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FLÈCHE PARIS-CHERBOURG ET RANDONNÉE DANS LE COTENTIN
Du 16 au 20 février 2007


Depuis plusieurs semaines, le beau temps nous incite à penser que l'hiver est passé et la nature est toute prête à repartir comme au printemps. Nous attendons que cela se confirme pour réaliser une balade en tandem qui en vaille la peine et, pour cela, il faut partir plusieurs jours. La flèche Paris-Cherbourg de 400 km est un bon objectif auquel on peut ajouter quelques km pour aller visiter certains sites touristiques du Cotentin. A l'Abeille, il y a toujours des amateurs pour réaliser des flèches et Jean-Maurice Perrière avec qui nous avons déjà roulé souvent notamment sur d'autres flèches telles que Paris-Mont St Michel en 1998 et Paris-Perpignan en 2001 est partant pour nous accompagner. Il ne s'est pas beaucoup entraîné en ce début d'année mais c'est un bon rouleur.

Vendredi 16 février, nous quittons Nanterre vers 8h après avoir téléphoné à Jean-Maurice qui est également prêt et nous nous retrouvons un quart d'heure plus tard, près du château de La Malmaison pour rouler ensemble sur la N 13 vers l'Ouest. Nous croisons les automobilistes à la queue leu leu qui roulent vers Paris pour aller au boulot. En nous distinguant ainsi, nous avons l'impression d'être en vacances. Le temps est frais mais le ciel est dégagé et nous aurons même un peu de soleil au cours de la journée. Après une dizaine de km, il nous faut grimper dans la forêt de Marly au Carrefour Royal, lieu de RDV fréquent de nos sorties cyclistes. Nous roulons ensuite plusieurs km sur des petits chemins dans la forêt vers Les Alluets et Maule que nous atteignons en descendant la longue côte de Beule. Un peu plus loin Jumeauville et, un peu avant midi, nous arrivons à Septeuil, le premier contrôle de notre flèche. Ce n'est pas un temps à pique-niquer dehors, un café accepte que nous nous installions dans la salle en prenant quelques consommations. Le patron dit faire du vélo mais sur des petits parcours.

En sortant, nous faisons connaissance des postières qui sont gênées par nos vélos pour sortir de leur lieu de travail.

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L'église de Boisset

Une belle côte nous attend pour sortir de Septeuil en direction d'Orvilliers. Nous roulons sur des petites routes de campagne sans circulation ni vent et seulement quelques vallonnements. C'est super. A Boisset, en cherchant notre route, nous tombons sur un automobiliste qui nous dit être en train de mettre au point une remorque pour vélo sur 2 roues qui se transforme en tente et ne pèserait que 18 kg. Ce matin, il était à Rueil mais il préfère vivre ici.

Un peu avant Ivry la Bataille, nous faisons un bout de chemin avec un jeune apprenti plombier qui a commencé à travailler en septembre. Il est tout content de nous raconter son travail qui lui plaît et qui lui offre de nombreux débouchés. Après Ivry, nous roulons sur une piste cyclable à proximité de l'Eure jusqu'à Croth. Nous quittons alors la vallée nous dirigeant vers l'Ouest, St Laurent des Bois, Marcilly la Campagne et Damville, second pointage de notre parcours. Nous choisissons une pâtisserie, la meilleure du bourg selon la recommandation d'un autochtone. Avant de repartir, nous téléphonons à notre hôtesse qui nous indique à nouveau la bonne route pour arriver chez elle à une vingtaine de km. Nous passons par Breteuil et, encore 6 km pour arriver dans un hameau composé d'une exploitation agricole et de quelques habitations dont une grande maison de maître. L'hôtesse, une dame d'un certain âge (environ 75 ans), nous reçoit aimablement en nous offrant un thé qui nous réconforte après notre parcours de plus de 120 km. Nous faisons connaissance de ses 2 petites filles de 15 et 12 ans environ, charmantes et bien élevées.

Après une bonne douche, nous dînons avec elle. Le repas est simple, copieux et bien cuisiné. Elle anime la conversation de façon intéressante et ouverte. Son mari, décédé brutalement à 48 ans, était ingénieur agronome et avait repris cette exploitation après avoir étudié aux USA. Il avait fait de cette exploitation une référence que des visiteurs venaient visiter pour trouver de nouvelles idées. Elle a trois enfants : un fils qui a également étudié l'agronomie aux USA. Il travaille maintenant dans l'aéronautique ; deux filles dont l'une est professeur de philo à St Sulpice à Paris, l'autre habite ici à côté. Son mari construit lui-même une maison sur une partie du terrain de la propriété. Elle nous raconte en détail sa prise en charge pendant 3 ans environ d'un jeune homme un peu paumé afin de l'aider à s'en sortir. Mais après 3 ans, ce fut peine perdue.

