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JOURNAL DE LA SARDAIGNE

DU 12 AU 26 MAI 2008

par tous les participants
http://abeille-cyclotourisme.chez.tiscali.fr/souvenirs/2008_sem_sardaigne.html

Participants : Claudine et Christian Auzet, Michel Bardin, Jean Berthelot, Chantal et Henri Courmont, Alain Muguet, Marie-Christine et Jean-Lou Perrot, Isabelle et Bernard Seguier, France Simon, Jocelyne Voyeux.

LUNDI 12 MAI (Maya)

Pour la semaine abeille 2008 à l'étranger, le pays choisi est la SARDAIGNE. Devant l'empressement des organisateurs..., Maya propose de s'en occuper. Comme le lui conseille Henri, elle prend contact avec les organisateurs de la FFCT qui proposent depuis plusieurs années un voyage en étoile en Sardaigne en mai. Leur organisation étant bien rôdée et correspondant à ce que nous faisons lors de nos semaines Abeille, nous décidons donc de nous greffer à celle-ci. 14 abeilles seulement décident alors de s'inscrire.
Après le désistement de Jean-Pierre, nous serons donc plus qu'un petit essaim de 13 à intégrer un groupe de 55 (45 pédalants dont les 2 animateurs -Alain et Hervé- et 10 non pédalants)

Lundi 12 mai au port de commerce de Marseille. Mais pourquoi Françoise reste-t-elle dans la voiture de Christian pendant les retrouvailles et les premiers contacts avec nos futurs compagnons de vacances ?.... Celui-ci tarde à comprendre qu'il avait laissé la sécurité enfant !...

La grève qui sévit ce jour-là ne concerne pas les plaisanciers : OUF ! Nous embarquons donc comme prévu avec les voitures, appareillons à 18 heures, prenons possession des cabines de 4 couchettes et salle de bain et, nous retrouvons pour un dîner copieux en salle de restaurant.
La digestion et le sommeil seront plus ou moins faciles suivant les cas avec la houle et les ronflements.

MARDI 13 MAI (Maya)

1ére étape : La grotta di Nettuna.

Mardi, de bon matin, notre bateau fait une escale d'une heure en Corse à Propriano, que nous contemplons derrière un hublot trempé par la pluie ! Nous prenons un petit déjeuner puis passons le temps en bavardages en attendant notre arrivée en Sardaigne à Porto Torres.
Nous récupérons nos voitures qui nous porteront pendant 36 km jusqu'à l'hôtel Oasis d'Alghéro. Des massifs d'oiseaux du paradis, le chant des oiseaux et des palmiers nous accueillent ainsi qu'un bon repas très copieux (ceux qui ont fait la Toscane verront une certaine différence !...).

Si ce début de vacances démarre bien, il y a un petit "mais du mois de mai" : tandis que nous avons laissé soleil et chaleur à Paris, c'est la fraîcheur et la pluie qui nous accueillent !.... Celle-ci n'ayant pas cessé du repas, les organisateurs choisissent de faire les 48 km prévus l'après-midi en voiture et non en vélo.
Heureusement que les 656 marches del escale des Cabirol nous attendent pour descendre à la grotte de Neptune creusée par la mer ! Nous y faisons une visite guidée et admirons les superbes stalagmites, stalactites, colonnes et autres merveilles de la nature, puis remontons les 656 marches (bravo Chantal).

Au retour, les organisateurs proposent le belvédère de la baie de Porto Conte, site très sauvage, puis une petite halte devant les ruines en partie restaurées d'un village nuragique, Palmavera : une tour centrale en grosses pierres sèches appelées nuraghui : tas de pierres sardes vestige de 1500 à 400 av J.C. Pour info, à part l'utilisation des nuraghes, limitée à quelques familles prédominantes ou à des familles destinées à des tâches spécifiques, la majeure partie de la population résidait dans les villages, constitués de modestes demeures circulaires couvertes d'un toit fait de troncs et de branchages et souvent enduites à l'intérieur de boue ou d'argile et parfois isolées avec du liège...Cette civilisation est caractéristique de la Sardaigne...

Au retour, nous déchargeons les voitures et prenons possession de chambres confortables où nous passerons 5 nuits. Premier briefing à 19 h 15 (comme ce sera pendant tout notre séjour) et dîner à 20 heures, très copieux et même trop pour beaucoup.
Les chants d'un crooner italien permettent à quelques rares d'entre nous d'user quelques calories sur la piste de danse pendant que d'autres auront du mal à dormir !...

