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DFU

Le défi des fondus de l'Ubaye
27 juin 2009

(Version 5 cols, soit 258 km et 5360 m à monter, mais aussi à descendre !!!)

par Gérard Grèze
http://abeille-cyclotourisme.chez-alice.fr/souvenirs/2009_fondus_ubaye.html

Le DFU, Jean-Pierre en parle avec tellement d'enthousiasme que j'ai hâte de découvrir cette ambiance et ces cols que je n'ai pas encore gravis.

Comme le titre l'indique le défi a plusieurs versions possibles, ce n'est pas obligatoirement les 7 cols avec 336 km et 6900 m de dénivelé, plusieurs options sont proposées avec des niveaux de difficulté plus sobres.

Avant de raconter notre défi 2009, voici tout d'abord un aperçu des défis que chacun peut souhaiter relever en fonction de ses capacités et surtout de ses ambitions :

Ainsi présenté il me semble que ça n'a presque plus rien de bestial, même si ça se termine par la Bonnette dans les versions 4 et 5 cols.

Ce qui est remarquable c'est qu'à l'arrivée les différents performers se retrouvent à la même table et chacun raconte ses aventures en toute simplicité, qu'il soit membre, maître ou bien grand maître ou n'ait monté que la Bonnette. Chacun a eu la volonté de terminer son défi et en retire simplement une satisfaction personnelle, ... plus l'envie de revenir l'année prochaine.

Donc c'est ce que fait Jean-Pierre qui au départ samedi matin aura l'ambition de passer du statut de membre à celui de Maître, c'est à dire ajouter le col de la Cayolle, même si cela doit le priver de la dictée avec l'académie de dictée de l'Ubaye. Jean-Pierre a sans doute trop parlé du défi extrême à 7 cols et n'a pas séduit largement les cyclos montagnards de l'Abeille aussi nous ne serons que deux à relever le défi 2009. Nous devions être trois, mais Joël a du renoncer à quelques jours du départ.

Jean-Pierre s'est occupé des réservations de train, il a téléphoné au camping pour s'assurer qu'on y trouvera une place pour nos tentes et il a informé l'organisateur de notre venue.

Voyage en train vers Embrun, avec nos vélos

Jeudi soir nous voici à la gare d'Austerlitz vers 21h00 pour prendre le train de nuit jusqu'à Embrun, ensuite ce sera 60 km de cyclo-camping jusqu'à Barcelonnette.

La place réservée et payée pour le vélo dans le train n'est pas là et il faut tasser nos deux vélos dans un compartiment pour contrôleurs SNCF. On n'en parlera pas à Olivier K.... des cycles S.... qui vient tout juste de faire une révision/rénovation de Dr. Olive. Les contrôleurs sont probablement installés dans le compartiment réservé aux vélos, plus spacieux. Le problème sera d'ailleurs identique au retour dimanche soir. Bref comment ne pas nous faire aimer le train.

Arrivée à Embrun à 7h35. Ciel bleu et soleil, les montagnes sont belles et le lac de Serre Ponçon resplendissant. Voilà une belle journée qui se prépare.

Cyclo-camping d'Embrun à Barcelonnette

vue_du_belvedere_de_sauze_le_lac
Vue du belvédère de Sauze le lac.

Départ vers Barcelonnette vers 9h00, il fait déjà chaud. La route est presque plate jusqu'à Savine le lac, ensuite ça monte vers Sauze le lac où le panorama sur le lac est remarquable.

La descente vers la vallée de l'Ubaye est très rapide, elle promet une belle remontée dimanche pour le retour. Ensuite la remontée vers Barcelonnette est plutôt facile avec un fort vent dans le dos.

Arrêt au supermarché à l'entrée de la ville pour les achats du pique-nique et le ravitaillement pour le défi. Jean-Pierre dévalise le rayon gâteaux de semoule taille famille nombreuse, je me contente de la taille individuelle. Au rayon traiteur le rapport entre la quantité de taboulé et de tomates que nous prenons chacun est identique.
Si Jean-Pierre est si grand, ce doit être essentiellement à cause d'un estomac hypertrophié, certains le portent sur l'avant, au dessus de la sous-ventrière, Jean-Pierre a du le caser dans la hauteur, pour plus de discrétion.

Installation au camping et préparation du matériel, des vêtements et du ravitaillement pour le défi

Nous voici au camping du plan. Terrain plat, herbeux et ombragé, eau chaude à discrétion, à deux pas de la permanence et sur la route du défi. C'est parfait, on pourra y faire étape avant de monter le col d'Allos et après celui de la Cayolle.