Nous abordons les perspectives de l'élection présidentielle avant de regagner nos chambres vers 21h.

Samedi 17 février. Nous avons mis le réveil à 6h45 pour être prêts à prendre le petit-déjeuner à 7h30. Nous sommes les premiers à la cuisine où tout est préparé. Notre hôtesse est gênée d'arriver un peu après nous et se confond en excuses. Elle nous propose une collection de confitures, du fromage et des fruits avec du pain et du beurre à volonté.

Comme hier soir, nous échangeons sur des sujets sérieux et très personnels. Elle nous raconte les épreuves par lesquelles elle est passée. La mort subite de son mari à 48 ans à la suite d'une crise cardiaque puis les différends avec sa belle famille qui a spolié son mari et elle-même en vendant en catimini l'exploitation agricole qu'ils exploitaient depuis de nombreuses années. Elle s'est donc retrouvée veuve, sans situation avec 3 enfants dont les aînés abordaient les études supérieures. Elle a commencé par un travail d'aide ménagère à l'hôpital voisin alors qu'elle avait dû interrompre ses études de pharmacie après la 4e année. Par son sérieux, son professionnalisme et son volontarisme, elle a émergé et après avoir franchi plusieurs caps, elle s'est vu confier la pharmacie de l'hôpital où elle a exercé jusqu'à 72 ans. Elle a ainsi réussi à élever ses 3 enfants et à leur payer des études supérieures.

Nous sommes impressionnés et admiratifs, voilà une personne qui mériterait bien d'être décorée. On ne ressent chez elle aucune amertume et ses propos révèlent une grande tolérance.

Nous ne pouvons prolonger plus longtemps ces échanges tellement intéressants car l'heure tourne et il est plus de 8h45 lorsque nous donnons nos premiers coups de pédale après avoir pris une photo de la maison avec notre hôtesse.

Nos traversons la forêt de Breteuil pour rejoindre notre itinéraire à La Vieille Lyre à une quinzaine de km. Le soleil nous accompagne, la route est tranquille, c'est le pied !

L'itinéraire emprunte des petites routes de campagne parfois assez vallonnées.
Broglie, le bourg qui porte le nom du grand physicien français, s'est construit le long de la rivière sur le versant de la colline. Le château de la famille de Broglie est immense, il domine le bourg et la façade ressemble un peu à un immeuble HLM. Le grand savant académicien fut maire de cette agglomération avant la deuxième guerre mondiale. Une douzaine de km plus loin, nous arrivons à Orbec, BPF et point de contrôle de la flèche. Il est près de midi, nous faisons nos courses dans une supérette au centre du bourg et, comme hier, nous sommes acceptés dans un café pour y pique-niquer en prenant quelques boissons. Il y a de nombreux consommateurs et joueurs de jeux de hasard. Le patron prend ses vacances demain et l'établissement fermera pendant 2 semaines.

Nos reprenons la route vers 13h en direction de Vimoutiers. A Meulles, nous partons plein ouest par une petite route au milieu des haies, sans panneau indicateur. Un peu avant Les moutiers St Hubert, nous descendons une côte à 13% assez longue, sinueuse et gravillonneuse. A chaque croisement, nous devons arrêter pour faire le point sur la carte. Les seuls panneaux en place indiquent les hameaux voisins mais rien au-delà d'une dizaine de km. Il est difficile de faire le rapprochement entre la carte et le terrain.

A Orbec, nous téléphonons pour réserver à l'hôtel La Taverne de Potigny, un logis de France. Nous estimons y être vers 17h30/18h car, pour y arriver, il nous reste environ 70 km de petites routes vallonnées. A la fin de la journée, Chantal et Jean-Maurice accusent un coup de fatigue.

A l'hôtel La Taverne, le patron nous attend et nous accueille chaleureusement. Les vélos sont posés dans une salle et les chambres sont confortables aves salle de bain et WC. Nous disposons d'un laps de temps suffisant pour la douche et regarder les informations régionales et la météo à la TV. Le temps devrait rester correct demain dimanche.