MERCREDI 14 MAI (Christian)

2éme étape : La péninsule du Capo del Falcone

Il fait beau et le peloton peut penser à rouler. Au moment de partir, tandis que les anxieux sont prêts depuis la veille, Françoise s'aperçoit que ses cales ne correspondent pas à ses pédales. Elle est aussitôt prise en charge par le bel Alain qui s'occupe de tout, et nous rejoindra plus loin sur le parcours. Sous le guidage d'Hervé, nous sortons d'Alghero, longeons l'aéroport et remontons droit vers le nord en peloton, en apercevant les collines de la veille. Nous traversons Stintino, joli port de pêche, par une route sinueuse qui longe la côte.

Au déjeuner au cap Falcone, nous profitons de la mer bleu turquoise ou foncée, de la plage au sable blanc dominée par la tour Pelosa, face aux îles Asinara. N'ayant pas terminé, nous assistons à une envolée de moineaux, nous retrouvons entre Abeilles et partons en fermant la marche après le café.

Contrairement à la matinée qui fut plate, l'après midi est collineuse et nous suivons scrupuleusement le parcours nominal. Soudain, à un carrefour, Jean qui était légèrement détaché, descend droit sur Argentiera où nous ne le rattraperons qu'en bas à la mer pour lui expliquer que c'est un cul de sac. Grâce à Jean "Loupe pas une", nous voilà quitte pour remonter la côte. Le peloton des Abeilles qui avait éclaté au carrefour, puis sur une crevaison d'Henri, puis sur un vrai faux raccourci du GPS, se reconstitue pour rentrer groupés et de bonne heure à l'hôtel.

Nous en profitons pour visiter Alghero et, selon les centres d'intérêt, faire des courses, manger des glaces, boire de la bière ou réparer une lanière; pour terminer cette belle journée qui augure bien de la suite.

JEUDI 15 MAI (Michel)

3éme étape : Castelsardo

Bien, à mon tour de poursuivre la narration de nos aventures SARDES. Aujourd'hui approche en voiture jusqu'à SASSARI, deuxième ville en importance après CALGARI, la capitale.

Il est difficile de suivre la voiture de l'organisateur: feux rouges, bouchons et le manque de plan et panneaux indicateurs ne nous facilitent pas la tache; voici enfin le parking des pins.

Les premiers arrivés quittent SASSARI par petits groupes, et c'est tant mieux car la route est étroite et pentue, nous naviguons entre camions et voitures. Puis c'est la longue descente vers la côte, que nous longerons sur plusieurs kilomètres. Plantes grasses, figuiers de barbaries et jardins fleuris agrémentent notre parcours. Le ciel est toujours aussi bleu et la chaleur supportable, un temps à faire du vélo. Nous quittons le bord de mer afin de nous rendre vers une singulière roche : l'éléphant. Effectivement, la silhouette de ce rocher de trachyte rosâtre nous rappelle nettement ce pachyderme. De nombreux touristes ont également fait le détour pour voir, selon les dires d'HENRI, "ce leurre posé par KODAK", tant ça mitraille.

Enfin, c'est le retour vers le bord de mer. Au loin, nous apercevons CASTELSARDO, village multicolore aux couleurs pastels, perché sur un promontoire escarpé. Avant le pique-nique, visite de ce village pittoresque qui domine le golfe de l'Asinara.

Après s'être restaurées, nos abeilles, que la mer et ses golfes clairs titillent depuis ces 2 premières journées, vont enfin goûter aux joies de la baignade, laissant les couraillons s'entre déchirer sur leurs 50 x 12. La température de l'eau est bonne, et ils en profiteront un bon moment.

Séchés et revêtus en cyclo, nous remontons sur SASSARI à bonne allure car la pente est douce. Sur le parking nous retrouvons Jean-Lou impatient, qui piétine depuis un bon quart d'heure, car ses dames se sont volatilisées.

Pour le retour ce sera chacun pour soi, au pif, les indications toujours aussi rares, heureusement la gentillesse et la compréhension sardes, nous permettront de retrouver notre chemin.

VENDREDI 16 MAI (photocopie ou Jean "Loupe pas une")

4éme étape : les trois lacs

Sauf quelques participants fatigués de la veille, nous quittons l'Hôtel OASIS d'Alghero à 8h15 par une route assez fréquentée en raison des travaux autour de l'aéroport.
Les consignes sont de rouler sur une seule file afin de ne pas gêner les automobilistes qui, en général, nous le rendent bien.

Partis du Nord-Ouest de l'île, nous progressons vers l'est et, très tôt, notre petit peloton de 40 cyclos se partage en petits groupes car nous rencontrons des contreforts de montagne de plus en plus pentus, les visages se creusent et le silence s'installe. "Ca monte" ! Virage à droite, nous quittons la grande route et nous faisons une halte regroupement ; nous contemplons une maison cantonnière des temps anciens (RUDAS) et un lac immense permettant une irrigation en aval, le tout dans un décor grandiose.

Nous avons effectué environ 30 km, la chaleur devient pesante et chacun repart pour aller plus haut vers d'autres lacs retenus par des barrages (2). Enfin, une belle descente, permettant aux uns et aux autres de souffler un peu. Après avoir passé le dernier virage de cette grande descente, photocopie crève (c'est toute une histoire...) ; l'entraide se faisant, nous repartons et cheminons vers l'endroit du pique-nique.
C'est la fournaise et nous arrivons dans une ville très gaie, Romana : des fresques murales récentes bordent la place de la mairie qui nous accueillera sous son grand et majestueux palmier voisin de la fontaine d'eau fraîche. Toutes ces peintures murales sont des thèmes de la vie contemporaine et ancienne avec chaque fois une dose de précision, d'humour, d'érotisme, de moquerie; de vie, quoi... !!

Autour de 13 h, les premiers repartiront ; quant aux Abeilles, elles cherchent l'ombre d'un bistrot pour prendre le café et déjouer les rayons du soleil pour prendre un départ plus tardif.

Ainsi, les descentes et les côtes se succèdent pour rencontrer une vraie côte, cette fois-ci, qui nous conduira vers un village : Monteléone Rocca d'Oria : photocopie était en difficulté dans cette ascension. Aussi, il faut savoir que nous avons fait une halte devant une fontaine de ce village qui en compte deux.
Cette "belle fontaine" coule en permanence et dispense une eau potable et fraîche ; il est dit que chaque gorgée de cette eau rajeunit le pèlerin de 10 ans, et tellement j'en ai bu : je n'étais plus dans mon cuissard mais en barboteuse et faisais ARE.ARE.
La chance n'était pas avec photocopie ! ce jour là car nous n'avions pas visité la "bonne fontaine". Ainsi, chacun est reparti désaltéré transportant ses douleurs : le miracle n'avait pas eu lieu.

Puis après quelques "montées-descentes", nous allions dévaler à toute allure vers notre ville d'Alghero avec une formidable vue sur la baie, pour y trouver le repos. Mais cette fabuleuse descente d'arrivée devait être la côte de départ du lendemain et l'anxiété et les mauvais rêves allaient en naître pour le briefing du soir. Nous aurons fait plus de 100 km.

SAMEDI 17 MAI (Chantal)

5éme étape : la côte ouest rocheuse et découpée

Même horaire que d'habitude mais, cette nuit, il a fait de l'orage et le temps a changé, il se met à pluviner.

Pendant le petit déjeuner, nos accompagnateurs décident de retarder d'une demi-heure le départ. Il se met à tomber des cordes et cette fois, c'est la demi-journée de vélo qui est annulée. On prévoit de pique-niquer à l'abri près de la piscine de l'hôtel à 11h30 et après on avisera.
Vers 13h, quelques éclaircies entraînent une minorité de cyclistes à faire un parcours de substitution en vélo sans pouvoir malheureusement visiter la belle ville de Bosa.

Nous, les "non pédalants" prévoyons de retourner à Alghero faire des achats : cartes postales, timbres et enveloppes entre autres. Nous remplissons une voiture et nous nous arrêtons à l'office du tourisme du port de plaisance, où on nous apprend que c'est aujourd'hui l'équivalent de la journée du patrimoine chez nous. C'est gratuit et ce sont des élèves qui font visiter les monuments encadrés par leurs professeurs ; les participants se scindent en mini groupes pour visiter les monuments.
Quant à nous, ce sera l'hôtel de ville et ses archives, le musée des Arts Religieux

Retour à temps pour prendre le pique-nique à l'abri au bar de la piscine. Le soleil pointe le bout de son nez, alors plusieurs projets s'échafaudent ; peu feront le "nominal" : sur une demi-journée c'est dur ! Plusieurs feront l'un des 2 trajets en vélo jusqu'à Bosa et retour en voiture.
Sur le petit parcours, Françoise fera une chute sans gravité à un stop en quittant Alghero.

Bosa est une jolie cité médiévale qui a su garder son cachet d'autrefois, il y avait des vanneries au bord du fleuve Temo, le seul fleuve navigable de Sardaigne. La ville est surplombée par un château moyennageux dont il ne reste que des ruines. Les façades sont colorées, le Duomo est intéressant. Bosa a été fondée par les Phéniciens ; on note une forte influence espagnole. Ce fut le premier foyer de la chrétienté.