Pique-nique après avoir monté les tentes et pour Jean-Pierre préparation des rations de survie pour le défi, avec taboulé amélioré de tomates, concombre, avocat... Ensuite Jean-Pierre dénude Dr. Olive pour grimper léger. Enfin, même sans porte-bagage, ça n'en fait pas un coursier léger, ça restera un vélo que les autres regardent avec condescendance en pensant qu'il sort d'un musée. Je me contente de préparer mes affaires pour demain matin car à 4h30 il ne faudra pas trop chercher dans la pénombre.

Au lieu de faire la sieste nous allons à la permanence mais les organisateurs ne sont pas encore prêts à nous y accueillir. Nous allons donc faire un tour en ville où nous trouvons une superbe Maya avec des ailes tournantes. Pas de doute il en faut une pour notre Maya. Devant l'objet démonté nous doutons de pouvoir le mettre dans nos sacoches ou sac à dos sans risquer de l'abîmer. Il faut trouver de quoi faire un paquet et l'expédier par la poste. Une grande enveloppe aidée d'une bonne dose de ruban adhésif fera l'affaire. Voilà de quoi combler notre Maya maniaque !

Avant de retourner à la permanence nous réservons une table dans un restaurant avec une belle carte de pâtes, pour un dîner très tôt et un coucher à une heure qui ne nous est pas habituelle.

Nous nous inscrivons pour la version 5 cols et nous apprenons que le succès de l'épreuve amène cette année deux fois plus de participants que l'année dernière. Jean-Pierre retrouve des compagnons de route de l'édition 2008 et chacun évoque ses objectifs pour le lendemain.

Un orage arrose la fin d'après-midi, mais tout rentre dans l'ordre au moment du diner. Festin de pâtes, dessert gourmand et il est l'heure de rentrer au camping pour une nuit décalée. Masque et bouchons d'oreille pour une nuit courte mais sans interruption.

Le défi, réveil à 4h30, départ à 5h30

Au réveil il fait plutôt frais, environ 12°C. Je partirai avec un pantalon léger et deux couches de manches pour ne pas prendre froid dans la descente vers le lac de Serre Ponçon.

Café à la permanence et nous voici à 5h25 au premier rang devant la ligne de départ. Consignes de Claude aux participants, que nous n'entendrons pas car il est trop loin. Deux cyclos venus des plaines parisiennes se font remarquer avec des vélos équipés de garde-boue et sac de guidon. Le reste du peloton ressemble à un groupe de coureurs.

quelques_minutes_avant_le_depart
Quelques minutes avant le départ.

A 5h40 le départ est lancé. Bien que je me contente d'un rythme assez modéré je me retrouve étonnamment en tête du peloton et y reste jusqu'à la sortie de Barcelonnette. Le temps que les muscles s'échauffent et nous voilà dans une ambiance de course. Les cyclos passent de tous les côtés, le petit plateau ne suffit plus. C'est fun mais il faut bien rester dans les roues pour profiter de l'aspiration. Un tandem mène le groupe dans les parties en descente, c'est très rapide. Dans les quelques passages où la route remonte un peu le groupe ralentit à peine. Bien calé derrière les premiers c'est presque facile. Quelques cyclos font des écarts, il faut être très attentif et ne pas engager la roue avant à côté de celui qui précède, il serait trop bête de tomber dès le départ de ce qui n'est pas une course.

On arrive en bas, la route franchit l'Ubaye à son arrivée dans le lac de Serre Ponçon, petite montée et voici un tunnel. Il est court, tout droit et n'est pas éclairé. Il n'est pas facile de rouler droit, d'autant plus que la lumière à la sortie nous aveugle. Il y a peu de monde devant moi et j'arrive à garder une trajectoire à peu près droite. Jean-Pierre est un peu plus loin et il verra des gars s'arrêter dans le tunnel car ils n'arrivent pas à rouler dans l'obscurité. L'exercice peut sembler facile pour un cyclo isolé, mais en peloton il vaut mieux être devant et avoir la lumière de la sortie comme guide.
A peine sortis de ce tunnel ça redescend très vite. Nouvelle montée et nous passons devant le cimetière du village d'Ubaye englouti dans le lac. Voici la route du col de Pontis.