Nous sommes les seuls clients de l'hôtel et du restaurant ce soir. Le repas est excellent et nous discutons agréablement. Jean-Maurice a un tas de souvenirs intéressants de sa vie professionnelle à nous raconter, notamment de ses missions en Irak le long de l'Euphrate pour évaluer sa navigabilité.

Nous regagnons nos chambres vers 21h pour faire un point rapide sur l'itinéraire du lendemain avant de nous coucher.

Dimanche 18 février. Après une bonne nuit, nous gardons les mêmes horaires que précédemment. Au petit-déjeuner, nous sommes toujours seuls dans la salle à manger. Le patron explique qu'il travaille surtout la semaine, notamment avec les représentants. Il ferme le dimanche soir.

Nous quittons les lieux un peu après 8h en prenant la route indiquée par l'hôtelier pour arriver le plus directement à Thury-Harcourt. Le jour se lève et à 9h nous atteignons Thury-Harcourt. L'église est ouverte, une épitaphe à l'intérieur rappelle la quarantaine de victimes civiles des bombardements alliés au moment du débarquement de juin 1944.

Au café où nous pointons, notre table voisine celle de deux jeunes consommateurs de café-calva, ils ont une vingtaine d'années et n'en sont pas à leur première tournée. Chantal se fait brancher par l'un d'eux passablement éméché à 9h du matin.

Nous repartons en traversant l'Orne et en roulant plein ouest vers Aunay sur Odon à une quinzaine de km. La route est tranquille et le soleil fait son apparition. Nous arrivons à Aunay à 11h au moment où les cloches sonnent pour la grand'messe. Quelques magasins ouverts au centre ville, permettent de faire les courses pour le pique-nique. Nous roulons encore une douzaine de km et, à Cahagnes, nous trouvons une aire de pique-nique près du cimetière avec une table en ciment bien exposée au soleil, le rêve ! Il est 12h30, nous avons parcouru plus de 50 km, le barème syndical !

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Le château de Balleroy

La température est suffisante pour se dévêtir un peu en mangeant et faire sécher nos maillots. Nos prévoyons de prendre un café à une dizaine de km à Caumont-L'Éventé mais quand nous y arrivons, le seul établissement ouvert est en train de fermer ses portes. Nous repartons en direction de Balleroy, un BPF, avec un beau château appartenant à des américains. C'est l'occasion de faire une photo devant ce bel édifice avant de nous rendre dans le seul café ouvert qui est aussi sur le point de fermer. Cette fois le patron, accepte de nous servir 3 cafés ce qui arrangent les 4 consommateurs accrochés au comptoir qui peuvent ainsi profiter de la prolongation.

Notre route traverse la belle forêt de Cerisy plantée principalement de hêtres. A la sortie des bois, nous allons voir l'abbatiale de Cerisy la Forêt mais elle est fermée et en travaux. Nous profitons de la proximité du cimetière pour remplir nos bidons faute de l'avoir fait au café auparavant. Une quinzaine de km nous sépare de St Jean de Daye, la route est vallonnée et change de numérotation suivant les départements. Heureusement une belle piste cyclable nous amène à St Jean : une pharmacie de garde a son caducée allumé. Chantal qui a oublié une partie de ses médicaments peut s'approvisionner et retrouver sa tranquillité d'esprit jusqu'à la fin de la randonnée. La pharmacienne accepte de pointer nos cartes de route ce qui nous permet de repartir sans perdre de temps.

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Les marais du Cotentin

Nous reprenons la piste cyclable qui indique Carentan. Cette piste, pour éviter la grande route, anciennement nationale, zigzague dans les villages de la zone marécageuse du Cotentin. Nous découvrons les marais et le gibier d'eau : canards, hérons, poules d'eau, etc. C'est tranquille et joli, nous évitons ainsi la circulation assez intense des retours de WE. Avec les dernières pluies, les marais débordent et beaucoup de prés sont inondés.

Une dizaine de km avant Carentan, nous reprenons la grande route la plus directe pour arriver avant la tombée de la nuit. Le premier hôtel que nous trouvons dans la zone industrielle peut nous loger mais sans le repas. Nous préférons poursuivre notre route et le suivant est le bon. Chantal a remarqué que ce restaurant ouvert offrait aussi des chambres. "L'Auberge Normande". Je vais aux renseignements et accepte les conditions : 45 Euros par personne la demi-pension. Les chambres sont simples mais confortables avec salle de bain WC. Il est 18h nous avons le temps prendre une douche et de regarder la météo à la TV avant de nous présenter au restaurant. La salle est plus luxueuse que les chambres. La serveuse nous annonce que compte tenu que nous sommes 3 il y aura 2 demi-pensions à 45 Euros/personne pour le couple et une autre à 55 Euros. Je refuse car l'affaire a été conclue à 45 Euros pour les 3. La serveuse tente de se justifier "ce n'est pas moi, c'est la direction...". "Je m'en fous allez chercher le directeur, ce n'est pas notre problème si il y a un problème d'entente entre les employés et la direction." Elle va téléphoner au directeur et revient avec une solution que nous acceptons. Nous aurons droit au menu à 18 euros au lieu de celui à 24 Euros et les 3 demi-pensions restent à 45 Euros. L'incident est clos et le repas est excellent et de classe.

