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FLÈCHE VÉLOCIO ABEILLE DE PÂQUES 2007

Souvent pour préparer le Paris-Brest-Paris, à l'Abeille, un volontaire propose à Pâques une flèche Vélocio. Généralement ces randonnées sur 24 heures vont vers le soleil méditerranéen. Les deux dernières en 1999 et en 2003 organisées par Olivier nous ont laissé des souvenirs inoubliables de pédalées au clair de lune le long de la Saône, du Rhône ou du canal du Midi, de petit somme avant le lever du soleil, sur une plage de la belle bleue qui était à cette heure matinale argentée.

Cette année Jean-Pierre, qui rêve souvent de chevauchées fantastiques, s'est mis dans la foulée de Michel. Ce dernier, spécialiste des séjours frisquets, avait jeté son dévolu sur les Ardennes et les collines d'Argonne. Tout le monde avait préparé ses fourrures et ses sur-chaussures. Michel donnait rendez-vous vendredi 6 avril à partir de 17h à Dun sur Meuse à une vingtaine d'abeilles. Pour arriver dans les temps après 440 km de flèche Vélocio, Jean-Pierre proposait un départ la veille à 16h de St Rémy les Chevreuse avec un plan de route très précis, un morceau d'anthologie: un véritable extrait de l'annuaire Chaix de la SNCF avec kilométrage cumulé, partiel et par étape, heure d'arrivée et de départ pour chaque point de passage. En jetant un œil curieux à ce document, mon attention avait été attirée par un point de détail, à certains points de passage, nous devions repartir avant d'être arrivés. La réponse que Jean-Pierre me donna me satisfit tout à fait. Je lui fais confiance et il ne m'a jamais déçu. Quand il fait des calculs ou lit une carte il ne se trompe jamais et quand il n'est plus sur le nominal c'est qu'il fait un diverticule aléatoire.

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Le dîner chez Bernadette

Après la photo traditionnelle du départ devant la gare de St Rémy, nous voilà à 4 : Jean-Pierre, Patrice, Claude Morel et moi, pédalant de concert dans la campagne vers le Sud en direction d'Étampes. Quelques km avant d'arriver dans cette belle ville, un motard nous tournait autour comme un bourdon qui a repéré des abeilles. C'était Jean Pelchat qui venait à notre rencontre pour nous guider jusqu'à la table de Bernadette. Elle s'était, en effet, gentiment proposée à nous servir le repas le plus important de la randonnée, celui qui nous donnera la force de pédaler pendant toute la nuit. Nous n'avons pas été déçus, c'était délicieux et nous avons laissé les plats propres. Merci Bernadette, c'est grâce à toi si la suite s'est si bien passée. En particulier, personne n'oubliera ce fabuleux crumble aux fruits, chargé sur le dessus en noisettes: une merveille culinaire dont la recette mérite sa place au "Guiness Abeille" des recettes de cuisine.

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En attendant le clair de lune

En quittant Etampes, nous avons roulé en direction de la forêt de Fontainebleau où nous sommes arrivés à la nuit tombante et avons un peu galéré dans les petites routes sous la forêt, dans un noir d'encre, avant le lever de la lune. À Montereau nous comptions trouver un café ouvert pour prendre une dernière boisson chaude mais tout était fermé, les patrons de bar ont droit aussi de s'instruire devant leur télé ! Tant pis pour nous, Jean-Pierre regarde sa montre, on peut continuer, tout va bien. Nous nous arrêterons un peu plus loin pour nous sustenter avec les vivres tirés des sacoches. Nous avons devant nous de nombreuses heures à rouler dans la nuit, la lune n'est pas encore levée, la température se rafraîchit lentement, les jambes moulinent machinalement, c'est plat et tout cela favorise une certaine somnolence dans le peloton. Notre chef est concentré sur le plan de route, Patrice peu bavard et habitué aux longues distances (il en est à son huitième PBP) a pris sa vitesse de croisière. Claude suit le mouvement mais quelque chose semble le préoccuper, car à chaque pause, dans un grand éclat de rire, il déclare : "je n'ai toujours pas compris pourquoi sur le plan l'heure de fermeture précède parfois l'heure de départ". Chacun est occupé à chercher ses provisions et les avaler sans perdre une seconde, il restera donc avec sa question lancinante. Sachant que notre sommeil est rythmé par un cycle 90 mm, le rythme circadien, pendant lequel alternent le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal, sa question reviendra régulièrement à la surface de sa conscience comme un rêve. Cette question peut le tenir éveillé toute la nuit, il vaut mieux attendre le lever du jour pour lui répondre.

