Ayant peur de tout oublier de la randonnée des jonquilles, j'aimerais vous faire part de quelques impressions.
Randonnée des jonquilles : 90 km (pour moi 42 km, c'est déjà un marathon). Le temps en tout cas d'avoir l'esprit folâtre et de me livrer à quelques unes de mes élucubrations. Alors, allons-y !
Ah ! ce rendez-vous avec Ève, objet de tous les fantasmes... Je dois dire qu'elle nous a accueillis... fraîchement. (Comme le dirait, mieux que moi, quelqu'un de bien connu : "L'Oise c'est déjà le Nooord").
Ève a commencé par nous houspiller : "Ah ! vous en voulez des fantasmes, bande d'envahisseurs ! Et bien vous allez effeuiller des km avant de m' revoir, c'est moi qui vous l' dis !
Dans la tribu des "petits boyaux" un intrus s'honore d'être de celle des "gros boudins" et qui plus est sacochard aussi invétéré que brouillon. Arrivera-t-il à s'infiltrer dans la ruche ?
Une horde pédalante arrive en vue du mausolée de Jean-Jacques Rousseau (de quoi faire retourner le promeneur solitaire dans sa tombe).
De château en abbaye, la reine du jour rameute ses abeilles et grâce au guide ajoute un brin de verdure historique au patrimoine local. Les abeilles frondeuses sont sensées en faire leur miel. Senlis seule, pavée de bonnes intentions a échappé aux références historiques.
Je dois réparer au plus vite cet oubli. Commençons par la cathédrale : 1151 - 1156; sur l'emplacement de 2 églises existant alors, l'évêque Thibaut ... Non, je plaisante, la cathédrale mériterait un discours plus flamboyant.
Traversée de Baron; notre pédalée encore un peu roturière se fait noble et le roi n'est pas notre cousin.
Raray (Raray-buffet me souffle mon ventre très mal élevé; si je pense qu'à partir de ces tours à poivrières il faut rouler encore des km pour trouver Montcel, on est pas près de bouffer !). "Tais-toi donc ! espèce de mal embouché, et patience, pour le moment on pédale".
A la dite abbaye de Montcel une cerbère en jupon nous attend. Nous avons eu l'impudence de confondre porte ouverte et journée du patrimoine. Avec des accents de mère supérieure offensée elle nous menace de nous enfermer dans la place avec nos cyclos. Plutôt que d'y entamer une retraite, nous préférons rapidement battre en retraite.
Que ce soit par l'asphalte (bien roulant pour les uns, gonflant pour les autres), les routes défoncées, voire la piste en cendrée, le héron doit entrer dans la symbolique de toute les "vélo-fourchettes", à la condition qu'il soit pourvu d'un long bec bien emmanché.
Prix modique, menu simple mais copieux au restau des Acacias. Assiette anglaise, généreuse cuisse de poulet et, pasta-partie digne d'un prémarathon. Quant au dessert, on se perd en conjectures pour savoir s'il s'agit de crème au chocolat ou de mousse au caramel. Un vin de Garonne arrose le tout.
Profitant de cet arrêt à Verneuil, une abeille facétieuse (on se demande laquelle) commence son cinéma. N'écoutant que son GPS intérieur (GPS = Gag Particulièrement Savoureux), elle tient à prouver que la graine de champion se cultive dans un bon terreau. Par contre je lui marque mon désaccord; un vélo même en pièces doit toujours trouver une piste recyclable.
Tiens ! un green de golf, incongru en plein champs. Il s'agit d'une culture de gazon de placage (destiné sans doute aux terrains de rugby).
Notre trajet nous entraîne sur les bords riants d'une petite rivières et pour être "aunette" je ne suis pas sûr qu'il s'agisse de la "monette".
A la traversée d'un village un déversoir mène le flux au lavoir. "Lavoir, lavoir... et Ève quant-est-ce qu'on va la voir ? Tais toi et pédale !"
La forêt d'Alate nous voit venir avec "nos gros cyclos". Nous nous égaillons comme des chiens fous dans un jeu de jonquilles. Des bouquets se confectionnent à la hâte sans doute pour offrir à quelque Catherinette. Ces simples fleurs aux guidons évoquent des tours d'honneur et des hurrah à l'entrée des vélodromes.
Au détour d'une route, des biquettes nous accueillent. A leur vue, ma chaîne ne se sentant plus de joie saute comme un cabri. Heureusement un bon Saint Bernard passant par là m'aide à remettre de l'ordre dans mes plateaux. Il ouvre son tonnelet pour m'abreuver de ses conseils judicieux de routier expérimenté. Ainsi vaille que vaille, les km défilent.
Pas besoin d'un dessin ça sent la fin de l'étape. Quand il s'agit de reconquérir Ève personne n'est Otis. Nous arrivons au soleil couchant. Il entame la fin de sa randonnée céleste dardant ses derniers rayons sur la rosace de la chapelle. Nous signifiant sans doute qu'il se couche, il garde pour lui seul Ève.
Alors, c'est le faux bourdon un peu lourdaud qui remercie la colonie d'abeilles pour son accueil. En résumé un temps rêvé, des images plein la tête et surtout quelques photos souvenirs. Merci aux organisateurs Jocelyne et Michel.
Pas de doute, comme Cicérone,
Jocelyne elle est bonne
Paul Rocheron
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |