À imprimer (Acrobat) |
Organisateur : Michel BARDIN |
La formule a changé de nom, exceptionnellement cette année, car le programme a été modifié : nous commençons par de la marche, puis 2 jours de vélo et finissons par de la marche pour coller au programme de 3 "fous de vélo" qui, en partant de chez eux à vélo, vont nous rejoindre le soir au gîte, feront 2 jours de vélo avec nous et repartiront chez eux à vélo.
Sur le programme, le rendez-vous était fixé à 9h00.
Afin de ne pas être en retard et pour contrarier une réputation qui nous colle à la peau, nous arrivons, Dany et moi, à 8h45. L'allée menant au gîte est obstruée par une voiture. Dany, avec sa patience habituelle, part à la recherche du propriétaire afin de faire déplacer le véhicule. Il trouve un monsieur jovial, accompagné d'un jeune chien, qui trace sur le pantalon beige et propre de Dany les marques de son affection naissante, et une femme distinguée qui, non encore rompue à la rudesse du verbiage Piot, reste sur ses gardes. Après les présentations, place nous est faite et Yves, notre hôte, nous sert le café dans le jardin, ce qui nous fait patienter jusqu'à 9h20, heure de l'arrivée de Michel accompagné de Jocelyne et Jean. Il manque Pascal et Françoise, mais nous voyons passer au-dessus de la haie du jardin, 2 vélos visiblement juchés sur le toit d'une voiture. Quelques minutes plus tard, ils repassent dans l'autre sens et pénètrent dans la cour : le groupe est au complet, nous pouvons organiser la journée.
D'après les indications téléphoniques que Michel m'a donné quelques jours plus tôt, ce midi c'est resto, mais visiblement pour les autres c'est pique-nique. Après un rapide recensement des victuailles de chacun enrichies d'une 1/2 baguette, 2 œufs durs, 2 bananes et 2 bouteilles de cidre offertes par Yves, nous en concluons que le repas devrait être copieux.
Passons à la distribution des parcours : le tracé est en bleu pour les garçons et en rose pour les filles. Oh, surprise, Michel m'en donne un bleu : Michel, je vais t'avouer un secret, car visiblement tu ne t'en es pas aperçu, je suis une fille. Autre particularité des parcours, nous avons l'aller mais pas le retour, nous pensons que l'organisateur veut nous perdre et nous déclenchons l'opération "Petit Poucet".
Dernier détail à régler avant de partir, les dîners de Pascal et Françoise, inscrits tardivement au week-end et ne trouvant pas de place au gîte, sont logés dans un hôtel à Pont-Audemer. Que l'on ne dorme pas au même endroit n'est pas un problème, mais priver nos 2 sarthois de la convivialité agapienne des Abeilles, il n'en est pas question. Malheureusement, notre hôtesse est intraitable : pas de place. Nous transférons les négociations sur Yves pour qui il n'y a jamais de problème mais que des solutions et l'affaire est réglée.
Il est 10 heures lorsque nous commençons l'ascension de la merveilleuse forêt de Bretonne revêtue de ses teintes d'automne. Toutes ces touches de couleurs différentes nous donnent l'impression d'évoluer au milieu de toiles d'impressionnistes. Il ne manque que les rayons de Monsieur Soleil qui nous boudera toute la journée. Le parcours vallonné nous met en appétit et à l'orée d'une clairière nous avisons une table flanquée de 2 bancs. Sans plus attendre, les victuailles sont déballées et, entre la terrine gasconne de Jocelyne, les rillettes du Mans, les pâtes à la tomate façon Voyeux, les fromages de Jean et différentes sucreries nous ne manquons de rien.
