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 Abeilles à véloHenri Les Chanoines Autres CR

Paris-Brest-Paris 2003

Vu par les Abeilles

(Abeilles à vélo)

Du lundi 18 Août 22:00 au vendredi 22 Août 2003, 16:00



 Claudine a velo Pierre-Yves en velo Henri en velo Jean-Paul en velo 
 
Claudine
 
Pierre-Yves
 
Henri
 
Jean-Paul
 

Les participants. Sept Abeilles prendront le départ cette année, toutes viseront le départ de 22 heures le lundi soir: Claudine Auzet (certains l'appellent, nous ignorons encore pourquoi, "Maya"), Pierre-Yves Borg, Henri Courmont, Jean-Paul Fouchard, Christian Maillet, Patrice Micolon et Jean-Pierre Smith. On trouvera aussi deux anciennes Abeilles au départ: Pierre Dupeyron, ancien président et Jean-Claude Brasseur, qui avait effectué un parcours en 57 heures en 1975.


 Christian a velo Patrice a velo Jean-Pierre a velo Pierre a velo 
 
Christian
 
Patrice
 
Jean-Pierre
 
Pierre
 

Tous ont fait contrôler leurs vélos et récupéré leurs cartons de pointage et badges magnétiques la veille (dimanche matin) auprès du bataillon d'Abeilles mâles et femelles qui s'étaient mises à la disposition de l'organisateur pour ces inspections et pour les remises des dossiers. Pas de souci de ce côté en tout cas: les vélos des Abeille sont faits pour rouler loin et longtemps, même sous la pluie, et les cartons de pointage seront à l'abri d'une sacoche bien étanche.

Les bénévoles. On ne peut en effet pas parler de Paris-Brest-Paris sans parler de bénévolat, et pas parler de bénévolat sans évoquer le nom de LEPERTEL. Sans cette véritable "entreprise familiale", ce brevet ne serait jamais devenu ce qu'il est. Bien qu'ils aient en principe "passée la main" Bob et Suzanne gardent un œil vigilant sur l'épreuve et participent toujours activement à son organisation sans ménager ni leur temps ni leur fatigue.

Pour mener à bien une telle entreprise, il faut du monde. Tous les membres de l'Audax Club Parisien ("ACP") sont sur le pont depuis des mois avant la date fatidique (pour ne pas dire depuis des années). Même ceux qui vont faire la grande boucle remplissent souvent un rôle dans l'organisation jusqu'à la dernière minutes avant leur départ.

Malgré tout, cela ne suffit pas. Un club fut-il aussi important que l'ACP ne peut pas trouver en son sein l'effectif nécessaire. Traditionnellement, il est fait appel aux bonnes volontés de l'Île de France pour les phases départ et arrivée et de province pour assurer les contrôles tout au long du parcours.

L'Abeille qui a organisé conjointement avec l'ACP le départ et l'arrivée à Rueil Malmaison par deux fois est consciente des besoins en bénévoles, aussi ses membres ne se font pas prier pour prêter main forte. Cette année, ils étaient quatorze.

Bernard Warin responsable du site de Saint Quentin en Yvelines s'efforce de répartir les tâches en respectant au mieux le souhait que chacun a formulé lors de sa candidature: Remise des dossiers, contrôle des vélos, tenue des contrôles de départ et/ou d'arrivée, sécurité dans le gymnase ainsi qu'aux abords.

Le contrôle du départ. Quand on participe au contrôle des bicyclettes, on peut dire qu'on voit des cycles de toutes formes, de toutes couleurs et des concurrents aussi... Il y a :

Le blasé qui vous dit : "C'est mon ème Paris Brest, je me demande ce que je fais dans cette galère." Le regard complice qu'il jette à son vélo laisse transparaître le plaisir que lui procure encore sa participation à la grande boucle.

L'ambitieux qui espère bien cette année faire "un super temps" et qui vous présente son "super vélo", "super léger" avec lequel il devrait sans aucun doute battre le record qui lui a échappé de peu quatre ans auparavant.

La petite dame fluette bien coiffée, bien maquillée présentant son vélo de course rutilant comme si elle venait poser pour un magazine de mode (exclusivement réservé aux cyclotes bien entendu...)

Le roule-toujours dont le vélo est harnaché de six sacoches bien chargées et qui semble partir pour 3 mois en cyclo-camping à la chasse aux pointages du Brevet des Provinces Françaises ("BPF").

Le timide qui vous dit d'un air gêné : "c'est la première fois" et qui passe au contrôle aussi stressé que s'il se trouvait devant les examinateurs de l'oral d'un concours.




plaque de cadre

 