Retour à Alghero et encore quelques visites de monuments sont possibles. Quant à nos rouleurs, ils sont arrivés juste à temps pour prendre la douche avant le repas.

DIMANCHE 18 MAI (Henri)

La chevauchée sarde à Sassari

Jour de la Cavalcata Sarda à Sassari et aussi jour de transfert à FONNI.

Comme d'habitude, le petit-déjeuner est à 7h15 pour être prêts à partir à 8h.Le soleil est au rendez-vous. La plupart des participants a chargé les véhicules la veille et nous partons par petits groupes de voitures vers Sassari. Bernard et Isabelle ont bien préparé les choses et ils trouvent un parking à l'entrée de la ville près du pont de chemin de fer, c'est facile pour se repérer, le parking est vide quand nous arrivons, seuls deux camions sont rangés dans un coin. Rapidement les autres participants du groupe arrivent et nous pouvons tous stationner sans difficulté. Il est 9h30 et le défilé commence à 10h, nous avons donc le temps de nous rendre sur le parcours et de choisir un bon emplacement ; la place d'Italie semble bien convenir, des estrades réservées aux VIP y sont installées..

Au moment où nous arrivons place d'Italie ce sont les détachements militaires qui défilent au pas cadencé. Ensuite pendant plus de trois heures nous verrons passer les groupes folkloriques de Sardaigne accompagnés ou non d'instruments de musique, souvent des accordéons et des flûtes à 3 pans. Certains groupes s'arrêtent en face des tribunes pour exécuter quelques danses, d'autres pour chanter. Tous ont revêtu les habits de leur région ou de leur village. Les vêtements des femmes sont souvent très colorés et richement décorés. Une centaine de groupes participe au défilé qui se termine vers 14h par des groupes de cavaliers.

Après une collation rapide (un panini à la viande de cheval !), nous prenons la route pour Fonni, notre deuxième implantation au milieu de l'île, à 1000 m d'altitude, une des plus hautes bourgades de Sardaigne. Nous y arrivons en fin d'après-midi.

Ce soir, pas de briefing. Au repas, à 20h tous les cyclos sont sur deux grandes tables ce qui semble faciliter un peu les mélanges entre participants. Le repas est moins copieux qu'à l'hôtel Oasis à Alghero.

LUNDI 19 MAI (Alain)

6éme étape : les monts du Gennargentu

Un départ différé par la pluie (9h). En sortie de FONNI, nous découvrons le lac artificiel Gusana, mais déjà le plafond nuageux baisse !!! Aucune photo n'est possible, quel dommage avec tous ces jolis points de vue...Peu avant Belvi, alors que nous n'avons parcouru que 30 km, la pluie se déverse sur nous.
Au passage, nous découvrons une usine de collecte de liège, mais toujours en montée vers le 1er col (Médor 917m). Enfin, nous arrivons sur le lieu du pique-nique. Ouf ! Mais dommage c'est toujours la pluie et notre température corporelle commence à baisser. Claudine et Christian ont trouvé un abri dans un théâtre de plein air. Notre grand plaisir : notre café "long " dans le bistrot du coin.

De nouveau le départ est lancé direction Fonni : encore 45 km, toujours la pluie, les chèvres ont compris et sont mises à l'abri sous les arbres. Vivement l'arrivée !

Petit incident sans gravité, un voiture a dérapé et a touché la balustrade. Françoise n'était pas loin. Ouf ! plus de peur que de mal...
Enfin la descente s'annonce et la pensée du bonheur d'une douche bien chaude commence à fleurir... L'hôtel est en vue et vite dans la douche. Il est 16h30.

Deux itinéraires étaient prévus : à chacun son choix. Nous avons traversé la ligne du petit train "Le Trémino Verde". La circulation automobile n'est pas très dense mais les conducteurs sont , dans l'ensemble, respectueux. La majorité des voitures représente la célèbre marque italienne : Alfa Roméo.

MARDI 20 MAI (Jean-Lou)

7éme étape : la Barbagia (cœur secret et ancestral de la Sardaigne)

"Une journée particulière"

Au réveil, la pluie de la nuit avait - un peu - rincé la piscine "belge" - le froid est là, le départ prévu vers 8h30 ne concerne, semble-t-il, presque personne. Quatre cyclistes pour 3 machines, dont le tandem, vont affronter un parcours "sérieux" et une météo désespérante, susceptible toutefois de raccourcis, mais aussi de belles galères de navigation.