Nous reprenons notre route et les papotages vont bon train. Mais, Dany n'entend pas tout et nous avoue qu'il devient un peu dur d'oreille ce qui fait dire à Pascal qu'avec l'âge les raideurs se déplacent. Le petit chemin qui normalement devait nous conduire au gîte est réquisitionné par les chasseurs et nous finissons par le bord de Seine pas très bucolique et ensanglanté par endroits. Nous apprenons, à l'arrivée, en discutant avec les chasseurs que 3 sangliers ont été abattus. A l'entrée d'Aizier, notre village d'accueil, petit coup d'œil à l'église Saint-Pierre du XI ° siècle dont le clocher original est fait avec de la pierre de Caen. C'est avec le sourire que notre hôtesse nous accueille et nous installe dans nos chambres. Pendant que nous nous préparons, nos cyclos arrivent, il est 18h30 et, avec l'heure d'hiver, il fait nuit noire.
L'apéritif du jour est offert par Dany qui arrose son anniversaire. Pour la circonstance Michel et Jocelyne lui offrent des chocolats au noyau de Poissy qui régalerons nos fins de soirées. Le repas est très copieux et même Jean-Pierre ne vient pas à bout du Bœuf Bourguignon malgré les menaces proférées par Yves de donner les restes à sa cochonne vietnamienne (ce n'est pas sa petite amie asiatique mais un gros pachyderme noir qui, par mimétisme envers son maître, se laisse pousser le ventre). A la demande de Michel, il y a un gâteau d'anniversaire et Jocelyne a apporté les bougies. Le champagne est offert par nos hôtes et c'est heureux et repus que nous allons nous coucher.
Le petit-déjeuner, servi à 8h45, ce vendredi matin, est composé de bonnes confitures maison et dans les corbeilles 3 variétés de baguette sont coupées en rondelles : la Tradi, la Festive et la Classique. Jocelyne demande que la 2° tournée soit coupée dans le sens de la longueur. Le regard désemparé de Mme Laurent en dit long sur sa surprise, elle n'est pas non plus rompue aux petites habitudes de Jocelyne.
Départ 9h30. Michel nous annonce un parcours de 90 km, assez plat, ce qui fait sourire Yves. Le temps est doux mais le soleil se fait encore discret. Nous passons sans nous arrêter à Quillebeuf en faisant abstraction du coté industriel de sa rive droite. Un petit coup d'œil sur le pont de Tancarville, belle vue sur le marais Vernier et le pont de Normandie nous annonce la proximité de Honfleur, lieu de notre déjeuner. C'est presque à l'unanimité que nous optons pour des moules/frites, bord de mer oblige. Nous les dégustons à la terrasse d'un restaurant du port. Après la visite de la très belle église de la ville, le groupe se ceint en 2, car Jocelyne a repris le vélo depuis peu et ne veut pas faire trop de kilomètres. Le groupe du nominal doit attendre la fin de la réparation de Pascal, dont le pneu présente une belle entaille, pour enfourcher ses montures. Parcours très vallonné l'après-midi et on comprend le sourire amusé de notre hôte ce matin. C'est à la nuit tombante que nous arrivons au gîte, les compteurs affichent entre 101 et 105 km.
Le pommeau, offert par nos hôtes, précède un dîner encore très léger : escalope à la crème, fricassé de champignons, carottes, pommes de terre et navets et crème que Yves va brûler au 3° degré avec son chalumeau, impressionnant.
Samedi matin, la farandole des pains nous accueille au petit-déjeuner enrichi de la Tourne goule, gâteau de riz local.
Le temps est encore doux et le départ est donné. La petite route que nous devions prendre est en sens interdit. Nous montons un peu plus haut et prenons un petit chemin de campagne bien sympathique qui nous amène, malgré les doutes de certains, sur le parcours prévu. Nous sommes au milieu du bocage normand et le soleil daigne se montrer mais pas pour longtemps. Après un arrêt à la chapelle Notre Dame creusée dans un if de 15 mètres de diamètre et de plus de 1000 ans d'âge, Robert nous avait fait visiter ce site il y a quelques années, nous alternons dénivelés et passages en plateau. Une grande descente nous conduit en bord de Seine et nous faisons nos emplettes à La Bouille. Une épicerie, achalandée cyclo et une boulangerie-pâtisserie comblent nos attentes. La jolie montée de Moulineaux nous conduit au château de Robert le Diable, lieu de notre pique-nique. La lecture des devises écrites sur nos sacs de pain agrémente notre repas et je vous en livre une qui a bien plu à Jean-Pierre : Mieux vaut pain en poche que plume au chapeau car tout ce qui est superficiel n'a point de valeur réelle et ne nourrit pas.