Col de Pontis, défi acte 1

Je m'arrête pour me dévêtir avant d'attaquer le col, Jean-Pierre s'en souvient comme de l'un des passages les plus pentus du parcours. Nous sommes peu nombreux à nous arrêter et quand nous repartons l'ambiance a changé. Nous ne sommes plus que quelques uns et la tendance est à rouler raisonnablement, en prévision des autres cols à gravir. Plus aucune ressemblance avec une course, nous voici dans une randonnée cyclo-montagnarde.

Ce col est effectivement le plus pentu du défi et il est vrai qu'on peut se fatiguer prématurément en voulant le monter trop vite. Bref arrêt au contrôle, le temps de mettre un coupe vent et on redescend par l'autre face, la route est aussi pentue, elle est sinueuse et mal revêtue, il faut descendre prudemment. On retrouve la route d'hier pour remonter à Sauze le lac puis la folle descente vers l'Ubaye avant de remonter en direction de Barcelonnette.

Col Saint-Jean, défi acte 2

Au pied du col Saint Jean je m'arrête retirer le coupe-vent. Jean-Pierre s'arrête quelques mètres plus loin et repartira devant moi. Je le laisse mener mais je le trouve trop rapide alors je le laisse continuer et je prends le rythme qui me convient. Jean-Pierre doit s'apercevoir qu'il force trop et passe le plateau de montagne. Sa vitesse réduit aussitôt, je le rejoins et le dépasse car je me sens bien et garde mon allure.

Nous croisons les premiers qui ont déjà presque un col d'avance sur nous, qu'importe, nous n'avons pas le même objectif.

arret_taboule
Arrêt "taboulé" pour Jean-Pierre

Voici le sommet avec ses contrôleurs. Jean-Pierre arrive et profite de l'abri bus pour engloutir une part de taboulé.

La montée n'était pas difficile, mais la descente est un régal, avec une large route, de grandes courbes et une pente modérée; il est à peine nécessaire de freiner.

Retour au fond de la vallée de l'Ubaye qu'il faut maintenant remonter jusqu'à Barcelonnette. Il n'y a pas le vent favorable d'hier mais la pente est faible et ça roule bien. Jean-Pierre me rattrape avec des cyclos un peu trop rapides à mon goût, il les suit un moment mais redevient raisonnable quand arrive un passage plus pentu.

Nous arrivons ensemble à Barcelonnette où nous passons pointer à la permanence. Nous faisons un arrêt au camping pour déposer les vêtements chauds dont nous n'aurons pas besoin pour les cols d'Allos et de la Cayolle.

Ravitaillement léger pour moi, gâteau de semoule familial pour Jean-Pierre (et peut-être un peu de taboulé ?). Il est environ 10h00 mais il a envie d'une courte sieste, quelle surprise ! Il n'a pas besoin d'une baby sitter alors je repars en me disant que cela va me permettre de monter gentiment pour lui laisser la possibilité de me rejoindre avant le sommet du col d'Allos.

Avant d'attaquer ce col on passe par Uvernet où est installé un point de ravitaillement. Arrêt bref, j'en profiterai davantage avant de me lancer à l'assaut du col de la Cayolle.

Col d'Allos, défi acte 3

Belle montée, assez boisée avec quelques passages pentus alternant avec d'autres plus faciles. Tiens, un télésiège, trop facile le ski !

panorama_au_sommet_du_col
Panorama au sommet du col

Voilà le refuge, juste avant le col, il est ouvert, je vais pouvoir pointer le BPF. Encore quelques hectomètres et voici le col avec ses contrôleurs. Et de trois, plus que 2 cols.

Photo du panorama de l'autre versant et photo devant le panneau, puis direction le refuge pour le coup de tampon et une omelette jambon fromage arrosée de Coca énergétique.

Je m'installe à la terrasse, au soleil et malgré l'altitude il fait chaud. Je suis prêt à repartir quand je vois Jean-Pierre passer devant le refuge. Je l'interpelle, mais il ne pense qu'au col et au tampon des contrôleurs du défi. Je remonte le rejoindre au sommet. Il s'arrête se ravitailler au refuge, moi je file vers Uvernet et le départ de la route vers le col de la Cayolle.

Col de la Cayolle, défi acte 4

Quelques cyclos/cyclotes bavardent au contrôle ravitaillement, semblant hésiter à s'élancer vers les hauteurs. Je pars seul, mais je serai bientôt rattrapé par Sophie Matter, la responsable de la super randonnée de Haute Provence, nouvelle randonnée permanente organisée par l'ACP. Nous bavarderons un moment, mais quand la pente s'élève à l'approche des derniers lacets Sophie est trop rapide alors je la laisse partir. Nous nous retrouverons au col et nous nous croiserons encore à proximité du col de la Bonnette.

panneau_course
Croyez-vous que cela nous concerne ?