La signalisation souvent absente, est également tendancieuse... Comment sortir d'Orgosolo pour Oniera sans errer dans la vallée ou paniquer dans la solitude ? Comment surtout sortir de Nuoro en direction de Fonni dans le trafic lorsqu'on veut emprunter la "vecchia strada 328" où personne ne passe ? Quant au tour de Mont Ortobene, option en sus du nominal, il était fermé sur un versant, sans annonce préalable... on avait une chance sur deux de se planter, devinez à qui c'est arrivé ?

Deux petits cols du matin, belle chaussée, montées régulières dans les bois, presque du soleil et au moins un oiseau qui chante : belle entrée en matière. Descente rapide vers Madau, sépulture des Géants puis Orgosolo, déjà envahi par les touristes qui défilent devant les fresques "politiques" signées de réels talents, de quasi Picasso, décorant même la caserne des carabiniers, affirmant le refus sarde des bases US, des déchets nucléaires, voire de la bombe nucléaire.

Les habitants sardes, pour peu qu'on les salue, veulent bien nous orienter; j'ai connu d'autres îliens, plus au Nord, qui paraissaient ignorer leur géographie, ou ne pas comprendre le français (!) ou être muets ....

Belle descente dans la vallée, puis un 3éme vrai petit col, pas répertorié hélas, près d'une "casa cantoniera". Quelle tristesse que ces jolies villas, à l'abandon désormais, et qui pourraient au moins donner les indications, altitude, etc... J'arrête un camping car allemand -on me confirme que c'est la bonne direction- (il arrive qu'on soit sur la bonne route mais dans le mauvais sens !)

Route de transition vers Nuoro, arrivée très pentue, carabiniers et police en alerte. Dans Nuoro, ville en gradins, suivant les flèches "col de Sant'Onofrio", j'aboutis dans un jardin public, cherchant une 2éme sortie, c'est un cul de sac, "place du 25 avril"... retour sur les gradins inférieurs, la cathédrale toute rose, et enfin trop discrète, Notre-Dame de la solitude, avec la tombe de Grazzia Deledda (prix Nobel de littérature 1926).

C'est juste après que démarre la montée vers le Christ Rédempteur, dominant Nuoro. Montée avec vent favorable, sous la pluie, descente prudente face aux rafales. D'en haut, entre les averses, la vue est très étendue, mais brumeuse... A Nuoro, une bonne heure pour se dégager des fausses pistes et trouver la route de Mamoiada, puis Fonni.

Bien tard, Jean et Alain, sortis en forme de chez un charcutier qui restera célèbre, me proposent le secours de leur voiture ; galère pour galère, j'arrive juste pour le dîner sarde, après 127 km et plus de 9 heures de route.

De joyeuse humeur le groupe assis en rond dans la hutte sarde de l'hôtel (réplique des habitations de populations nuragiques) déguste des grillades en assistant aux danses sardes. Au son de l'accordéon diatonique tenu par le fils, le père et la mère dansent, serrés, à petits pas, avec une gracieuse "géante".
Nez busqué, père et fils ressemblent presque au beau masque noir rapporté par Jean. Mais heureusement, ils n'ont pas poussé le fameux cri !

La "mirto", digestif local clôture cette excellence soirée.

La barbagia (Marie-Christine)

Les non-pédalants ont fait le circuit en voiture : masques de Marmoïada. Alain et Jean adoptés par les habitants ont fait honneur à leurs vins et charcuteries, masques .. et ont failli rester chez eux. Heureusement qu'ils sont rentrés, ils nous auraient manqué. Ils ont pu me donner des nouvelles de Jean-Lou toujours sur son vélo à 20 h ! le seul à avoir pédalé avec le tandem toulousain et Henri.

A Orgosolo, les peintures murales contestataires affichent parfois en français et en sarde leurs slogans : "une île au large de l'espoir d'une amitié nouvelle". Une femme à sa fenêtre nous propose une peau et Isabelle complète sa collection de chapeaux par le béret sarde que Bernard porte fièrement photographié par le marchand.

A Nuoro, cœur de la Barbagia et 3éme ville de la Sardaigne, à la circulation cauchemardesque, nous trouvons néanmoins la pâtisserie aux gâteaux sculptés finement, conseillée par le guide d'Isabelle tout en repérant au gré des vitrines la colombe, symbole de la Sardaigne et les cercles primordiaux dans les bijoux, les broderies, les céramiques ou les coffres sculptés... et les avis de décès placardés sur les murs comme dans chaque ville (exemple : décès de Mr Malocu !!!)

Mais demandez à Jean, amoureux de la Sardaigne, de la belle Camilla, de danser pour vous avec le masque des Mamuthènes au nez busqué des habitants du lieu. Ils caracolent comme des fous à lier qui ne savent pas où aller, ni d'où ils viennent ...