Pas évidentes à trouver, les petites routes de l'après-midi et un peu glissantes en forêt. Il fait frais et le petit café, offert par Christian, nous apporte un peu de chaleur. Nous faisons le point sur le kilométrage restant à parcourir et décidons de ne pas traîner. Mais une crevaison de Jean-Pierre nous oblige à un arrêt. Cela nous permet de visiter sa chambre à air verte du plus bel effet car assorti à la couleur de son vélo et, de plus, très amusante car en la gonflant une énorme hernie se forme tel un ballon de baudruche; les réflexions sarcastiques fusent. Pour la fin de parcours, la forêt de Bretonne nous ouvre son manteau automnal et la route des chaumières nous conduit au bercail, où devant un bon feu de bois nous dégustons bières offertes par Jean et noix du patron.
Un kir normand nous met en appétit et après le saumon à l'oseille Jean nous fait le mascaret avec sa crème anglaise. Rappelons que le mascaret était une grande vague qui, se formant à l'embouchure de la Seine, dévastait tout sur son passage lorsqu'elle déferlait. Elle fut endiguée au début du siècle dernier.
Petit-déjeuner à 7h30, le dimanche, pour nos trois amis qui repartent chez eux à vélo et 8h30 pour les autres. Heureusement, Jean-Pierre nous a laissé de la succulente galette faite à base de pâte à croissant, spécialité du boulanger de Bourneville. Ouf ! la cafetière en porcelaine, souvenir de la belle-mère de notre hôte, sort intacte de nos petits-déjeuners; il faut dire que tous les matins nous avions des recommandations et c'est avec prudence que nous nous en sommes servis.
Approche voiture jusqu'à Marais Vernier, départ de notre randonnée. Le beau temps accompagne notre montée à la pointe de la Roque, perchée sur une falaise d'une cinquantaine de mètres. Ce fut le siège d'une capitainerie qui protégeait l'embouchure de la Seine. Son phare date de 1839. La vue sur la baie est assez exceptionnelle.
Quelques mots sur le Marais Vernier. Ce parc naturel régional comprend 2 zones : le marais tourbeux (la tourbe est très rare sur le sol français), très humide. C'est le domaine des vaches Higlands et des chevaux camarguais car ces débroussailleurs rééquilibrent le milieu naturel. Il s'y développe aussi des orchidées et certaines plantes carnivores dont la Drosera et le marais alluvionnaire, moins humide, où cultures et élevages plus classiques sont présents. Pour contrer les capricieuses crues de la Seine et protéger le marais, des digues furent construites. La plus connue est appelée La Digue des Hollandais érigée à la suite d'un édit de Henri IV.
Déjeuner à l'Étampe et marche digestive pendant que Jean fait provision de Rever, pomme endémique de la ville et qui porte le nom de son botaniste créateur.
Explication sur l'Étampe et l'Étampage : l'Étampage est une tradition qui remonte au 18° siècle. Chaque année, le 1° mai, pour reconnaître leur troupeau, les habitants de la ville marquent leur bétail au fer rouge. L'Étampe, composée des initiales de la ville MV, est marquée sur les cornes pour les bovins et sur les sabots pour les chevaux.
La convivialité est de mise pour notre retour au gîte où nous devisons, devant la cheminée, avec nos amis ou plutôt nos hôtes car la différence entre amis et hôtes c'est qu' ils nous réservent un accueil chaleureux, des liens se créent, des sentiments naissent et en partant vous devez quand même payer, c'est très désagréable.
Après avoir apposé, sur le livre d'or de nos hôtes, le témoignage écrit de notre sympathie, nous repartons vers nos demeures avec, dans les yeux les images des beaux paysages rencontrés et dans le cœur la chaleur d'un séjour réussi : Un grand merci à toi, Michel.
Annick.
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |