Le journal de PARIS - PÉKIN (mois de mars) |
Important: Les informations sur le déroulement de Paris - Pékin à vélo 2008 sont strictement associatives, elles ne peuvent être rediffusées que dans le même esprit d'information. Il est strictement interdit d'utiliser ces données à des fins autres que celles définies par le cadre de la loi de 1901, dite "loi associative"
Elle était très attendue cette première journée de repos. Mais pour quoi faire me direz-vous ?
Le changement de domicile permanent est une des difficultés à vivre pour les participants d'une expédition. Très vite, le calendrier se perd car tous les jours c'est " pédale ". Par nécessité, des habitudes nouvelles sont prises dans le cadre d'une vie communautaire et le " être seul " devient un luxe inestimable. Il faut aussi réparer les corps et les machines, mettre en ordre ses souvenirs, écrire à ses proches, peut être aller manger en dehors du groupe avec deux ou trois copains. Faire quelques achats de nécessité : Piles, dentifrice, cartes postales, petit ravitaillement.
Ces 24 heures ne sont que du bonheur. Le vélo est au garage, cadenassé, au repos lui aussi !
Pour chacun Vienne est une recherche : Le bleu du Danube, l'Aiglon, Sissi, François-Joseph, la valse, le concert du nouvel an ? Le rêve fait aussi partie du cyclotourisme...
Grâce au service diligent du tourisme Autrichien, il nous a été proposé une visite de la ville en car. Durant trois heures, 76 cyclos ont découvert les beautés de la capitale de l'ancien Empire : Le Prater, le ring, l'opéra, le palais impérial. Les statuts de Mozart, des Strauss, les souvenirs de Marie Antoinette, les fiacres !
Il faudrait au moins une semaine pour tout voir et mieux comprendre, mais la Hongrie nous attend !.
Cette première journée de repos a été très salutaire. Pour l'ensemble des 117 participants.
Ce fut également l'occasion de la première rencontre avec les élèves Autrichiens du Collège/lycée Maroltingergasse de Vienne. Collège/lycée de 1 200 élèves avec des sections " sport - études " football et handball.
Nous avons été accueilli par le proviseur Monsieur Aigner et Madame Renata Gueber, professeur de français.
Nous avons été reçu dans une classe de jeunes (6ème en France) dont la moitié a choisi le français et l'autre le latin. Les ambassadeurs ont présenté le classeur puis les échanges se sont fait par petits groupes. Ensuite des grands de " terminales " sont arrivés et les entretiens se sont effectués en français.
Parole des ambassadeurs : " Nous avons beaucoup insisté pour que les jeunes autrichiens répondent aux alsaciens et aux lorrains parce qu'il y avait beaucoup d'investissement et de temps passé de la part des jeunes français. "
121 km - Dénivelé : 371 m
Départ : 8h40 - Arrivée 17h00
Wien : notre deuxième capitale.
Chaque mois désormais nous vous enverrons des photos de groupe des participants. Ce matin donc, Adrien et Julien, nos deux reporters, ont tiré le portrait de l'ensemble des participants, avant le départ. Ils seront diffusés dans la semaine.
En ce premier dimanche réellement printanier, les cyclos retrouvent avec plaisir le sens de la randonnée. La piste bordant le Danube est utilisée par des milliers de cyclistes, de rollers, d'enfants, tous aussi heureux que nous de retrouver le soleil et une température très agréable.
Les 45 premiers kilomètres se déroulent à travers des paysages alliant les pruniers en fleurs, nous sommes dans la région du schnaps, les vignobles, les châteaux et des villages de toute beauté. Maisons aux façades colorées, hôtels et restaurants décorés avec soin. Un vrai paysage de carte postale. Par ailleurs, le terrain étant plat et le vent, surtout le matin favorable, nous pouvons affirmer que cette arrivée sur Vienne, s'est réalisée en toute quiétude.
Une réception avec le Président de la fédération Autrichienne de vélo, Otto Flum, le Président national du tourisme Michael Strasser et Jean-Michel Richefort notre directeur technique national (D.T.N.), permet de conclure cette belle journée.