MERCREDI 21 MAI (Marie-Christine)

8éme étape : Mont Gonare

Le temps ne s'est pas amélioré ce matin, "quartier libre", a déclaré le chef et nous déambulons dans les rues de Fonni, village pauvre qui perd sa population sans travail, au cœur du Gennargentu. Quelques cyclos ont quand même pris leurs vélos mais n'ont pu monter au sanctuaire du Mont Gonare, à cause du temps menaçant et sont rentrés à l'hôtel Cualbu 1/4 d'heure avant la pluie.

Notre Dame des Martyrs est un lieu de pèlerinage ancien qui devrait être rénové avec la participation de l'Union Européenne. Les os des martyrs à Rome pulvérisés en poudre sont là et le carnaval des ogres enfuis de l'enfer déambulent pour un jour à Fonni...

L'isolement donne aux gens un caractère réservé avec un sens sacré de l'hospitalité : nous avons bu le vin "Cannonau" offert par la victoire de l'Inter de Milan ou lors d'un achat à Mamoiada et voyez l'accueil réservé à Jean et Alain...

Nous quittons Fonni pour Palau et la côte d'Emeraude en passant par une route tortueuse et déserte traversant la forêt de chênes-lièges encore exploitée (les troncs sont dénudés tous les 9 ans) du haut plateau granitique de Bitti.
Un grand village sanctuaire : Romanzesu (les romains contrôlèrent cette région) de 7 hectares avec son puits sacré enrichit encore notre aperçu de la civilisation nuragique.

C'est sauvage, grandiose et pour moi c'est ici que bat le cœur de la Sardaigne -dans ses asphadèles, son fenouil, ses roches apparentes, au milieu ses moutons... parfois des vaches- ou dans les sculptures tourmentées de ses roches à l'infini sur fond de montagnes altières. Allez-y !

JEUDI 22 MAI (Bernard)

9éme étape : COSTA SMERALDA ensoleillée

Départ 8h30 de Palau Hôtel . Surprise : le soleil !
Sans surprise : la "fraction cyclosportive" se déchaîne et mène un train d'enfer vers Arzachena km 14. Heureusement pour moi, les accompagnateurs bloquent le peloton pour une photo de groupe sous l'énorme champignon rocheux "le fungho" qui domine le village, puis 4 km plus loin pour la visite de la Tombe des Géants de Coddu Vecchiu. Ces tombeaux, vieux de plusieurs milliers d'années, ont entretenu pendant longtemps le mythe d'une Sardaigne peuplée autrefois de géants ; il s'agit en fait de tombes regroupant les habitants -ou groupe d'habitants- de tout un village, d'où leur taille imposante.

A Coddu Vecchiu, devant le tombeau au milieu des vignes, une jeune conférencière (Donatella) parlant très bien français nous initie à la civilisation nuragique. Les Abeilles sont très attentives.

Nous parvenons au bord de mer : Baia Sardina km 38 puis Porto Cervo km 44. Le nord-est de la Sardaigne a été choisi dans les années 60 par Karim Aga Khan pour créer la plus huppée des côtes méditerranéennes. Sous le contrôle d'un consortium, de grands urbanistes et architectes ont exercé leur talent, édictant des règlements stricts, par exemple de ne recourir qu'aux végétaux indigènes dans les jardins destinés à cacher les somptueuses villas de la jet société. Le résultat est exceptionnel : palaces, villas somptueuses, grands villages de vacances ont vu le jour dans une parfaite intégration au paysage.

Nous apprécions cet environnement en pique-niquant, face au port, devant la capitainerie avant de prendre la direction du retour par Abbiadori, Portisco en longeant le golfe di Cugnana.

Puis nous abandonnons les mondanités de la Costa Smeralda en empruntant une route panoramique parsemée de maisonnettes basses et d'anciens refuges de bergers qui nous conduit à San Pantaleo, refuge d'artistes et artisans en quête de tranquillité.

Ensuite, direction Cannigione, petit village de pêcheurs dont la qualité des plages, belles mais étroites, entraîne un important essor touristique, moins ostentatoire toutefois que dans les autres localités de la Costa Smeralda.

La fatigue se fait sentir : je choisis avec Yvette et Brigitte de ne pas tourner à droite vers le Capo d'Orso, (rocher en forme d'ours, sculpté par les vents) mais en empruntant la route à gauche par la dernière côte (pénible !) de la journée . Nous arrivons par les hauteurs de Palau directement à l'hôtel.

Ce n'était pas, paraît-il, le bon choix, mais nous sommes néanmoins absolument ravis de cette superbe journée, la tête remplie de la diversité des paysages après 100 km et 1600 m de dénivelé.

VENDREDI 23 MAI (Isabelle)

10éme étape : L'archipel de la Maddalena

A 8h30, les cyclos sont sur le port de Palau avec leur vélo pour embarquer vers l'archipel de la Maddalena, premier parc national créé en Sardaigne. Il est composé de 7 îles aux côtes de granit rose rocheuses et déchiquetées. Au-delà s'étendent les bouches de Bonifacio. Lors de notre excursion, seules deux îles seront visitées.

Le groupe débarque d'abord à la Maddalena, capitale de l'archipel, la seule des îles habitée, puis roule en file indienne vers l'île de la Caprera qu'il rejoint en empruntant un pont en bois, "le passo della Moneta"; Caprera est l'île de Garibaldi. Le père de l'unité italienne y vécut durant 20 ans et y mourut en 1882.
Le groupe traverse des forêts de pins, de chênes-lièges et du maquis méditerranéen avant d'arriver à la maison du "héros des deux mondes". Malheureusement nous ne pourrons la visiter, faute de temps et en raison de l'arrivée de nombreux autocars de touristes.

Nous repartons vers la Maddalena sans oublier les arrêts photos. Nous empruntons une route panoramique d'une vingtaine de km qui fait le tour de l'île offrant des vues magnifiques sur les îles voisines, des petites criques au sable blanc et à l'eau turquoise et émeraude où se reflètent les granits roses. C'est le parcours de l'étape contre la montre par équipe du Giro 2007.

Nous arrivons juste à temps au port de la Maddalena pour reprendre le bateau vers Palau et déjeuner à l'hôtel à 13 h. Certains profiteront de l'après midi libre pour aller se baigner à quelques km de là, à l'isola des Gabiani, d'autres termineront leurs achats et envois de cartes postales. Certains préféreront la sieste pour préparer la longue sortie du lendemain.

SAMEDI 24 MAI (Fanfan)

11éme étape (et dernière avant d'entamer le retour) : la vallée de la lune

Nous démarrons sous un soleil voilé. Les premiers 30 kms son assez plats. Nous traversons la plaine de la Gallura, direction Santa Teresa puis nous empruntons la route littorale jusqu'à la station balnéaire de Vignola Mare. En bordure du golfe Asinara, nombreuses pinèdes de pins parasols et plages de sable blanc en arrière plan. Nous traversons un région de maquis, myrtes et cistes fleuris en abondance, parcours dénivelé en toboggan où nous jouons à cache-cache avec la mer.

Avant Agglientus, nous empruntons une autre route littorale très belle avec cette fois un dénivelé important sous un soleil de plomb. Nous sommes récompensés de nos efforts en apercevant au sommet dans la brume les montagnes corses.
Belle église sarde typique de la Gallura à San Panorazio. Après 74 km, nous entamons la route panoramique de la vallée de la lune, chaos de rochers granitiques sculptés par le vent, aux formes particulières où l'on peut laisser libre cours à son imagination... A Aggius, bel éperon granitique qui surplombe en un incroyable labyrinthe cette petite localité aux très belles maisons anciennes. Pique-nique dans ce cadre très sauvage avec apéritif local offert par nos deux accompagnateurs Alain et Hervé.

Nous repartons sous la pluie qui heureusement ne dure pas et séchons dans les descentes. Nous traversons une belle forêt de chênes-lièges, agrémentée du chant des oiseaux. Les arbres sont dénudés à mi-tronc.

Après Bassacutena, village typique perdu dans le maquis, Alain M. dans la descente dérape sur la route mouillée et ne peut éviter la chute. Brûlure à la cuisse ("pizza" en terme cycliste) et autres contusions au genou et dans le dos. Notre accompagnateur Alain avait réussi à faire disparaître les traces de mercurochrome de ses doigts mais voilà que ça recommence ! Mais l'essentiel est que notre cycliste s'en tire bien, le vélo n'a pas été endommagé mais adieu bains de mer ! (il en restait justement un le lendemain en attendant le bateau à Propriano).

Retour sur Palau sous le même soleil voilé du matin après 130 km et un dénivelé de 1600 m environ. Pour certains, farniente près de la piscine, pour d'autres dernières emplettes ou dernières gelati.

Après le repas, soirée dansante à l'hôtel où italiens et cyclistes se côtoient dans des danses effrénées. Ensuite, direction la chambre avec Jocelyne pour une "douche de minuit", à défaut de bain !, avant de se mettre au lit.

DIMANCHE 25 MAI (Jocelyne)

Retour

Ce dimanche , le petit déjeuner fut reculé d'1/4 d'heure, à 7h30. Pour certains, ce fut aussi copieux, sinon bien chargé, à en voir les assiettes comme s'ils allaient encore une fois faire 130 km avec 1600m de dénivelé ; d'autres, par contre, trouvant qu'ils avaient pris un peu de ventre, comme Fanfan , se l'ont joué plus simple !

L'embarquement fut à 11 h, à Santa Teresa di Gallura, ville construite par l'état italien pour contrecarrer le trafic de contrebande entre la Corse et la Sardaigne. Son église était haut perchée, et les rues, tout autour, tirées au cordeau (certains en avaient profité pour y faire quelques dernières emplettes).

Tandis qu'un goëland, "nous prenant sous son aile", survolait le bateau durant tout le trajet, nous jetâmes un dernier regard sur l'archipel de la MADDALENA et les îles Lavazzi (où sont enterrés les marins du naufrage de la Semillante) qui annoncent le port de BONIFACIO ; ce fut avec émotion que je revis ce site, qui est un beau BPF.
Nous pûmes admirer la dextérité du capitaine, en manoeuvrant dans ce goulet étroit. Nous nous séparâmes avec le pique-nique. Certains visitèrent BONIFACIO, d'autres SARTENE avant PROPRIANO.

Là, l'embarquement sur le Girolata et non l'Exodus, comme le surnomma Alain pour le voyage aller, ne fut pas à 17h mais vers 20 h à cause d'un problème à Marseille. Pour combler le temps certaines abeilles choisirent la solution baignade, la plage étant à côté ! Nous trouvâmes que l'eau était plus fraîche qu'en Sardaigne.
Marie-Christine, Claudine et Henri s'amusèrent à celui qui ferait le plus beau "poirier" (yoga) et qui tiendrait le plus longtemps, ce fut Henri ! Mais pour avoir une petite revanche, toutes deux se mirent à faire un enchaînement de roulades... tandis qu'Henri se lie d'amitié pour un chien "braque" qui se coucha contre lui et apprécia tellement son contact et ses tapes affectueuses, qu'il resta là un moment ! Ensuite Henri retourna à la "baille".
Claudine nous fit remarquer "Moïse" devant nous, perché sur un rocher que l'on devinait. Fanfan profita de ces petites attractions pour faire ses dernières photos, tandis qu'Alain (abeille), ne profita que du sable, sa chute de la veille l'obligeant à rester "sage".
Les autres du groupe étaient figés dans leur voiture, ou à côté, épuisant leurs dernières réserves, l'inaction donne faim, c'est bien connu ! alors que nous, nous avions été régalés sur la plage de gâteaux secs et d'une bouteille d'Oasis, encore une fois, par notre charmant organisateur (c'est pas FANFAN qui me contredira !)

Il est 20h30, nous attendons que le bateau soit déchargé de ses remorques, avant de pouvoir l'occuper.
Nous fûmes accueillis par un grand gaillard de commandant. Claudine, à ses côtés, lui arrivait tout juste à la poitrine ! Dommage, je n'avais pas l'appareil photo !.

A 21h15, nous étions tous dans l'immense salle de restaurant qui faisait un peu pompeuse. Je retiendrai ce que j'ai aimé : la moquette, remplie de petits poissons de toutes les couleurs, sans oublier les bulles qu'ils dégageaient (mon signe du zodiaque oblige).

La plupart, ensuite, regagnèrent leur cabine. Nous formions les mêmes équipes qu'à l'aller, je pense, Claudine et Christian nous ayant entraînés, Michel et moi (étant 4 par cabine) nous connaissant pour notre sommeil silencieux et bienfaiteur :..
Avant de me joindre à mes compères et de me glisser dans ma couchette, je finis la soirée, non pas en dansant, mais en "verveine", avec Hervé et quelques dijonnais, dont Evelyne, qui durant ces 15 jours, malgré son grave ennui de santé, gardait toujours le sourire pour nous tendre un verre de coca ou autre, aux ravitaillements avec Alain, ou en étant en faction, à certains endroits litigieux.
J'appris qu'Evelyne avait 2 filles, dont celle de 40 ans, Caroline, sa tortue, qui deviendra une centenaire...

LUNDI 26 MAI (Jocelyne)

Arrivée à Marseille

Le bateau a comblé son retard et est arrivé à bon port à l'heure exacte à 8 h.

Ma lettre V me désignant pour la finale de ce compte-rendu, je me permettrai d'ajouter que nous avons passé 15 jours formidables avec Alain et Hervé, qui ont su, par leur complicité, gentillesse, humour et compétence, nous faire découvrir les paysages et les coutumes de cette charmante île, la Sardaigne.

Tous les participants

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