Contrôle et photo devant le panneau du col. Les contrôleurs doivent rester jusqu'au passage des derniers cyclos et à cet endroit les derniers passeront déjà tard. Merci pour cette longue attente dans la fraicheur et dans le vent.

col_de_la_cayolle
Sommet col de la Cayolle

Plus qu'un col pour le succès de notre défi. Encore une belle descente, génial, elle est assez agréable, même si la route est parfois un peu dégradée. Il y a bien quelques virages demandant de la prudence, mais c'est rapide sans être dangereux.
Je croise Jean-Pierre qui fait une pose à quelques kilomètres du sommet, mais il semble en bonne forme pour aller au bout de son défi.

A Uvernet les contrôleurs sont partis, les prochains ravitaillements sont à la permanence à Barcelonnette et au pied du col de la Bonnette pour ceux qui s'élancent alors vers les cols 6 et 7 du défi intégral.

Deuxième passage devant le camping. Nouvel arrêt pour un ravitaillement avec gâteau de semoule individuel et taboulé ainsi qu'une recharge du bidon en boisson énergétique. Je reprends des vêtements chauds pour la descente de la Bonnette que j'ai déjà descendue au couchant et j'ai le souvenir de basse température à 2802 mètres d'altitude. Tenue d'hiver recommandée.

La fatigue commence à se faire sentir, il est temps de faire un brin de toilette pour se détendre et se rafraichir et c'est le moment d'un massage des jambes pour oublier un peu les 200 kilomètres déjà parcourus depuis ce matin.

Col de la Bonnette, défi acte 5

Il est 16h30, il est temps de repartir vers le dernier col que je ne veux pas descendre de nuit. Pour cela j'ai estimé qu'il faut arriver au sommet au plus tard à 20h00.

Je repasse à la permanence où mon heure de passage est notée. On me propose d'entrer me ravitailler, je n'ai pas vraiment faim, mais une salade et un café ne devraient pas nuire à ma dernière ascension.

16h45 il faut y aller, même si les nuages noirs apparus au fond de la vallée risquent d'amener de la pluie. Je reçois les premières gouttes à l'approche de Jauziers. Elles sont énormes alors je m'arrête sous un arbre pour mettre l'imperméable. Ça ne devrait pas durer, les montagnes du côté de la Bonnette sont libres de nuages. La route est d'ailleurs sèche à la sortie de Jauziers. Je suis seul et le resterai jusqu'au sommet, sauf de brèves rencontres. Je rattrape un gars qui semble avoir du mal à continuer, une voiture l'accompagne, il s'arrête mais repars devant moi. Il s'arrêtera plus loin et je ne saurai pas s'il finira à vélo ou en voiture. Un cyclo me double, il roule à peine plus vite. Je comprends qu'il veut faire les 7 cols et donc il poursuit à son rythme. Il s'arrêtera aussi plus loin, terminera-t-il au moins le cinquième col ? Un couple me précède de quelques centaines de mètres, nos roulons presque à la même vitesse et nous arriverons ensemble au sommet. La pente est raide mais régulière, ce col se mérite, il faut avoir la volonté de finir. Chaque borne kilométrique affiche l'altitude et la pente moyenne sur le prochain kilomètre.

Voici le restaurant de la cote 2000, il est fermé, donc pas de tentation. Des plaques de neige commencent à apparaître au bord de la route, encore 800 mètres de dénivelé, le rythme est lent mais régulier. Je me dis qu'il est préférable de ne pas s'arrêter, sous peine de ne plus avoir envie de repartir, mais pourquoi s'arrêter, ce n'est pas facile mais avec une cadence d'endurance, un peu à l'économie ça va se finir sans trop de mal. Les plaques de neige sont de plus en plus nombreuses, il commence à faire frais et le vent se lève à l'approche du col. J'arrive finalement au sommet à 19h55, soit cinq minutes d'avance sur l'heure limite que je visais pour arriver ensuite à Barcelonnette avant la nuit.

Tout va bien, jusqu'à 50 mètres du sommet quand un coup de tonnerre retenti, mon pneu arrière vient d'exploser avec un bruit de pétard. Je fini à pied, soucieux de l'état du pneu et inquiet de ne pas pouvoir faire la descente. Horreur, le pneu est usé jusqu'à la toile, je l'avais pourtant inspecté avant de partir, il semblait bien usé mais paraissait pouvoir faire le défi. Les contrôleurs n'ont rien pour me dépanner et ils doivent rester jusqu'à l'arrivée du dernier, c'est-à-dire dans plusieurs heures. Abandonner après avoir gravi les 5 cols, que ce serait stupide ! Finalement un cyclo qui vient d'arriver au contrôle a un pneu de rechange et me sauve le défi.
Les contrôleurs voyant ma fatigue prennent les choses en main mais le pneu de secours n'est pas neuf et doit être resté plié depuis longtemps, il est très raide. Même avec 4 mains il semble impossible de le monter. Un des contrôleurs propose de s'aider des démontes pneu, exercice rarement recommandé mais on ne sait pas faire autrement. Avec précaution il insère un démonte pneu, puis un deuxième, mais le pneu n'arrive pas à passer complètement par-dessus la jante. Deux démonte-pneus et quatre mains ne suffisent encore pas. Je m'y mets aussi, clac ça y est, le pneu est en place. Il faut maintenant gonfler, en espérant que la chambre à air n'a pas été abîmée avec tous nos efforts.
Ça semble tenir, je vais pouvoir rentrer à Barcelonnette à vélo et accéder au rang de Maître de la confrérie. Merci pour ce pneu salvateur et l'assistance efficace des contrôleurs. Avec mon vélo en acier, avec garde-boue et sac de guidon je leur fais de la peine et j'ai droit à leur compassion. Avant que je ne les quitte les contrôleurs me suggèrent de passer commande d'une machine plus moderne au Père Noël !

Je m'élance dans la descente après avoir enfilé mes vêtements chauds et mes gants d'hiver, il n'y a que la tête que je n'ai pas équipée pour affronter le froid du grand Nord. A peine parti je grelotte et je dois m'arrêter pour glisser le sous-casque d'hiver. C'est beaucoup mieux avec, je vais pouvoir profiter des 28 kilomètres de cette descente. Elle est rapide et présente quelques virages très resserrés pour lesquels il faut freiner généreusement. La route est belle et large mais il faut être très prudent. Je me dis que l'exercice de nuit doit être assez périlleux.

Voilà Jean-Pierre, il a passé la cote 2000 depuis peu, j'estime qu'il devrait arriver au sommet un peu avant 22h00 et donc faire toute la descente dans la pénombre.

De jour je mettrai environ 45 minutes pour arriver à Jauziers. Le ravitaillement attend les candidats aux 7 cols, non merci pas pour moi cette année, il est tard et je ne me suis pas préparé pour ça, je tourne donc à gauche vers Barcelonnette. Ça descend encore, pas trop mais en pédalant un peu ça roule à bonne allure. L'éclairage public s'allume quand j'entre dans Barcelonnette, il est 21h15. Encore 5 minutes avant d'arriver à la permanence, il commence à faire sombre.

Arrivée

Défi relevé avec succès puisque l'objectif des 5 cols est atteint et j'ai réussi à faire la dernière descente avant la nuit, comme je pensais pouvoir le faire.

Je vois sur le tableau de la permanence qu'il y a beaucoup de candidats aux 7 cols et les premiers sont déjà arrivés depuis plus de 3 heures, pas de doute, nous ne visions pas le même défi. Qu'importe j'ai relevé le mien et c'est bien l'essentiel. Jean-Pierre est en bonne voie aussi, c'est donc un bon jour pour les randonneurs au long cours de l'Abeille.

J'hésite à aller au camping me doucher avant la pasta partie, j'ai peur de ne plus avoir qu'envie de me coucher. Je vais donc aller manger d'abord.

Deux cyclos de Saint-Jean de Maurienne et du Var me proposent de partager leur table, un à fait 5 cols et l'autre 7, nous accueillons un couple qui termine tout juste le parcours de 7 cols. J'apprendrai le lendemain lors de la remise des récompenses que la dame est la première féminine à avoir fait le parcours intégral, en 16h00, soit un temps remarquable
En discutant avec toutes ces personnes je vois qu'on se retrouve entre grand randonneurs et cyclo-sportifs spécialisés dans l'ultimate. Ça ne parle que de Paris-Brest-Paris et de cyclo-sportives. Je suis les conversations, mais c'est différent des récits de randonnées des Abeilles. Même si nous avons quelques énergumènes qui passent parfois pour des bêtes à rouler, chez nous c'est bien plus cool. J'ai l'impression d'être le seul à venir d'une région de plaine, les autres viennent d'Alsace, de l'Ardèche, de Vence, bref des régions où il est plus facile de se préparer pour ce genre d'exercice.

Les cantinières sont généreuses et me voici repu. Je peux aller prendre une douche réparatrice et songer à aller dormir, ou revenir accueillir Jean-Pierre à son arrivée si le sommeil ne l'emporte pas. Je prévois que Jean-Pierre doit pouvoir arriver à partir de 23h15, c'est-à-dire une bonne heure pour dormir.

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Maître Jean-Pierre tout sourire à l'arrivée.

Je ne suis pas sûr qu'il y ait de l'eau chaude au camping car il y est annoncé qu'elle est coupée de 22h00 à 07h00 et il est déjà 22h30. Tout va bien il y a de l'eau chaude à volonté. Je me sens tellement bien après que je retourne à la permanence pour accueillir Maître Jean-Pierre de la confrérie des Fondus de l'Ubaye.

Il arrivera avec un alsacien qui lui a un peu ouvert la route dans la descente de la Bonnette car une des lampes de Dr. Olive n'a pas voulu fonctionner. Photo souvenir et les voilà à table avec soupe et pâtes.

Il est tard, on ne s'attarde pas. Jean-Pierre va se doucher et moi je me couche. Pas besoin de berceuse, je n'entendrai pas Jean-Pierre revenir se coucher.

Lendemain de fête

Réveil à 8h30 pour être à 10h00 à la remise des diplômes et récompenses, après avoir plié le camp et rechargé les vélos. Jean-Pierre est levé depuis un moment et a déjà remonté les porte-bagages de Dr. Olive.

Petit déjeuner au bar du camping, le ciel est bleu la journée devrait être belle et chaude. Le succès grandissant du défi des fondus de l'Ubaye fait que la remise des récompenses et diplômes dure assez longtemps pour qu'il soit l'heure de déjeuner avant que nous ayons quitté Barcelonnette. Nous profiterons donc d'une terrasse sur la place et le départ vers Embrun est donné à 13h00.

Le vent est le même que vendredi matin, donc dans le nez alors nous descendrons moins vite que durant le défi, il faut dire que les vélos sont bien chargés et les jambes se rappellent des efforts d'hier.

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L'Ubaye et sa vallée

Arrêt sur le pont au dessus de l'Ubaye pour une dernière photo de la vallée. Nous voici au pied de la montée vers Sauze le lac. La lenteur à monter est proportionnelle à la vitesse diabolique de la descente. Il fait très chaud et on apprécie que durant le défi la température soit restée modérée. Pause au sommet et voici la descente vers Savine le lac.

Les demoiselles coiffees
Les demoiselles coiffées

Arrêt aux demoiselles coiffées et nous voici dans Savine. Ça remonte un peu avant de redescendre vers Embrun où il reste une dernière pente pour arriver en ville près de la gare. Il est temps de faire une pause à une terrasse ombragée en attendant l'heure de dîner puis le départ du train.

Comme à l'aller il n'y a pas de compartiment pour les vélos, mais le contrôleur nous propose une solution plus satisfaisante pour nos machines. Là encore nous ne serons que deux dans le compartiment et nous pourrons dormir correctement.

Arrivée à Paris à 6h50. L'estomac de Jean-Pierre le pousse à aller prendre un petit déjeuner dans la gare. Je suis attendu au bureau alors je rentre directement à Rueil. A cette heure matinale la traversée de Paris en vélo est agréable bien qu'il fasse déjà chaud. A la maison Aurore déjeune, je vais lui tenir compagnie avant de passer à la douche.

Le week-end est fini il faut prendre le chemin du travail.

Conclusion

Oui, le défi des Fondus de l'Ubaye n'est pas facile, mais c'est une belle épreuve, relativement abordable en version 4 cols, c'est comme un BCMF en version randonneur. Dommage que les Abeilles nous regardent parfois bizarrement et se méfient de nos propositions car c'est juste un peu sportif, mais ce n'est pas inhumain. Pour la version 5 cols il faut avoir un bon entrainement mais pour l'option Grand Maître il faut auparavant avoir roulé sérieusement en montagne.

Bravo Claude pour cette belle organisation et l'amour de votre vallée que toute l'équipe communique. Et puis c'est aussi l'occasion de participer à la recherche sur une maladie qui interdit aux malades de faire ce que la santé nous autorise.

Rendez-vous en 2010 pour l'intégrale ? Ou bien pour une version allégée ?

Gérard


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"

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