Le témoignage du jour : Françoise Champrond, des cyclotouristes Chambériens (73) et des Cyclos cardiaques. "Ce fut une journée printanière : arbres en fleurs, terrasses des cafés pleines. Je compare cette région avec la Drôme Provençale. J'ai la chance d'avoir intégré le groupe vert dont le capitaine est Daniel Ravel et je m'en félicite tous les jours. L'ambiance est excellente et nous roulons toujours ensemble. A midi nous nous arrêtons pour prendre notre pique nique et souvent les repas sont partagés. Je n'ai jamais eu de remarques concernant mon allure et suis toujours attendue par les plus forts. Partie depuis 15 jours, je trouve que le temps passe à toute vitesse." |
118 km - Dénivelé : 335 m
Départ : 8h40 - Arrivée 17h30
La campagne d'Autriche !
C'est au départ, à 8h15 que nous avons l'honneur de recevoir la visite du Président de la région Haute Autriche et du représentant du Maire de Linz. Discours, remise de cadeaux de la part de l'office de tourisme de la région et nous prenons la route, sous la protection de la police locale. Tour de ville, superbe, et nous retrouvons la rive gauche de notre fleuve compagnon. Au loin, sur la rive droite nous apercevons les Alpes enneigées.
La descente se poursuit réellement enchanteresse, car le soleil et la tiédeur sont présents. Une multitude d'oiseaux y compris des centaines de cygnes, semblent ne pas être dérangés par notre passage.
A contrario, nous apercevons des directions tragiques : Matahausen, Dachau. Notre mémoire collective, heureusement reste en veille.
A une vingtaine de km de l'arrivée un énorme barrage-écluse bloque le Danube. Cette retenue autorise une centrale hydro électrique au fil de l'eau et permet à des bateaux de plus de 100 mètres, de franchir ce pallier. Un ouvrage d'art remarquable.
A l'arrivée à Melk, nous apercevons de très loin l'ensemble abbatiale de la ville ; magnifique ensemble architecturale, toujours entretenu avec soins. Cet ancien château de la famille Babenberg, illustre en Autriche, est depuis 1089, propriété des moines Bénédictins. Actuellement ils sont toujours très actifs et propagent leur devise : "in omnibus glorificatur deis"
Notre témoin du jour est Gabriel Mercier - 66 ans - du cyclo-club de Carqueiranne (83). Il nous déclare : Les conditions atmosphériques sont idéales aujourd'hui, le vent est notre allié. Belles pistes cyclables, paysages enneigés. Pour la première fois nous avons déjeuné à la terrasse d'un gathaus. |
104 km - Dénivelé : 435 m
Départ : 8h30 - Arrivée 17h00
A la conquête de l'Autriche.
Il n'a fallu que quelques coups de pédales pour atteindre la rive droite de notre fleuve, désormais familier. A cet instant nous étions en Autriche. Sur une cinquantaine de km, en aval de Passau, le Danube est frontière. Au-delà, pour des raisons historiques, les deux rives sont Autrichiennes. Seul un expert de la Germanie peut apprécier, de part et d'autre du fleuve, les différences. Tout est aussi calme, aussi majestueux. Les architectures sont identiques ou très proches. L'Autriche donne une impression plus rurale.
L'étape du jour est courte, conduite à allure modeste, avec arrêts et photos multiples. Le temps est gris, humide mais clément.
Nous découvrons les limites de la piste cyclable. Pour une promenade en famille d'une dizaine de kilomètres, c'est le rêve. Pour le randonneur, souhaitant garder un rythme régulier et soutenu, l'avis est plus nuancé. Il est nécessaire de suivre avec précision la carte, pour ne pas commettre d'erreurs, d'où des arrêts répétés. Le revêtement passe du bitume à la terre, puis à la boue. Le cheminement du groupe devient alors délicat et les crevaisons sont assez nombreuses. Par souci de sécurité nous suivons la piste, d'ailleurs elle demeure obligatoire.
La troupe va bien, entraînant avec elle les petits bobos classiques: maux de gorge, débuts de tendinite, digestions difficiles, repos mal maîtrisé. L'équipe médicale veille.