Prélude au départ. Tous ont leur style. Claudine, accompagnée par son mari-chéri fait la tournée des grands ducs en direction du self. Elle rencontre d'abord Marie-Noëlle (dite "Mano"), épouse de Pierre Dupeyron, à son camping-car où elle suivra Pierre pendant la randonnée. Mano lui confie un petit sac d'affaires supplémentaires "au cas où". De nombreuses Abeilles profiteront aussi de la gentillesse et de la disponibilité de Mano pendant le parcours. Claudine rencontre aussi un copain de ski de fonds de la LIF (dénommé "Shadok"). Enfin, Claudine arrive au self, suivant en cela ce qu'elle croyait être les recommandations de Jean-Paul Fouchard. Confrontée alors à une file d'attente impressionnante tandis qu'elle cherche une place pour son vélo, elle se fait repêcher ("s'qu'elle est belle !") par Bernard Quétier, 2° président de l'Abeille cyclo et responsable de l'accueil au self de son entreprise, qui a repéré l'Abeille fixée sur son casque depuis le tour de France Audax cyclo. Entre présidents ... Bernard accompagne discrètement Claudine jusqu'à son épouse Marie-Madeleine, qui la laisse passer sans rien dire (une circonstance rare pour qui connaît Marie-Madeleine) jusqu'à nos amis Andrésiens qui sont là aussi. En ressortant, elle croise Henri et Chantal qui n'ont pas bénéficié du même régime de faveur et sont enlisés dans une marée humaine. Henri arrivera trop tard pour le départ de 22 H. Jean-Paul et Jean-Pierre se retrouvent pour leur part vers les 18 H autour d'un plat de pâtes dans un resto de Guyancourt. Claudine, Christian et Pierre-Yves arrivent au gymnase peu avant 20 heures soit au moment du départ du premier peloton de 300 gros-bras. Le passage souterrain est déjà plein de cyclos et les curieux se pressent contre les barrières de sécurité. Claudine y rencontre deux autres amis du ski de fond. Jean-Paul a optimisé son départ dans le groupe des 22 H avec Patrice qu'il retrouve peu avant la ligne, tandis que Jean-Pierre dit au-revoir à Bernard Kerhir, un jeune retraité du club d'EDF Clamart, au départ des gros bras de 20 H 00 et fait une dernière sieste à coté de son vélo en mangeant un morceau de gâteau Overstims dans la zone "village", juste en face de la porte d'accès au stade.

Jean-Paul et Patrice partiront, comme par magie, en pole position, fidèles au premier départ de 22 H

Jean-Paul et Patrice partiront, comme par magie, en pole position, fidèles au premier départ de 22 H, Claudine et Jean-Pierre, en milieu de peloton des 300 du départ des 22 H. Pierre prend aussi, mais en "sage", le départ de 22 H.

Christian, Pierre-Yves et Henri, enfin sorti de table, partiront plus tard, au départ de 22 H 45.

Pierre Fournier et Claudie Amourette du CC Mours, ainsi que Jean-Michel Colombier, aussi du CC Mours, partiront pour leur part le lendemain à 4 H 00.

Maya a MortagneMortagne au Perche (PK 141). Il ne fait pas froid et la nuit est superbe. La route est couverte de pelotons de vélos éclairés comme des arbres de Noël. On entend les anglais et nordiques passer avec le ronflement de leurs dynamos de moyeu et on voit leurs phares trouer la nuit à coté des faisceaux étriqués des phares à piles. La traversée de la forêt de Rambouillet, avec la descente vers Gambaiseuil et ses gendarmes couchés en pavés disjoints en travers de la route, se fait dans un noir d'encre. De nombreux cyclos imprévoyants testent là leurs fixations d'éclairages et on voit là de nombreux phares ou feux arrières cassés sur la route. On comptera aussi, malheureusement et du seul fait de la volonté de l'autorité locale, de nombreuses chutes de cyclos, parfois sérieuses notamment au retour. On pourra prendre là pour témoin notre président fédéral. Dès Tremblay le Vicomte, on commence à voir sur le bord de la route des autochtones qui offrent de l'eau. Le trajet se fait sans voir le paysages ou les côtes. Alors qu'ils roulent à assez vive allure (18 km/h) dan la côte conduisant au sommet de la butte du Tartre vers Nogent le Roi, Jean-Paul et Patrice se font doubler par une patinette. Après concertation, ils décident, contrairement à leur première impulsion, de ne pas jeter le vélo dans le fossé et de ne pas rentrer se coucher. Vers 3:30 soit après 5:30 de vélo et plus de 1000 m d'ascension, la première Abeille (Jean-Pierre, poussé par la faim) arrive à Mortagne au Perche pour 45 minutes de repas sérieux. Patrice, arrivé peu après se laisse convaincre de prendre une soupe et de la purée de bonnes pommes de terre au self où il n'y a encore aucune queue, au lieu de manger ses trucs froids. Certaines autres Abeilles (sauf Henri), stoïques, préfèrent boire un coup au zinc en grignotant des trucs sur le pouce pour repartir plus vite (Claudine au bar à Mortagne, notre reporter était déjà là ). On ne va quand-même pas faire un plat de 141 km (150 km pour Claudine qui a trop fait confiance à un peloton à Chateauneuf en Thymerais) et 1000 m de grimpette non-stop, le tout à 26+ de moyenne roulante !

Villaines la Juhel (PK 223). Il y a eu des dépassements sournois à Mortagne au Perche par les Abeilles qui ont sauté le ravitaillement. Le café habituel de Fresnay sur Sarthe après les monts du Perche et la traversée de Mamers, à gauche en entrant, est ouvert spécialement pour nous à 7 H00 pour un thé du matin. Ils ont changé leur formule: ils servent maintenant des croissants au lieu de brioches un peu sèches comme y a quatre ans. Mais c'est toujours aussi bon. La température reste modérée, même à la pire heure de la rosée. Il faut néanmoins, pour une bonne moitié d'Abeilles, rouler en Gore-Tex. Il n'y a cette fois que 800 m à monter, une plaisanterie. En dehors de Pierre qui arrive comme un gentleman pile conforme au plan de route, tous ceux de 22 H plus Pierre-Yves qui a rattrapé tout le monde arrivent comme des fous entre 7 H 45 (Jean-Paul) et 8:10 (Jean-Pierre). Il y a de la queue au self et, de ce groupe, seuls (je crois) Jean-Pierre et Henri profiteront de l'excellente omelette au jambon de Villaines la Juhel. La soupe, quant à elle, est un peu trop salée ce qui la met en risque pour la préservation de sa première place au traditionnel concours de potages des lieux de pointage de Paris-Brest-Paris. Claudine, toujours dans sa tournée mondaine, se fait offrir un coup à boire par un copain du tour de France Audax qui tient le contrôle.