Après le repas, Jean-Maurice préfère regagner sa chambre tandis que Chantal et moi allons faire un petit tour à pied en ville du côté de la cathédrale qui nous semble assez  jolie avec les éclairages nocturnes.

Lundi 19 février. Nous avons craint, hier soir, que les conversations à haute voix sur le palier ne nous dérangent mais cela n'a pas duré et nous avons passé une bonne nuit à " l'Auberge Normande ".

Nous avons demandé à prendre le petit-déjeuner à 7h30 et la jeune fille qui nous sert assurait le service hier soir. Elle nous explique que, comme ses collègues, elle est en apprentissage et alterne une semaine d'études dans un foyer rural de l'Orne et deux semaines de travail dans cet hôtel-restaurant. Le patron semble faire tourner son établissement avec des apprentis, ce qui explique le manque de professionnalisme : on nous annonce 45 Euros et une demi-heure plus tard, il y a erreur c'est 55 ; dans la salle de bain, une flaque d'eau indique qu'il y a une fuite quelque part ; le dérouleur de papier toilette ne fonctionne pas ; le radiateur ne chauffe qu'à moitié ; des vêtements oubliés traînent dans l'armoire de la chambre... Ce n'est pas un établissement à recommander à d'autres fléchards.

Avant de quitter Carentan, nous faisons un petit tour en centre ville pour aller voir la cathédrale qui est ouverte. L'intérieur est assez vaste, les vitraux et les orgues sont à voir. A l'extérieur, les différentes places de la ville accueillent les marchands forains. Ils sont en train d'installer leurs marchandises.

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Borne de la voie de la Liberté

Nous quittons la ville en direction du nord-est vers Utah Beach en empruntant la voie de la liberté par laquelle les alliés qui débarquaient en juin 1944, avançaient à l'intérieur du pays. A Ste Marie au Mont, des panneaux racontent les anecdotes de ces jours de débarquement, comment des soldats allemands se sont cachés pendant plus d'une journée dans le confessionnal de l'église.

Nous atteignons la Manche à La Madeleine, un point de la côte d'Utah Beach où se trouve un musée du débarquement avec quelques vestiges de l'époque : un char Patton, une batterie anti aérienne, une péniche de débarquement. Le long de cette plage de quelques km, de juin à novembre 1944, 836.000 hommes débarquèrent ainsi que des milliers de tonnes de matériel. Il fallut des milliers de navires pour assurer ces transports de troupes. Ste Mère l'Eglise, célèbre pour les parachutages importants de soldats alliés, est à une dizaine de km à l'intérieur des terres. Notre route suit la côte au plus près. Le ciel est dégagé et nous roulons à vive allure avec un léger vent dans le dos. Un peu plus loin c'est la plage de débarquement de la 2e DB de Leclerc qui nous arrête quelques instants.

Vers 11h, nous arrivons à Quettehou, lieu de pointage de la flèche. Depuis ce matin nous roulons à une vitesse moyenne de 21,5 km/h. Pendant que Chantal et moi allons pointer le BPF de St Vaast la Hougue à 3 km, Jean-Maurice fait ses courses sur place.

A St Vaast, nous visitons les quais où sont amarrés les bateaux de pêche. Chantal aime les ports. Elle récupère quelques coquilles St Jacques dans des filets roulés sur les quais. Un peu plus loin, c'est le port de plaisance où sont amarrés les petits voiliers des plaisanciers. Il fait beau mais il y a peu de monde, les vacanciers ne sont pas encore arrivés.

Sur le chemin de retour à Quettehou, nous faisons nos courses pour le pique-nique dans un super marché d'une enseigne régionale "Le Mutant" nous sommes les seuls clients. Nous retrouvons Jean-Maurice à Quettehou, il est presque midi, malgré le soleil, le fond de l'air reste frais et nous demandons à la tenancière du café où nous avons déjà pris une consommation de manger dans la salle du café en prenant quelques boissons. Elle accepte sans problème même si elle fait brasserie.