Témoignage : Jean-Yves Guegen de l'U.S.M.Villeparisis (77). " J'ai été frappé ce matin au départ par la multitude des clochers de Passau. Pour la première fois, nous nous sommes vraiment imprégné du Danube. |
163 km - Dénivelé : 390 m
Départ : 7h50 - Arrivée 18h30
" Rainer Maria Rilke a écrit : tout a coup, on trouve quelqu'un qui nous écoute, alors, tous les mots prennent un sens. "
Il semble que ce papier quotidien soit de plus en plus lu et apprécié. Pour améliorer cet " instantané " de l'expédition et pour essayer de faire mieux encore, Chaque jour, nous allons essayer d'obtenir d'un participant, en quelques lignes, son étonnement ou son ressenti de la journée.
La route des clochers à bulbes !
Il nous faut aujourd'hui partir plus tôt. Pour deux raisons : nous continuons notre progression à l'est, le jour se lève de plus en plus tôt et surtout, notre chemin est long : 149 km prévu à pédaler, 163 en réalité. Pour agrémenter le voyage, nous devions utiliser deux fois un bac, pour traverser le fleuve. Cette variante n'a pu se réaliser, le premier bac étant fermé. Cyclotouristes au long cours, avares d'efforts inutiles et heureux d'admirer les dizaines d'églises typiques nous mettrons plus de 10 heures pour rejoindre la " Jugend herbege ", installée dans un ancien fort militaire, dominant la ville. Vue imprenable assurée sur l'Autriche, à portée de boulets.
Mais pour un cyclotouriste, il faut franchir une rude côte de 3 km avec des passages à 12%. Les plus sages ont mis pied à terre. En prime certains sont logés au 7ème étage ! Sans ascenseur. Dur dur quelquefois, le quotidien du conquérant !
Désormais le Danube mérite son titre de fleuve, sa largeur dépasse souvent 200 mètres car il s'est enrichi de nombreuses rivières. A Passau : l'Inn et l'Ilz.
De cette cité commence d'ailleurs la navigation fluviale passagers sur de nombreux bateaux de croisière. Quelques gros pousseurs, aussi prennent possession de cette voie navigable.
En résumé cette journée est très significative de l'Allemagne que nous quittons demain après 750 km. Le mariage réussi de la tradition et de la modernité.
Pour notre premier " point de vue " nous avons demandé à Christian LEMAY - 52 ans - du club cycliste de Sainte Foy Québec métro, ses impressions sur cette étape : " En premier lieu une température jamais rencontrée : + de 10°, un régal pour un Canadien. Deux villes m'ont impressionné : Deggendorf et Vilshofen par leur architecture typiquement allemande, propre et en ordre ! Par contre dans les villages aucune vie ! Où sont les populations ? |
81 km - Dénivelé : 399 m
Départ : 8h00 - Arrivée 14h30
Une étape de transition.
Au départ, nous accueillons trois jeunes Allemands, randonneurs comme nous, qui souhaitent nous rencontrer. Ils partent ce matin, en vélo....... pour Pékin, via la Turquie, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. Une autre route de la soie.
Aujourd'hui la descente du Danube, est du genre " Long fleuve tranquille ".
Le temps est gris, des flocons virevoltent et la température de + 1° est considérée comme fort agréable !
Les photographes se font plaisir et grâce aux appareils numériques, certains cyclos prennent de 100 à 2OO clichés par jour.
La France s'éloigne, les habitudes aussi. Parfois la famille et les amis envoient un S.M.S., lu délicatement dans un coin de chambre avec semble t'il une discrète larme à l'œil !
La télévision allemande ayant été présente depuis 48 heures, les automobilistes et les villageois montrent des signes de reconnaissance. Nous avons entendu un émouvant : Vive la France ! Un autre quidam, au passage du groupe, est devenu blême et s'est signé ! Il est vrai que la Bavière, aux milliers de houblonnières plantées dans les champs est une terre très catholique.
Cerise sur le gâteau pour récupérer totalement, cette nuit notre hébergement est très confortable et les repas forts riches. Nous passons la nuit au centre de formation de la Deutsch Bahn, l'équivalent de notre S.N.C.F.
126 km - Dénivelé : 650 m
Départ : 8h00 - Arrivée : 17h30
Une étape difficile !
Aujourd'hui les cyclos ont écrit la première page difficile de l'expédition.
Après 70 km d'une route plate à travers les superbes paysages Bavarois, une tempête de neige d'une rare violence, s'est abattue sur 4 des 5 groupes de randonneurs ! Vent violent, visibilité réduite à quelques mètres. Les deux tandems dans l'impossibilité de rester en ligne sont poussés tant bien que mal par les pilotes et les passagers.