Christian Maillet vu par MaindruMaya vue par MaindruFougères (PK 305 et B.P.F. 35). Juste après Villaines, la route prend à droite après Loupfougères et monte vers d'autres sommets. Le premier point photo choisi par le photographe officiel Maindru Photo se trouve là après Hardanges, en haut de cette cote infernale vers Bel Air et le mont du Saule qui sera si douloureuse au retour. Sourire, de nombreux cyclos s'arrêtent pour se passer un coup de peigne. Clic-clac, nous sommes mitraillés par les deux photographes dynamiques de Maindru Photo placés de part et d'autre de la route (Christian Maillet et Claudine, vus par Maindru Photo). À Lassay les Châteaux, Pierre rejoint Jean-Pierre au début de la traversée de sa région familiale et le pousse vers Fougères, sans ralentir, vers le confort du camping-car tenu par Mano, son repas amélioré et surtout un lit de camp gréé pour douze minutes de sieste réparatrice. La route de Lassay vers Fougères traverse la Mayenne profonde et bocagère avec la superbe double descente sur Ambrières les deux vallées et son café réputé au bord de la Varenne. Puis Gorron avec ses décorations et son accueil qui a ému Christian, puis La Tannière, meilleure étape avec St Martin des Prés, célèbre par ses crêpes et gâteaux de riz et sa collection de cartes postales de cyclos venus là du monde entier et qui étrenne cette année un coin couchage tout neuf. Enfin les descentes sur le Loroux qui marque la frontière du duché d'Anne de Bretagne, le point haut du Mont Romain et la dernière descente sur Fougères, sous un ciel bleu magnifique et pratiquement sans vent. Au total encore environ 800 m à monter et toutes les Abeilles passent Fougères entre 12:30 et 14:00, les dernières sournoisement pendant la sieste de Jean-Pierre qui pointe en repartant à 14:21. Henri, autre adepte de la philosophie de Poulidor, sent bien lui aussi que moins on mange plus on a faim, et moins on dort plus on a sommeil. Les selfs ont maintenant des files d'attente qui se stabilisent à 15-30 minutes. Tant pis. Claudine, en pure cyclotouriste, opte pour le vivre tiré du sac ("VTS" en langage Abeille): elle croise Pierre-Yves dans une épicerie peu avant Fougères. Ce sera leur dernière rencontre au cours de la randonnée. Elle dégustera alors plus loin dans un champ son melon et autres mets en compagnie d'un cyclo de passage qui lui demande l'autorisation de partager son casse-croûte ! c'est de là qu'elle voit passer quelques Abeilles roulantes.

Maya vue par MaindruTinténiac (PK 366). La sortie de Fougères a changé à cause de la bretelle de l'autoroute qui va d'Avranches à Rennes. Fini le passage à coté du château, fini le passage à Romagné et sa crêperie célèbre, son beurre salé, ses oeufs et sa saucisse du Loroux, finie la traversée de St Hilaire des Landes. À la place, on sort de Fougères en catimini vers le SO en suivant approximativement le chemin du Couesnon, avec même un tronçon de l'ancienne N12 maintenant rétrogradée au rang de route cyclo jusqu'à Sens de Bretagne, dans sa boucle qui l'amènera finalement au Mont St Michel. On y traverse de jolis villages en haut de côtes raides, dont en particulier Mézières sur Couesnon où se placera la deuxième équipe de photographes de Maindru Photo. Sourire, clic-clac, on passe encore pour la photo du siècle (Claudine, toujours vue par Maindru Photo <www.maindruphoto.com>). Certains cyclos n'iront pas plus loin, jugeant avoir assez travaillé pour la postérité et refaisant le même chemin en sens inverse vers Fougères. La fatigue et la chaleur aidant, le trajet devient monotone et il suffit d'un défaut mineur de fléchage, dans un peloton de sauvages roulant vite et abritant quelque cyclote esseulée pour envoyer un Jean-Pierre trop confiant en dépit d'une carte et d'un plan de route, vers St Léger des Prés tout près de Combourg soit un détour de 30 minutes sans même la possibilité de pointer le BPF de Combourg. On ne se méfie jamais assez des pelotons rencontrés sur la route. Cette fois encore, Claudine s'arrêtera avant le contrôle pour continuer son VTS dans un champ à l'ombre, les pieds nus dans l'herbe fraîche, pour mieux récupérer. D'ailleurs, afin d'éviter au maximum les échauffements de pieds ou d'ailleurs (!), elle optera durant ce PBP, losqu'il fera chaud, pour de fréquents arrêts brefs dans les champs ou au bord des routes lorsque les habitants, si accueillants, offrent des boissons ou friandises. Elle s'arrêtera, par contre, moins longtemps aux contrôles. 450 m de montée uniquement sur ce tronçon: le parcours devient, provisoirement, presque plat. Enfin l'arrivée à Tinténiac (ses pâtes), juste après le passage de la Rance (qui continue vers Dinard-St Malo) permet de recharger les batteries après une étape courte et peu accidentée. En dehors de Pierre-Yves qui pointe détaché à 14:50, les Abeilles passent Tinténiac regroupées entre 15 H 55 et 17 H 50.