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Enfin, le soleil s'est levé

Notre route, après la Seine, suit la vallée de l'Aube jusqu'à Ramerupt. Il est près de 6h du matin et nous avançons comme des automates. Je devine que notre capitaine de route apprécierait de trouver une plage de sable pour dormir un peu mais... subitement, au milieu d'un village, près de l'église, nous apercevons un abribus en briques, vraisemblablement une ancienne chapelle recyclée, nous avons la même idée, Patrice et Claude ne s'y opposent pas, en quelques secondes nous voici à l'horizontale sous nos couvertures de survie pour une vingtaine de minutes trop concentrées. A l'appel du chef, c'est reparti sans se poser de question. Le froid nous engourdit l'esprit, chacun se couvre avec tout ce qu'il a de disponible. Lorsque le jour se lève, l'herbe en bordure de route est couverte de gelée blanche. Il faudra attendre que le soleil soit bien haut dans le ciel pour sentir ses effets. Nous arrivons à Vitry le François, le premier bourg avec un café, un boulanger et une boucherie-charcuterie, tous ouverts. Une boisson chaude, un fourré au jambon chaud et un croissant nous font redécouvrir les plaisirs simples de la vie. On peut enfin expliquer à Claude que les heures de départ et de fermeture du plan de route sont calculées, dans une colonne de façon linéaire et, dans l'autre colonne de façon arbitraire (ça rime !). Mais, quelques soient les calculs de notre capitaine de route, nos montres ont continué à avancer et nous avons un petit décalage par rapport au plan. Peu importe, nous sommes rassasiés, prêts à repartir. Jean-Pierre propose que l'on fasse les courses pour midi car ensuite nous retrouverons la pénurie des petits commerces.

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Pique-nique au retour de Trois-Fontaines l'Abbaye

Nous approchons les 280 km, le soleil nous a réchauffés, le ciel est bleu, la route est un peu plus vallonnée et c'est en fin de matinée, après un parcours très collineux, que nous arrivons au BPF de Trois-Fontaines l'Abbaye. Devant l'abbaye en ruines, une belle pelouse: un endroit de rêve pour un pique-nique et ce qui s'ensuit.

Ce délicieux moment est trop vite passé, nous repartons, ça grimpe et il en sera de même jusqu'à Verdun à 90 km environ. La moyenne qui restait jusqu'à présent, supérieure à 20 km/h baisse. Nous discutons en pédalant. Patrice m'explique que chacun de ses PBP est corrélé à son poids : 68 kg, moins de 70 heures, 84 kg = 84 heures, 89 kg= 89 heures, actuellement il devrait le faire en 87 heures.

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L'arrivée à Verdun

En fin d'après-midi, nous arrivons à Verdun. Nous laissons Patrice qui regagnera demain la région parisienne en avion avec son fils comme pilote.

Michel est informé que nous arriverons un peu plus tard que prévu, il nous reste environ 35 km le long de la Meuse, ça devrait être plat mais non, nous sommes dans les Ardennes !

Quel plaisir de retrouver les abeilles à l'hôtel de Dun ! Le restaurant n'a ni soupe aux légumes, ni yaourt, ni fruit frais à nous offrir, peu importe: tout ce qui passe à notre portée est bon. Nous adoptons un art de vivre avec bestialité !

Ce fut un bon entraînement, une belle randonnée sportive. Merci Jean-Pierre d'avoir eu cette bonne idée et de l'avoir mise en œuvre avec autant de passion.

Henri Courmont


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"

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