Difficile d'avancer ! La neige tombe drue. Il faut passer ce cap délicat. Barbe de glace, casque blanchi, toutes et tous serrent les dents et attendent la fin de cette rude séquence. Un abri est trouvé dans une auberge, une soupe brûlante pour l'un, un café chaud pour l'autre et la tempête s'éclipse comme elle est venue.
Quelle giboulée de mars !
A l'arrivée, à l'auberge de jeunesse d'Ingolstatd il faut encore sortir son sac, chercher des vêtements secs, attendre la douche, trouver son lit dans une chambre de... douze ! Il y a des jours comme cela.
Nous avons franchi lors de cette étape le 1 000ème km.
Pour les plus courageux, une trentaine, réception à la mairie de Ingolstadt (ville jumelle de Grasse 06) en présence de madame le Maire et du consul de France.
Demain sera un autre jour, nous l'espérons plus facile !
132 km - Dénivelé : 553 m
Départ : 8h00 -Arrivée : 17h30
Changement de région.
Ce matin, grand ciel bleu et température glaciale : - 8° !
Dans la campagne du Bad-Wurtenberg, que nous quittons après Ulm, pour entrer en Bavière, la neige a disparu. Nous pouvons donc emprunter les pistes cyclables, gages de sécurité et de tranquillité. Cependant le revêtement n'est pas toujours régulier et souvent, la terre remplace le goudron.
Désormais les habitudes de " vie de nomades " se normalisent. Les groupes s'organisent. Il faut encore quelquefois resserrer quelques boulons. Les difficultés inhérentes à une vie communautaire de 117 personnes deviennent plus concrètes pour tous. Les ronfleurs (3%) sont localisés et cette particularité est traitée. Les accompagnateurs s'efforcent de trouver des solutions pour tout concilier. La bonne volonté de chacun aidant, tout devrait être ...presque parfait avant Pékin!
Bonne surprise : L'expédition a reçu la visite de huit jeunes cyclotouristes des écoles de Firminy et Saint-Bonnet-le-château (42). Cette belle équipe, filles et garçons, dynamique et curieuse de tout, souhaitait rencontrer les " routards ". Elle n'a pas été déçue. Nous non plus. Nous les retrouverons en Roumanie avec plaisir le 13 avril prochain à Bucarest.
Merci aux éducateurs Fabrice Goujon et Cyril Eyraud, et par delà, à tous nos responsables des écoles de cyclotourisme FFCT, qui forment les futurs randonneurs de demain.
Mauvaise surprise : A Günzburg, impossible de trouver notre hôtel. Pendant une heure les " ouvreurs " ont cherché l'Hôtel Mercure, en vain. Stupéfaits et inquiets, ils se sont rendus au commissariat de police qui le plus sérieusement du monde, a annoncé que cet hôtel avait changé de nom le 15 mars et était devenu le Golden Tulip.
Autre mauvaise surprise : Le démarreur du camion (19T) piloté par Claude Galvaing, a rendu l'âme! Nous espérons être dépannés mardi, car le lundi de Pâques en Allemagne, c'est impossible.
92 km - Dénivelé : 701 m
Départ : 8h00 - Arrivée 15h30
Pâques aux tisons !
Après une nuit passée dans l'excellent centre , le Baar Zentrum, le départ est un peu laborieux. Le chemin qui conduit à la route principale est impraticable à vélo, car une fine couche de glace, couverte de neige cache le bitume. Par prudence le départ est pris en poussant les machines pendant les 500 premiers mètres.
Il nous sera malheureusement impossible ce matin, de pédaler en toute sécurité sur la voie cyclable longeant le Danube. Elle est recouverte de neige et de glace le plus souvent. Ce sera donc la file indienne sur la route. Par chance, la circulation est faible en ce dimanche pascal. La neige tombe et le déneigement n'est pas très prisé ici, par respect de l'environnement. L'équilibre sur le vélo n'est pas évident. La température avoisine le 0°, mais l'habitude aidant, le froid n'est pas trop gênant. Il faut simplement se méfier de la glace, pouvant entraver les roues en se glissant entre les pneus et les garde-boue.
Cette pratique confirme une citation de Philippe Delerm : " Les chemins nous inventent... !"
Nous commençons désormais notre longue descente du Danube, ici, encore modeste fleuve déjà embelli par de nombreux châteaux de seigneurs, notamment ceux de la cour des Hohenzollern. La route, le fleuve et la voie ferrée, s'entrelacent, à travers des gorges pour utiliser un minimum d'espace.
L'arrivée dans la petite ville de Sigmaringen, dominée justement par le château de cette famille importante dans l'histoire de l'Allemagne depuis 1835, est superbe.
Trois hôtels de bonne qualité facilitent le repos.
NB : Hier nous avons franchi nos deux premiers cols : Aufdemhôchat 1026 m et Holhengraben 1030 m.
63 km - Dénivelé : 971 m
Départ : 8h00 - Arrivée 12h30
Un rayon de soleil
Hier soir en arrivant à Fribourg, la météo locale et les autorités nous annonçaient un très mauvais temps pour le lendemain, avec probablement une impossibilité de franchir à vélo les contreforts de la forêt noire. Prudent et soucieux de la sécurité de l'expédition, Jean-François Deregnaucourt, envoie une équipe de reconnaissance, pour mesurer sur place, les conditions d'enneigement. La décision finale sera prise au moment du départ...
6h00 du matin, miracle! Le ciel est dégagé, la neige n'est pas tombée durant la nuit. Nous partons par le chemin prévu avec une légère variante. A partir du 5ème kilomètre, la voie commence à monter et nous entrons dans un paysage hivernal. Une vraie carte postale. Chaque village rivalise de beauté et les clochers à bulbe ou en pointe ponctuent le paysage. Le col, à 1110m d'altitude, est franchi sans encombres. Les photographes s'en donnent à cœur joie. Pendant quelques kilomètres, sur le plateau le vent souffle et de petites congères se forment mais la route n'est pas bloquée. Un pâle soleil montre son nez. La longue descente nous permet de rejoindre rapidement la vallée de Donaueschingen et notre hôtel. Nous sommes frigorifiés mais HEU-REUX!
Autre bonne surprise : L'hébergement au Baar Centrum. Chambre de deux, grand confort, piscine où nos deux ostéopathes organisent des séances d'étirements dans une eau à 28°.
A la réception de la ville où nous sommes chaleureusement accueillis par monsieur le Maire, nous apprenons que les sources du Danube ont été découvertes par l'Empereur Tibère en l'an 15 av J.C. Nous allons garder cette information sur 2880 km car désormais nous suivrons le fleuve jusqu'à son embouchure en Roumanie, un mois durant.
Notre première semaine s'achève. Nous avons réellement pédalé sur 720 km et avons franchi 55O6 mètres de dénivelé. Dorénavant le calcul quotidien sera réalisé par " notre spécialiste maison " : Pierre-Marie Werlen.
82 km - Dénivelé : 613 m
Départ : 8h00 - Arrivée 12h30
Bonjour Fribourg.
Quelle surprise pour le premier jour du printemps !
A 8h00, au moment du départ, des trombes d'eau mêlées de neige et des bourrasques de vent donnaient à chacun un air pour le moins dubitatif.
La police municipale nous permet de sortir de Mulhouse au mieux, mais à la limite de la ville, les policiers s'éclipsent et laissent nos 5 groupes seuls, un peu perdus, dans la tourmente et..la banlieue. Difficile de lire la carte, sous une pluie glaciale! Délicat avec le vent de face de rester groupés sous les ponchos! Bref, la première heure de l'étape a été des plus déplaisante. Trois tentatives sont nécessaires à certains pour trouver le bon chemin et passer en territoire germanique!
Peu après Mullheim, entre les averses, nous avons pu voir une campagne riche de cultures sous serres. Les villages typiques, vides et silencieux sont traversés prestement. A flanc de coteaux, les vignobles impeccables, frissonnent sous le mauvais temps.
La tempête se calmant en fin de matinée, nos courageux randonneurs rejoignent enfin l'auberge de jeunesse de Fribourg où le déjeuner chaud et copieux est hautement apprécié.
Le vendredi saint est un jour férié en Allemagne. Tous les commerces et administrations sont fermés. L'après-midi sera donc consacré au repos, à la lessive, au rangement. A 17h00, nous assistons à la réception proposée par l'office de tourisme et la municipalité de Fribourg, en présence de Madame le consul de France à Stuttgart.
Dès 17h45, nous devons dîner car le service doit être terminé à 18h45. Par bonheur, l'auberge est très calme, bien chauffée, bien organisée. La soirée permet à tous de se reposer plus longuement.
NB : nous enregistrons le premier abandon. Notre compagnon de route Jacques Eon a volontairement quitté l'expédition, en dépit de tous nos encouragements pour continuer. Il n'arrivait plus à dormir et de ce fait ne pouvait pas récupérer.
129 km - Dénivelé : 950 m
Départ : 8h00 - Arrivée 16h30
Au revoir la France.
Notre dernière étape sur le sol Français nous a permis d'apercevoir, de loin, le sud des Vosges, avant d'arriver, via Belfort dans la plaine d'Alsace. Le Rhin est désormais à portée de nos roues.
Plus l'itinéraire entraîne l'expédition vers l'est, plus le départ est matinal, vers 8 heures, ce qui permet à tous les groupes et la logistique d'arriver une heure plus tôt. A contrario, il fait encore très frais en quittant notre logement de nuit !
A Belfort, lors de la réception offerte par la municipalité nous apprenons que l'emblème de la ville : Le lion, a été adopté par la firme Peugeot.
Pendant quelques kilomètres, nous longeons le chantier de la future ligne de train à grande vitesse, chantier impressionnant.
Les cyclotouristes qui continuent à se découvrir deviennent de plus en plus familiers entre eux, ils dialoguent, ils rient, ils chantent, nous apprenons même qu'un participant Canadien - ils sont quatre - n'a pas hésité à venir, pour le départ en France, accompagné de 9 personnes, pour l'encourager.
Désormais à chaque arrêt, la presse se précipite sur nos cyclotouristes et les assaille de questions quelquefois surprenantes pour notre milieu. Chacun de nous, à sa manière, explique les raisons de sa présence dans ce voyage extraordinaire, ses motivations et ses petits soucis.
Pour clore cette chronique, nous laissons le soin à un "normand romantique" de la terminer par cette réflexion que nous dédions à tous ceux que nous avons quittés : Pour un cyclo, pédaler avec le vent dans le dos, c'est comme vivre dans le bonheur, on ne s'en rend pas compte.
94 km - Dénivelé : 6O7 m
Départ : 8h30 - Arrivée 17h30
La réputation de l'est de la France : Terres froides, hommes et femmes courageux n'est pas usurpée.
Il fallait en effet du cran pour affronter ce matin les premiers flocons de neige, qui, dès le départ virevoltaient autour des cyclos.
Les 104 routards, chaudement vêtus, ont repris la route, par groupe de 20, avec le sourire.
Nos deux citoyens Chinois: Hou et Yu, découvrent avec stupéfaction les repas et les piques-nique à la Française. Un seul parle convenablement l'anglais et pour le moment, les échanges se réduisent à un curieux dialogue de sourd-muet. Le plus jeune, 19 ans, Yu espère parler le Français le 3 août en arrivant à Pékin. Aucun Français, ne pense parler Chinois à la même date. Cherchez l'erreur !
L'étape d'aujourd'hui a été plus calme. Certains ont bien vite compris, que nous allions pédaler plus de 4 mois. Tous les participants commencent à réaliser les joies et les contraintes de la vie en groupe. Deux amis d'enfance, qui ne s'étaient plus rencontrés, depuis l'âge de 14 ans, se sont retrouvés dans le même groupe ! Ils n'en sont toujours pas revenus.
Il faudra encore quelques jours aux encadrants bénévoles pour régler, dans l'intérêt général, les différents problèmes, occasionnés par le changement quotidien des hébergements.
Une réception à l'hôtel de ville, en présence de l'école solidaire de Vesoul, présente au départ de Paris, nous a permis de rencontrer le jeune de la ligue Franche-Comté qui fera parti du groupe qui rejoindra Xiang à Pékin.
136 km - Dénivelé : 1200 m
Départ 8h40 - Arrivée 17h30
Nous quittons avec regret l'auberge de jeunesse et les 7 familles d'accueil de Rosières près de Troyes. Nous avons rencontrés des hommes et des femmes, simples, dévoués, discrets et terriblement efficaces. Tout ce que nous aimons. Merci.........., nous reviendrons.