Loudéac (PK 452). Les choses sérieuses reprennent peu après la sortie de Tinténiac, pour ce trajet interminable de 86 km avec plusieurs traversées de rivières dont La Trinité Porhoet et La Chèze qui permet de rejoindre Loudéac. Montée sur Bécherel et retour, avec 750 m d'ascension, au parcours vallonné d'avant Fougères, mais avec la fraîcheur du soir. Alors que certains profitent de l'accueil des enfants et adultes qui offrent ou vendent de l'eau, du café ou du jus de fruit sur le bord de la route, les autres, un peu plus pressés par la nuit qui vient s'arrêteront juste ce qu'il faut pour faire le plein et remettre les éclairages et baudriers. Pierre-Yves pointe détaché à 18:50. Jean-Paul, Patrice, Claudine et Pierre arrivent avant la nuit entre 21 H 08 et 21 H 32. Claudine rencontre Estrella Maillet et la fille de Guy et Rayjane Piot qui attendent Christian. Elles ont pris quelques jours de vacances dans un gîte non loin d'ici et et viennent prendre des nouvelles et encourager les Abeilles. Pendant que Jean-Paul et Patrice font la queue au self et que des applaudissements crépitent pour accueillir les premiers (ceux qui rentrent de Brest), Claudine s'habille pour la nuit en grignotant les restes de son VTS et court rejoindre quelques cyclos qui partent courageusement vers Carhaix, pour y arriver vers les 2 H du matin. Pierre profitera pour sa part du lit douillet qui le devance grâce à sa Mano chérie. De même, Pierre Fournier et Claudie du CC Mours prendront à Loudéac une très courte nuit de repos. Pendant ce temps sur la route dans les parties plates, il faut rouler, vite, et personne ne s'attarde plus. Les derniers croisent les premiers, éclairages déjà allumés. Les premiers sont un petit groupe rapide de 5 à 7 vélos faiblement éclairés qu'on croise rapidement sans un bonjour. Christian, Henri et Jean-Pierre arrivent enfin à Loudéac à la nuit, entre 22 H 26 et 22 H 55. Christian dormira dans la voiture d'Estrella car il n'y a plus de place dans le dortoir de 300 lits. Henri, plus chanceux mais officiellement pas lavé, dormira au dortoir. Même si certains comme Pierre-Yves (bien sûr), Claudine, Jean-Paul, Patrice ou Jean-Pierre repartent, une foule énorme de cyclos vient s'échouer à Loudéac pour cette nuit: les premiers ou ceux qui ont un camping car d'assistance, un hôtel ou un gîte vont dormir sur un matelas, les derniers arrivés ou ceux qui ont pris le temps de se doucher échouent sur l'herbe et tentent vainement de dormir là enroulés dans leur couverture survie. Galère assurée pour le lendemain. Les troupeaux d'Américains ont une logistique impressionnante mais lourde et lente, qui les emmène au ralenti aux hôtels de chaînes de la ville (Holiday Inn et équivalents). Que de temps perdu à Loudéac. Jean-Pierre y prend son 5° repas complet de la journée (on ne mégote pas) et repart à la nuit noire pour arriver à St Martin des Prés vers 1 H du matin pour le souper.

St Martin des Prés (PK 478,5). Ce n'est pas un pointage, mais c'est néanmoins, grâce à l'auberge "Chez Nicole" au 0296 32 4060, la meilleure étape de Paris-Brest-Paris. De plus, cette année, c'est un pointage secret à l'aller. Dès la recherche de la sortie de Loudéac, on sait que, jusqu'ici, ce n'était qu'une plaisanterie. On s'attaque ici à 26,5 km et environ 500 m d'ascension qui marqueront les esprits, qui se parcourent en 1 heure et quarante longues minutes dans un sens comme dans l'autre, dans un noir d'encre, sur une route étroite et au revêtement approximatif, sans ligne blanche et avec des pentes et des changements de direction parfois impressionnants. Jean-Pierre teste là la dynamo Lightspin sortant 3 Watts de puissance dans un phare halogène sous 6 V au réflecteur énorme de 8 cm que lui a confiée le fabricant via Chis Wilby, un Audax Anglais (Rocky Mountain 1200 km cycle ride) et Jean-Philippe Battu, un Audax Anglais du Dauphiné, pour test sur Paris-Brest-Paris. La lumière produite est rassurante et on en oublie, même en montant à 8 km/h les fortes rampes que comporte ce passage, les quelques 5 W de puissance de pédalage requis en plus. Dans ce passage, la majorité des vélos éclairés à pile se rangent sagement derrière ceux qui ont des dynamos pour éclairer l'avant. D'aucuns se plaindront dans les cafés que ceux qui ont des dynamos ne les attendent pas et les laissent plantés là dans les périls de cette route de nuit.

Photo Chez NicoleEn sortant du virage à gauche qui fait entrer dans St Martin des Prés, on découvre soudain, comme à l'entrée d'une oasis, la façade toute fleurie et éclairée de chez Nicole ("Le Relais St Hubert", carte postale), une tente sur la gauche avec des flonflons, de la nourriture et de la bière à foison. Enfin boire un demi sans remords avec de la mousse et des bulles, sous une tente où il ne fait pas le froid aigu qu'il fait au dehors à ces heures. Puis boire une énorme quantité de soupe aux légumes et manger de la vraie nourriture chaude, le tout pour un prix minuscule. Enfin on peut dormir dans un vrai lit car Nicole et son équipe mettent gracieusement toute la nuit leurs lits à la disposition des cyclos qui passent. Claudine est passé sans s'arrêter mais en marquant la cadence. Jean-Pierre, deux heures plus tard, s'arrête pour la nuit et pointe le pointage secret après avoir dormi. Pierre Fournier et Claudie du CC Mours y passeront le lendemain matin sous la lumière du jour. Les autres Abeilles y passeront aux heures les plus froides du petit matin. Patrice et Jean-Paul, qui font maintenant route ensemble, dorment deux heures dans une grange 10 km avant l'oasis de St Martin des Prés, chacun sur sa botte de foin.

Carhaix (PK 529). Après la redescente vers Corlay (pointage secret d'il y a 4 ans), on retrouve les routes "civilisées". Sur toute cette route parcourue en général au petit matin avant le café de 7 H 00, on croise ceux qui rentrent. Certains semblent en forme, d'autre semblent épuisés, parfois un petit bonjour du bras, mais on ne s'attarde pas: il fait trop froid. L'arrivée à Carhaix fait plaisir car la distance, même coupée à St Martin des Prés, semble longue. Pierre-Yves arrive à 23 H 40, Claudine à 2 H. Elle profite alors d'une douche et d'un bon repos au milieu des ronfleurs sur des lits de camp installés par des bénévoles dans un dortoir 250 places. Avec 545 km au compteur en 28 H et le dernier dodo 40 heures avant, les ronflements ne gênent pas longtemps. Claudine se lève en forme et, après un petit déjeuner, enfourche son vélo de bon cœur, croisant des malheureux cyclos frigorifiés et se félicite d'avoir choisi de rouler en début de nuit avant la froidure. Patrice et Jean-Paul arrivent à 4:50. Ils dorment à nouveau deux heures sur le sol du réfectoire, régulièrement enjambés par les cyclos qui portent leur plateau, et le plus étonnant, c'est que tout le monde trouve ça parfaitement naturel ! Les autres, toujours groupés en deux heures arrivent entre 5:30 et 7:30 (Henri au lever du jour). Jean-Pierre ferme désormais résolument la marche des Abeilles, bien calé dans la marge admissible de son plan de route d'origine (Excel zippé 60 KO). C'est à Carhaix que, après être arrivé à Loudéac à 3:30 et avoir trop dormi (un premier coup trop court, un second coup trop long), Jean-Michel Colombier, un autre complice du CC Mours, sera contraint à l'abandon à 11:30 soit 30 minutes après la fermeture du pointage.

Pont de BrestBrest (PK 615). De Carhaix à Huelgoat (B.P.F. 29), le parcours suit le chemin des écoliers et traverse la forêt d'Armorique avec ses fées et ses lutins. Claudine, bien reposée par ses trois heures de sommeil, appréciera pleinement cette étape cyclotouriste effectuée au lever du jour et regrettera son appareil photo: magnifiques paysages accidentés mis en valeur par quelques touches de brouillard dans certains creux. Au sommet d'une des nombreuses côtes, elle fera même un détour pour admirer le paysage en dégustant une banane agrémentée de mûres cueillies au bord du sentier sous œil surpris des vaches autochtones. Maya a BrestPourtant, il faut rouler. Pas le temps de regarder le gouffre (pourtant à gauche sur la route avant Huelgoat), les amoncellements de rochers, la roche cintrée, les arbres de Mélusine ou le camp d'Arthus (à droite après Huelgoat). Il faudra revenir à Huelgoat au cours d'une flèche Paris-Brest, dans le calme. Le relief ne nous a pas oubliés et on n'arrête pas de monter pour redescendre, sauf quand on descend pour remonter. Passage sans difficulté du Roc Trevezel (349 m), après avoir laissé à 500 m sur la droite le col de Tredudon (361 m) indiqué sur feu le plan de route de Jean-Philippe Battu, sans même le pointer. Quel gâchis ! après Sizun (ses cafés, sa crêperie, sa boulangerie avec option secrète salon de thé que peu détecteront mais que Claudine appréciera à l'heure du petir-déjeuner, et marginalement son enclos paroissial), on part maintenant vers Landerneau au lieu de passer par Daoulas comme avant, et on redescend vers la gauche par des petites routes vers le dernier carrefour à la sortie de Loperhet, au bord de l'Atlantique. Les dernières côtes mènent enfin au pont Albert Louppe interdit aux voitures où de nombreux cyclos s'arrêtent pour une photo de l'Atlantique et du magnifique pont qu'empruntent les voitures (notre reporter était passé là un autre jour), on traverse la rade de Brest et on monte vers le lycée où se trouve le pointage. Au milieu de la côte, Mano, à un point stratégique, surveille le passage des Abeilles et donne des nouvelles: Claudine en profitera pour échanger des vêtements sales contre des propres. En dehors de Pierre-Yves passé à 7:10, les Abeilles arrivent groupées sur deux heures: entre 11:20 (Claudine) (Claudine, toujours au bar, notre reporter était là ) et 13 H 10 (Jean-Pierre), c'est à dire à l'heure de l'apéro, du repas ou de la sieste (pour certains), soit loin avant la fermeture de 17:30 (à l'heure du thé). Patrice confie son vélo au réparateur qui est sur place: depuis Fougères, à chaque étape, il doit resserrer deux ou trois rayons complètement dévissés, et dévoiler. Roue arrière, bien sûr, et côté roue libre, comme d'habitude. La réparation sera notoirement inefficace mais ça valait le coup de miser les 7 €.

Enclos Paroissial marginalCarhaix (PK 696). le retour de Brest à Carhaix est rapide et facile, en dépit de la pente et de la longue montée presque ininterrompue de Brest au Roc Trevezel. L'arrêt à Sizun est fortement recommandé. Claudine, comme à son habitude, s'arrête à l'épicerie pour y acheter son VTS, pour consommation dans l'enclos paroissial touristique que certains trouvent marginal (notre reporter était là ). Jean-Pierre y essaye la crêperie à droite après la place principale et y entraîne tout un groupe de cyclos affamés et peu francophones. Au menu: crêpes sucrées au froment avec confiture et miel-amandes. De quoi tenir jusqu'en haut de la montée sur Carhaix. Au retour, on évite Huelgoat et on reste sur la route principale, ce qui raccourcit la distance et réduit le relief. Il ne faut pas s'arrêter à Carhaix. Selon les théories pratiquées, il faut aller à Tinteniac, à Loudéac ou au moins à St Martin des Prés. Des rumeurs de pointage secret à Illifaut au PK 810 traversent le peloton, mais on ne peut pas suffisamment se fier à l'ACP pour espérer trouver des matelas décents à Illifaut. Dommage. En dehors de Pierre-Yves qui pointe Carhaix à l'heure du déjeuner (12:30), les Abeilles arrivent groupées sur deux heures: de 16:45 (Claudine), 18:00 (Henri) à 18:35 (Jean-Pierre). Carhaix ferme à minuit ce soir-là et il serait imprudent de s'y attarder. Jean-Paul, qui s'en va avec Patrice, signale à Jean-Pierre qui arrive que le self est presque libre: pas de queue pour perdre du temps et 3° repas complet de la journée. Même dans ces épreuves, l'Abeille reste une ruche organisée.

Pendant ce temps, les premiers arrivent déjà au gymnase des droits de l'Homme à Guyancourt et les Abeilles de l'Organisation, sans qui rien ne serait possible, font toutes des rotations jour et nuit pour tenir les stands d'arrivée.

St Martin des Prés (PK 746,5). Au retour, ce n'est même plus un pointage secret et l'ACP a déménagé tout son fourbi, mais "chez Nicole" reste la meilleure adresse de ce Paris-Brest-Paris. Alors que toutes les Abeilles poursuivent au moins vers Loudéac à la recherche d'un hypothétique couchage, Jean-Pierre s'arrête de nouveau au moment de mettre le baudrier réfléchissant vers 22:15, accueilli comme un vieil ami par les autochtones, toujours étonnés qu'on puisse être aussi fou pour repartir à 2 heures du matin. Pas de bière au retour mais un potage, des pâtes, du rôti de porc et sommeil jusqu'à un départ ensommeillé et Gore-Texé dans le noir et en descente à 2 heures du matin. Certains restent dormir plus longtemps, mais c'est à leurs risques et périls car Loudéac ferme à 6:15. Personne n'est plus sur les routes à ces heures tardives car tous sont déjà en train d'essayer de dormir à Loudéac. Dans ces conditions toujours précaires, la dynamo Lightspin et son phare géant de 3 W font merveille. Mais comment font les autres pour ne pas se perdre ? À la réflexion, cette route qui montait tout le temps de Loudéac à St Martin des Prés monte aussi une bonne partie du temps dans le sens retour. Ils sont fous ces Bretons.

Loudéac (PK 773). Arrivée à Loudéac en cote après 1:40 de vélo pour 26,5 km. Ce n'est que dans les derniers km après Trevé qu'on commence à voir un peu de lumière municipale. Mais le sens de la pente s'est inversé depuis la veille: ça montait à la sortie de Loudéac et ça monte maintenant à l'entrée de Loudéac. Ils sont vraiment très forts à l'ACP. En dehors de Pierre-Yves qui est arrivé pour le thé à 16:45 et de Jean-Pierre qui dort à St Martin des Prés, les Abeilles arrivent groupées. À 21 H 10 : Claudine, pile à la même heure que la veille, où elle retrouve à nouveau Estrella et la fille de Guy qui attendent Christian. Cette fois-ci, comme il y a peu de monde, elles dîneront au self en bavardant. À 23 H 00 enfin, Henri ferme la marche. Selon Claudie du CC Mours, qui était attendue avec Pierre Fournier par un camping car, l'étape Loudéac - Loudéac était la plus dure du parcours. Par contraste, Carhaix - Carhaix était la plus cyclotouriste et la plus agréable selon Claudine, et St Martin des Prés - St Martin des Prés était la plus confortable selon Jean-Pierre. Il suffit de peu de choses. Fidèle à sa règle de conduite d'éviter de rouler aux heures froides du petit matin, Claudine repart au plus vite vers Tinténiac avant la rosée et les brumes du matin. Les autres cherchent et semblent trouver un couchage. Pour eux, les départs de Loudéac se feront au petit matin.

Tinténiac (PK 859). la route de Loudéac à Tinténiac n'est pas plus souriante dans ce sens en début de nuit ou au petit matin, dans une semi-brume avec, après 2 H, une vague demi-lune bleue de froid. Les traversées de rivières sont carrément réfrigérantes. Jean-Paul et Patrice trouvent à Ménéac une sorte d'entrepôt en terre battue. Ils seront réveillés à peine une heure et demie plus tard par un froid glacial. La remise en route est dure ! Peu après et sans concertation, Jean-Pierre tentera une sieste de 10 minutes en Gore-Tex sous un buisson derrière l'église du même Ménéac. La bonne nouvelle est sans conteste le pointage secret dans une sorte de château à Illifaut où des accordéons accueillent ceux du soir. Ceci donne envie à Claudine de danser comme la veille à St Martin des Prés. Étant une abeille et non une cigale, et n'ayant pas de cavalier sous la main, elle repart rapidement avant de se faire surprendre par l'envie de dormir. Mais il ne fait pas s'attarder dans cette pièce emplie d'une douce chaleur, car on risque de ne plus repartir. Un groupe d'américains et américaines non chargés roule à tombeau ouvert dans les cotes courtes qui se succèdent. De quoi attraper des bonnes crampes aux mollets et stopper sans rémission la digestion. L'arrivée à Tinténiac se fait sans y penser. Pierre-Yves arrive vers 22:30 pour repartir vers Fougères (un bon choix). Claudine arrive vers 2:30 pour dormir, enfin. Mais comme le dortoir est plein à cette heure et la douche prise, elle doit s'installer par terre dans un couloir après une toilette d'oiseau sur une moquette rase et sa provision de linge sale. Pas trop confortable et surtout pas très reposant. Elle dormira quand-même puisque c'est son réveil qui la fera se lever assez patraque. Un chocolat chaud et un croissant en compagnie d'un cyclo de Bourges (souvenir de quelques galères du PBP précédent). Cette année, il semble en meilleure forme. Jean-Paul et Patrice arrivent juste pour le petit déjeuner, dans un bistrot proche du contrôle. Ce sera là la seule exception à leur règle consistant à faire un repas complet à chaque arrêt: les pâtes sous cellophane tiédasses et insipides de l'aller leur ont laissé un mauvais souvenir. Les autres arrivent étalés sur 2 h 40: de 6:50 (Christian) à 9:30 (Jean-Pierre). Et il faut repartir vers Fougères.

Fougères (PK 914). Sauf pour Pierre-Yves qui l'a parcourue en milieu de nuit, la route de Tinténiac à Fougères se fait dans la matinée, sans aucun arrêt sauf sieste pour ceux qui s'endorment sur leur vélo. On commence à voir des vélos posés n'importe où sur le bord de la route avec le cyclo vautré par terre pour dormir, parfois dans des positions invraisemblables pour faire redescendre tout ce qui s'accumule dans les jambes et fait gonfler les chevilles. L'arrivée à Fougères est un moment attendu même si la route n'était ni longue ni trop en relief. Pierre-Yves arrive à 3 heures du matin. Claudine, à 9:15, y prend une soupe, une omelette et du riz au lait, le tout agrémenté d'une sieste sur l'herbe au soleil pour essayer de récupérer de sa mauvaise nuit. Mais ses tuyauteries commencent à donner des signes de faiblesse et la soupe sera longue à digérer. Les autres passent étalés de 10:40 (Christian), 11:15 (Henri) à 13:05 (Jean-Pierre).

Maya a VillainesVillaines la Juhel (PK 1002). La route est la même que dans l'autre sens, mais les trois côtes de Fougères à St Helier du Maine se sentent dans les mollets. Encore 850 m à monter au total sur 88 km. Toujours les passages joyeux à La Tanière et Gorron, suivis de la traversée d'Ambrières et de Lassay les Châteaux aux cafés surchargés de cyclos. Si les Américains ne sentent pas l'écurie, les français la sentent et, s'il n'y avait pas les raidillons entre Lassay et Loupfougères, on se croirait arrivé. À partir de Bel Air c'est bon, ça descend presque jusqu'à Villaines la Juhel. On y retrouve avec plaisir, en habitué, la soupe et l'omelette de l'aller. Pierre-Yves arrive à 10:15. Claudine, à 15:45, est interviewée par France 3 à cause de son abeille sur son casque, est à nouveau accueillie chaleureusement par son copain du tour de France Audax et son épouse, par qui elle se fait offrir un coup à boire et un croissant. Claudine évite ainsi un self de plus (Claudine photographiée par les organisateurs au pointage). Les autres Abeilles s'échelonnent de 16:23 (Pierre et Christian), milieu de l'après-midi (Henri) à 17:32 (Patrice et Jean-Paul). Jean-Pierre arrive à 19:10, en petite forme depuis le matin. L'atelier massages et l'atelier fesses ne désemplit pas. C'est fou ce qu'un massage peut faire du bien.

JPF et PM a VillainesMortagne au Perche (PK 1084). La sortie de Villaines la Juhel dans l'air calme du soir est un vrai bain de jouvence (notre reporter était là ): un très léger vent d'ouest semble vouloir se lever et aider les vélos, la route descend avec quelques velléités de remonter comme après le gué qui traverse la Sarthe avant Sougé le Ganelon. Un parcours qui remet en jambes et où on retrouve le plaisir des trajets tranquilles à 23 de moyenne.

Vers 22:30 dans un noir d'encre, Jean-Pierre fait une soleil autour de son vélo, qui roulait, et de celui d'un inconnu, arrêté, 5 km après Fresnay sur Sarthe en direction de Mamers, dans les temps pour une arrivée tranquille à Mortagne à 00:30 et à Montigny vers 14:00. Après un bref passage à l'hôpital d'Alençon, il rentrera samedi soir en voiture vers les Alluets avec le nez un peu plus élégant qu'avant. "Le nez est comme avant", a déclaré laconiquement Françoise. L'inconnu qui, arrêté sur la route, a causé l'accident est reparti sans demander son reste ni avertir les secours: son vélo semble avoir résisté au choc. La fourche du vélo a absorbé le gros du choc et devra repasser au marbre. Par contre, rien de tel n'est nécessaire pour les os du nez qui semblent être restés en place. À ce moment-là, son éclairage avant était exclusivement assuré par la lampe 5-diodes très focalisée de Cateye, équipée de piles neuves. À la réflexion, l'utilisation de la dynamo Lightspin et du phare avant de 3 W aurait certainement permis de voir que le point rouge qui était devant était un vélo à l'arrêt et non un vélo en mouvement.

Au litRepasComme d'habitude, la partie Mamers - Mortagne est une épreuve où chaque montée se mérite. Pierre-Yves arrive à 14:30. Claudine arrive à 20:45, après avoir retrouvé la forme dans l'après-midi. Elle téléphone alors à Christian pour lui dire qu'elle veut en finir avec ce brevet et préfère passer une nuit blanche plutôt que de re-dormir dans le mêmes conditions que la veille ; elle se prépare donc pour sa quatrième nuit en grignotant quelques bricoles et en bavardant avec des anciens d'Argenteuil attirés par sa randonneuse équipée comme dans "le bon vieux temps". Les autres Abeilles survivantes arrivent en deux groupes entre 21:55 (Christian et Henri qui roulent maintenant ensemble) et 22:20 (Pierre, Patrice et Jean-Paul qui font aussi route ensemble). Pierre, Patrice et Jean-Paul vont se tasser entre hommes dans le camping car de Pierre (notre reporter était là ) tandis que Christian et Henri dorment au dortoir qui sent bon les pieds de Mortagne au Perche, après une dure négociation entre eux sur la durée de sommeil à prévoir. Mais où dort donc Marie-Noëlle ?