Un peu avant 13h nous reprenons la route vers l'ouest en direction de Cherbourg qui n'est plus qu'à une vingtaine de km. Nous roulons toujours sur des petites routes de campagne qui nécessitent d'être vigilants pour ne pas s'égarer. A 14h45 nous arrivons à Cherbourg, le terme de notre flèche en ayant parcouru depuis vendredi matin 433 km. Je m'engueule avec un automobiliste qui m'avait fait une queue de poisson. Dans la circulation, nous arrivons à le rattraper et j'en profite pour lui faire passer le message qu'un vélo vaut autant qu'un ventripotent au volant.

Après avoir tourné un peu en ville, nous arrivons à la gare pour organiser notre retour sur Paris soit à partir de Cherbourg soit à partir d'une autre ville du Cotentin. Chantal et moi décidons de poursuivre notre voyage vers la pointe de La Hague à l'extrême ouest, à une trentaine de km de Cherbourg. Jean-Maurice qui a visité cette région récemment n'a pas envie d'y retourner, il profite de l'occasion de pouvoir reprendre un train qui l'amènera à St Lazare à 19h30.

Avant de nous quitter nous prenons un dernier pot ensemble dans un café proche de la gare. Nous avons pu faire pointer nos cartons de pointage de flèche à l'accueil SNCF.

Un peu avant 16h, nous reprenons la route en tandem. Nous roulons vers l'ouest sur une belle piste cyclable qui longe la route à grande circulation mais ça ne dure qu'une dizaine de km. Ensuite nous empruntons la route touristique des caps qui longe la mer au plus près. Plus nous avançons, plus nous retrouvons nos petites routes de campagne, souvent couvertes de terre à la suite de travaux fermiers pour l'épandage du fumier notamment. Il y a beaucoup d'élevage et souvent les bovins pataugent dans la boue autour d'un ballot de paille ou de foin placé dans un nourrisseur au milieu du pré.

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La pointe de la Hague

Vers 17h, nous atteignons Auderville, la pointe de La Hague. A la suite des explications de Jean-Maurice, Chantal craint qu'on ne trouve pas où loger ce soir. Elle voudrait s'arrêter chaque fois que nous passons près d'une pancarte de chambre d'hôtes ou devant un hôtel. Finalement, en arrivant à Auderville, le premier hôtel auquel nous nous adressons a de la place mais il ne fait pas restaurant. Nous allons plus loin. Le suivant est un hôtel-restaurant mais le patron nous indique que c'est ce soir son jour de fermeture. Il est assez sympathique pour nous indiquer l'adresse d'un collègue à Beaumont-Hague à une dizaine de km, sur notre route de retour. En plus, il téléphone pour s'assurer que cet établissement peut bien nous recevoir. Tranquillisés par cette réservation, nous descendons jusqu'au phare à la pointe extrême de La Hague pour prendre une photo près de la croix avec le phare en arrière plan.
Il nous faut maintenant remonter par la route que nous avons descendu pendant plusieurs km à plus de 50 km/h. En plus nous avons le vent en face. Nous adoptons le braquet à la situation et nous avons le temps de découvrir l'usine COGEMA de retraitement des déchets radio-actifs de La Hague. Elle est installée sur plusieurs centaines d'hectares et la double clôture barbelée et électrifiée évoque un lieu ultra sensible. La route est une ancienne nationale mais en cette saison et à cette heure de la journée, nous sommes assez tranquilles et arrivons à "l'hôtel de la Poste" à Beaumont-Hague vers 18h30. Les patrons nous attendaient.

L'établissement est modeste, il n'y a pas de garage pour notre tandem, nous le laissons sous un plastique sur la terrasse dans le jardin. La chambre est simple et silencieuse, douches et WC sur le palier, lavabo dans la chambre. Le lit est confortable.
Après une bonne douche, dîner dans la salle de restaurant devant la TV avec un jeune ouvrier pensionnaire de la maison. Le patron a compris que nous avons besoin de nous refaire une santé, les plats sont copieusement servis.

De notre chambre nous écoutons nos messages téléphoniques et passons quelques coups de fil que nous n'avons pas le temps de passer sur la route.
Extinction des feux vers 22h15.

Mardi 20 février. Il a un peu plu durant la nuit mais nous n'avons rien entendu. Nous gardons le même timing que les jours précédents et à 7h30, nous prenons le petit-déjeuner avec notre jeune voisin de table de la veille. Il prépare un bac technique et alterne travail en entreprise et études. Il effectue son stage d'apprentissage à la STEN, société technique d'électricité de Normandie. Ils mettent en place des systèmes de réfrigération sur le site de la COGEMA de La Hague. Il est fier de travailler sur un tel site. Il prend son travail à 7h45. Sa famille vit dans le Cotentin et lui est à l'hôtel durant la semaine, il rentre le WE. Il fait ses trajets en voiture et fait du VTT le WE.

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Bricquebec, le centre ville et l'entrée du château

Après un bon petit-déjeuner, nous chargeons le tandem qui a passé la nuit sous un plastique et à 8h45 nous démarrons en direction de Bricquebec à une trentaine de km. La température est douce, le ciel gris nous annonce certainement de la pluie. Nous roulons à bonne allure sur une ancienne nationale la D 901 qui relie le cap de La Hague à Cherbourg, le gros de la circulation vient d'en face, ce sont les salariés de la COGEMA qui se rendent à l'usine de La Hague. Nous roulons avec un clignotant rouge à l'arrière pour être plus visibles.

Après une dizaine de km, nous quittons cette route pour descendre en direction du sud, le terrain est plus vallonné. Nous essuyons un petit crachin qui ne justifie pas un arrêt pour mettre la cape de pluie. Vers 10h, c'est la pause café à Bricquebec avec visite du château et prise de quelques photos avant de repartir vers le sud.

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Le château de Saint Sauveur le Vicomte

Prochaine étape St Sauveur le Vicomte (BPF) à 13 km. Là une petite visite à l'Office du Tourisme nous apporte des informations utiles : nous trouverons un restaurant à Pont l'Abbé à une dizaine de km sur la route de Carentan. L'hôtesse nous renseigne également sur l'usine de La Hague et le drapeau de Normandie.

Nous trouvons sans difficulté le restaurant à Pont l'Abbé, il affiche un menu à 10 € tout compris avec fromage et dessert, boisson et café. Nous choisissons du cidre et la serveuse nous apportera un litre bien frais et peu alcoolisé que nous boirons sans difficulté avec notre repas. Nous avons l'impression d'être un peu déshydratés.

Après ce repas copieux, nous prenons un temps de repos avant de reprendre la route pour Carentan à une quinzaine de km en traversant à nouveau le parc régional des marais du Cotentin et du Bessin. Pour éviter au maximum la nationale, nous zigzaguons de village en village en nous rapprochant de Carentan où nous arrivons directement à la gare SNCF vers 14h30.

Au guichet l'employé indique que le prochain train direct pour Paris part à 14h33. Chantal va sur le quai avec le tandem pendant que j'achète et composte les billets. Le jeune contrôleur accepte que nous montions avec le tandem, son autorisation est nécessaire pour monter avec un vélo dans ce type de train. L'installation du tandem pose quelques problèmes compte tenu de sa longueur et de la largeur des guidons. Il faudra à chaque arrêt que je me tienne à la disposition des voyageurs pour les aider à franchir l'obstacle. Le plus difficile sera à Caen où beaucoup de monde monte dans le train. Nous serons ensuite tranquilles jusqu'à la gare St Lazare. Nous nous préparons à l'avance pour descendre notre engin dès l'arrêt de train. Nous avons beaucoup de difficultés à l'extraire du wagon et un jeune voyageur nous aide utilement à débloquer la situation car les autres voyageurs marquaient des signes d'impatience pour accéder au quai. Nous sortons de la gare le vélo à la main et avant de nous remettre en selle nous mangeons un fruit, le temps de nous replonger dans l'ambiance de l'effervescence parisienne. La température semble plus douce à Paris que dans la campagne normande où nous avons roulé ce matin.

Le voyage en train n'a pas trop plu à notre tandem qui fait entendre un bruit suspect du côté du dérailleur arrière. Nous arriverons néanmoins à Nanterre un peu avant 18h30 heureux de retrouver la maison.

Ces cinq jours furent un superbe dépaysement, un pari réussi avec le temps sans pluie ni vent comme c'est la coutume dans le Cotentin. Rouler à 3, permet plus d'échanges et rend le voyage plus agréable quand on a la même façon de concevoir le voyage, de prévoir la route et d'organiser les visites. Les rencontres et les échanges qu'elles occasionnent sont toujours des moments forts que le vélo favorise.

Henri Courmont


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"

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