulons sur des petites routes peu fréquentées, parfois dans des environnements sauvages avec des points de vues superbes d'autant plus appréciés qu'ils ont été payés en sueur.

Avec Jean-Pierre, après la randonnée alpine Trieste-Thonon en 2002, la randonnée alpine Antibes-Thonon en 2003, la randonnée préalpine Thonon-Venise en 2005, nous terminons avec cette randonnée préalpine Antibes-Thonon, notre quatrième randonnée de Georges Rossini dans les Alpes. Ceci représente un total de 4 400 km, 211 cols dont 47 à plus de 2 000 m et un cumul de 84 000 m de dénivelée... Une belle série dont nous sommes fiers.

Henri Courmont


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"

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