Nogent le Roi (PK 1167). Les groupes constitués le restent. Pierre-Yves arrive à 20:10 pour repartir. Claudine arrive à 1:50 avec un sympathique club Breton avec qui elle a fait l'étape précédente, prend un léger repas avec eux et repart en pleine forme en leur compagnie. Ils feront une pause à Longny au Perche où de charmants habitants offrent à cette heure invraisemblable du café fort que Claudine boit en mangeant le sandwich qu'elle avait acheté à Mortagne. Cela lui permettra de terminer la randonnée sans trop avoir sommeil ni faim mais avec de sacrées brûlures d'estomac. Les autres Abeilles arrivent toujours en deux groupes à 7:00 (Christian et Henri) et 8:05 (Pierre, Patrice et Jean-Paul), pour repartir dans la foulée pour les derniers 58 km qui passent par la cote désormais célèbre par ses chutes de Gambaiseuil. Justement, Patrice tombe en panne à Gambaiseuil: deux rayons sont sortis de leur tête coté roue libre et un autre est cassé. Bien sûr, pour ajouter à l'ambiance, il se trompe de sens en dévissant un rayon, ce qui cause une crevaison, en plus du reste. Mais l'Abeille en a vu d'autres. Pendant que Pierre lime les têtes de rayons en les frottant sur le bitume, Patrice tente de les passer dans leur logement (coté roue libre, toujours) en les insérant de biais, tandis que Jean-Paul pousse sur le tout avec une pointe de canif. Bref, en moins de trois quarts d'heure, les moignons de tête sont à leur place et, après un dévoilage sommaire, tout le monde repart.

Christian MailletSaint Quentin en Yvelines (PK 1225): Arrivées. En dehors de Pierre-Yves qui roule à une vitesse étonnante, tous rentrent à la même vitesse. On retrouve bien là le rythme célèbre des Abeilles. Pierre-Yves arrive le jeudi soir à 22:42 après une randonnée de 71 h 57, Claudine arrive le vendredi matin à 5:47 après une randonnée de 79 h 47 accueillie par la bise du Mari-Chéri et un "Maya !" crié des tribunes par un copain du Tour de France qui l'attendait avant d'aller se coucher. Il avait en effet suivi tous les copains du tour de France sur le web et avait supposé (juste) que Maya ne dormirait pas la dernière nuit. Au moment de rentrer chez eux avec le vélo dans le coffre, Christian et Claudine croisent Mano, surprise de voir Claudine déjà arrivée: elle n'avait pas fait le même pronostic. Comme quoi, pour ceux qui suivent PBP sur le web, les cyclos et leurs montures ressemblent un peu aux chevaux du tiercé. Ils en profitent pour donner des nouvelles de Jean-Pierre qui avait appelé Christian pendant la nuit lors de sa chute, de récupérer le petit sac, de la remercier pour sa gentillesse permanente et de faire la bise. Les deux groupes constitués Abeille arrivent alors tranquillement: à 10:55 après 84 h 10 pour Christian (notre reporter était là ) et Henri, et à 12:00 après 86 h 00 pour Pierre, Jean-Paul et Patrice.

Le contrôle d'arrivée. Au contrôle d'arrivée, si on est un peu physionomiste, on retrouve nos cyclos contrôlés au départ:

S'il a fait bonne route et que vous demandez au blasé : "alors, c'est ton dernier ?" Il vous répond : "Oh! je n'en sais rien. On verra ça dans quatre ans".

L'ambitieux qui n'a pas réussi à faire mieux que la fois précédente se croit obligé de se justifier devant les contrôleurs. Attention, il n'a pas été largué. "J'ai décroché pour pisser juste avant Brest et je n'ai pas pu recoller au peloton, ils roulaient comme des bêtes."

Au petit matin, un cyclo arrive furibard et demande le cahier des réclamations. C'est le timide. On lui répond qu'il n'y en a pas. "Très bien, je vais écrire. C'est inadmissible, j'ai du rater une flèche, je suis sorti du parcours et j'ai tourné en rond pendant une heure dans les rues de Saint Quentin en Yvelines." Tout en faisant les formalités d'usage, on lui glisse d'une voix distraite qu'il a bien réussi son affaire puisqu'il est arrivé dans les mille premiers. Le sourire revient, il quitte la table du contrôle puis erre pendant 1/2 heure dans le hall du gymnase en regardant le sol comme perdu dans ses pensées. Finalement il disparaît en oubliant de s'enquérir de l'adresse où il n'aurait d'ailleurs peut être pas envoyé sa missive.

Les traits à peine tirés, presque aussi bien coiffée et bien maquillée, la petite dame fluette se présente au contrôle. Elle a mis 56 heures pour faire le tour...

Le roule-toujours arrive tout juste avant la fermeture du contrôle, frais comme un gardon. "Quelle belle randonnée! et puis le temps pardon! Les nuits étaient si douce que je n'ai même pas monté la tente une seule fois, j'ai dormi les quatre nuits à la belle étoile." Il commente son Paris Brest à quelques copains venus l'attendre pour faire un bout de route avec lui sur le chemin du retour, car il rentre en vélo comme il est venu, il n'habite qu'à 50 km.

Bien sûr, il y a ces cas particuliers (à peine caricaturés) mais il y a surtout une majorité de randonneuses et de randonneurs qui donnent un peu plus que le meilleur d'eux même pour réaliser sans histoire ce brevet prestigieux. Ils en garderont toute leur vie un excellent souvenir. La fatigue et les douleurs (petites ou grandes) seront vite oubliées.

Nous les bénévoles, on les admire et même on les envie un peu ces géants de la route quand ils nous racontent comment ils ont réussi "leur Paris-Brest". En donnant un peu de notre temps, on a quelque part l'illusion de partager leur aventure.

Épilogue. La vie peut enfin reprendre son cours, à vélo, en commençant par un bon repas et par une nuit de sommeil.


Autres compte-rendus ? (merci à Jean-Paul pour tous ses liens)


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"

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