Le recueillement de la journée d'hier, à la mémoire du dernier poilu, le vétéran Lazare Ponticelli, s'est voulu un hommage à l'ensemble des combattants de la grande guerre, les départements que nous traversons gardent aussi la mémoire de ce terrible souvenir.
L'étape du jour est annoncée comme plus délicate. Elle le sera. Une matinée très fraîche, un vent de 3/4 face.
Les groupes s'étirent et chacun est à la peine dans les bosses, les faux plats et les vraies montées. Le 3 ème jour est souvent délicat à négocier pour un cyclo. Ce fut le cas pour quelque uns. Pour la première fois il a fallut " mettre à gauche ". Heureusement la verte campagne est déjà fleurie, et par chance, au loin, nous croisons des hardes de sangliers et de marcassins.
Partis du département de l'Aube, nous traversons la Côte d'or, pour arriver en Haute Marne. L'arrivée splendide sur Langres et ses fortifications ne laisseront personne indifférent.
Réception désormais traditionnelle à la mairie, en présence de Mesdames la Députée du département et la Maire adjointe.
Un repas pris en commun, terminera cette longue journée et à 22 heures, tout le monde sera couché.
107 km - Dénivelé : 512 m
Encore quelques mots, pour dire combien le départ de Paris a été ressenti par tous les participants, comme un instant magique et exceptionnel. Ce départ, cette fête, précédée de 48 heures d'une exposition remarquable, réalisée notamment par les écoles cyclos solidaires restera dans nos mémoires comme le premier moment fort de l'expédition. Il est impossible de citer, pour les remercier, tous ceux qui, bénévolement, ont travaillé pour ce résultat. Dans le cadre de notre Fédération, l'ensemble du personnel s'est engagé, sans compter depuis deux ans. En particulier, nous voulons rendre hommage à Marie Claire Davilla et son équipe, notamment, Bertrand Houillon, Anne Lalagüe et Catherine Tual ainsi qu'aux moteurs de l'opération " écoles solidaires " Alain Rat et Marie Françoise Desbrousses.
Revenons maintenant à l'étape du jour.
Les cyclos commencent à se découvrir, à apprendre à rouler ensemble. Dans une semaine les réflexes devraient être acquis. Rouler par groupe de vingt, avec des sacoches avant, demande une attention permanente.
Nous avons franchis aujourd'hui notre première difficulté, au km 90 : La côte de Mongueux (B.P.F. de l'Aube en champagne). Chacun dans son style, à son rythme, a franchis cette bosse, avec énergie et en souriant.
Nous sommes logés pour la grande majorité à l'auberge de jeunesse de Rosières près de Troyes, qui nous a reçu avec une très grande gentillesse et convivialité.
Les autorités ont organiser une réception........ au champagne naturellement.
107 km - Dénivelé 600 m
Enfin ce matin le grand jour est arrivé.
Depuis des mois, nous attendions ce jour, cette heure 9h.30.
Après une journée de préparation technique et administrative intense, nous sommes enfin au pied du mur. Le Trocadéro, mis à la disposition de la Fédération française de cyclotourisme, par la ville de Paris nous offre son inoubliable point de vue.
Des milliers de supporters, de jeunes des écoles cyclos, les familles, les amis, sont venus admirer leur héros !
Une émotion intense, ou se mêlent émotion, joie, fierté et tristesse de la séparation est visiblement présente. Nous voyons quelques larmes aux yeux des aventuriers !
Le président du C.N.O.S.F., Monsieur Sérandour, le Président Fédéral Dominique Lamouller, Monsieur Lamour, ex Ministre des sports, coupent le ruban tricolore et les 5 groupes de 20 cyclos (noir, jaune, bleu, vert et jaune) roulent en direction de la Seine. Derrière eux des centaines de cyclos, les accompagnent dans une traînée multicolore sur plus de deux kilomètres. L'inoubliable traversée de Paris restera un moment fort de ces premiers tours de roue.
De la capitale au Val de Marne, c'est une balade dans un cadre verdoyant qui nous conduit à Provins, seule ville française reconnue en totalité au patrimoine de l'humanité.
Monsieur le Maire de Provins, nous offre une réception à l'office de tourisme, avant que les cyclos rejoignent les hôtels.
Cette première journée, à permis à chacun de prendre ses marques, trouver ses repères, et découvrir un nouveau monde.
Tout le monde se porte bien.
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |